Dans la chaleur de l’été andalou, doña Elvira manqua s’évanouir
à la vue du vicomte Vivien, ainsi avachi, que la vie venait de quitter.
Cette vieille vipère avait vécu.

À l’évidence, la veuve évanescente aurait voulu, pour s’éventer,
vite retrouver le va-et-vient de son vibrant éventail en ivoire.
En vain.

Les invités, gavés de vol-au-vent, vinrent en vitesse.
Ils avaient envie de deviner si, dans la vitrine, elle voudrait alors pour s’éventer
celui en ivoire, le vert en velours,
ou le fauve en vertèbres de vipère qui venait de Bavière.

En vraie vaniteuse, mais d’une élégance avérée, elle virevolta jusqu’à la vitrine
où elle vit ce vieil éventail ventru, mauve, dévolu aux veuvages.

Dans un rêve qui, voyez-vous, lui valait un souvenir vivace, ce mauve,
elle l’avait vu vibrer et elle l’avait voulu.

Vivement voulu, avant même d’avoir entrevu la veille Vivien,
son mari vraiment volage,
avouer une nouvelle évasion,
avouer se vautrer de nouveau aux ventres des vierges,
et voilà…, avant qu’elle ne vienne l’assassiner…