Mina, la libellule…

Mina aime bien descendre les Ramblas en ondulant pour affoler les regards qu’elle aime sentir dans son sillage. Elle ne dédaigne pas même de lancer quelques œillades pour faire un peu monter la pression !

En dehors de ces petits jeux, son regard est heureux, étonné, bienveillant, mais il peut soudain devenir si dur qu’il vous désarme en un instant.

Si elle laisse tomber son mouchoir à terre, elle ne fera même pas mine de se baisser pour le ramasser. Elle vous regardera droit dans les yeux, comme scandalisée que vous ne vous soyez pas encore précipité pour le ramasser. C’est son côté grande dame, un peu kitsch, pour qui les usages sont les usages et qui adore la galanterie façon dix-neuvième… siècle.

Pourtant, si vous vous pliez à ses usages et à ses volontés, elle saura vous gratifier d’un sourire éclatant qui vous donnera l’envie de ramasser ce mouchoir encore et encore. C’est ainsi que va la vie avec Mina.

Mina fait celle qui ne sait pas faire, celle qui a besoin qu’on l’aide, qu’on l’assiste, mais cela est purement un jeu. En fait, elle est remarquablement intelligente et elle possède autant cette intelligence dans son cœur que dans son esprit.

Bien sûr, elle aime tant – presque trop – que l’on s’occupe d’elle, qu’on prenne soin d’elle. Une sorte d’addiction. Alors elle fait celle qui ne sait pas, qui est désarmée, qui doute de tout, mais elle vous étonnera toujours par sa manière de prendre en main les choses compliquées, les situations difficiles : il suffit qu’elle le décide et elle sera capable de vous étonner et d’accomplir des prouesses de finesse et d’ingéniosité quelle que soit la situation.

Quand Mina rencontre une nouvelle personne, surtout un homme, elle aime séduire. Alors, elle s’empresse, elle minaude tant et si bien que le pauvre mâle pense que son jour de chance est arrivé. Elle virevolte, elle laisse ses yeux s’allumer, il se précipite pour porter son petit panier – il faut dire que Mina ne porte pas de sac à main mais toujours un petit panier d’osier -, certains la couvrent même de fleurs. Mais Mina n’est pas une fille facile, elle sait que seule la séduction l’amuse, alors bientôt, elle baisse le rideau et se retire dans son jardin secret, laissant ses prétendants dépités et frustrés. Messieurs, ne vous approchez pas trop près de Mina, vous vous y brûleriez : c’est un brise-cœur. Mais la libellule, elle, n’arrêtera pas de battre de ses petites ailes si soyeuses, si fascinantes, et vous serez immanquablement attirés comme des papillons par la lumière de son sourire.

Souvent, un sujet ou un évènement ne semble pas l’intéresser, elle paraît n’y accorder aucune attention, et puis tout d’un coup elle déclenche le turbo et vous vous rendez compte qu’elle est bien plus avancée que vous. C’est son côté libellule, qui papillonne, virevolte, semble fragile, se pose ici et là, ne semble s’attacher à rien, mais une libellule dont le jardin secret est rempli de toutes sortes de fleurs inattendues et où sont ancrées de solides racines qui la tiennent les deux pieds bien par terre.

Ainsi, quand Mina a décidé quelque chose, il faut que cela soit réalisé séance tenante. Elle m’envoie des mails impérieux en me demandant de m’exécuter “là, maintenant, tout de suite !“, dans l’urgence ; des requêtes auxquelles je réponds d’ailleurs assez mal.

Si vous la contrariez ou si vous êtes méchant ou désagréable avec elle, elle ne se défendra pas, ne vous agressera pas en retour elle va seulement pleurer pour vous punir. Il faut qu’elle ait vraiment confiance en elle et en son pouvoir sur vous pour agir ainsi, mais elle pense que c’est la meilleure des attitudes pour se venger de vous… Une illusion puérile qui me fait sourire et même rire, je dois le dire !

Mina est fantasque : elle est capable de prendre le taxi pour aller de Madrid à Séville, si elle trouve que c’est plus simple. Elle doit être assez riche pour toujours donner sans compter pour ceux qu’elle aime.

Ainsi va la vie avec Mina, la surprenante Mina. Avec cette jolie libellule, on ne s’ennuie pas et on l’adore !