RÉVÉLATION

Dans la nuit étoilée, le sorcier est guidé par les constellations. Marchant pieds nus au milieu des primevères, il ramasse des feuilles de verveine et cherche la mandragore aux vertus maléfiques. C’est qu’il veut soumettre à son emprise la belle qui résiste à ses avances. Mais bientôt, la nuit s’éclaircit, déjà les cloches de mâtines carillonnent.

Vite, il lui faut se sauver et sur le mur couvert de ronces, il dresse une échelle et part se réfugier dans son noir repaire.

***

Là-bas dans la plaine, les nuages avancent vite, vite. Ils gonflent, gonflent comme des voiles, des montgolfières, de monstrueux dirigeables.

L’homme comprend que la tempête se transforme en cyclone. Petit point perdu dans l’immensité, il court aussi vite qu’il peut pour échapper à la catastrophe.

Il aperçoit une grotte. Il fait sombre, il fait froid. Il a un mouvement de recul mais il n’a pas le choix. Il se glisse dans cette bouche béante qui l’aspire. Peu à peu ses yeux s’habituent à l’obscurité. Sur le sol gisent des crânes, des tibias, de petits ossements. Au fond d’une galerie il aperçoit une constellation d’étincelles qui scintillent et entend d’étranges et envoûtantes mélopées. La curiosité l’emporte désormais sur la peur. Guidé par cette aura de ferveur lumineuse, il parcourt des tunnels. Le passage est souvent étroit, le sol caillouteux est dur à ses pieds, mais il chemine vers d’envoûtantes odeurs. Bientôt il aperçoit des chapelets de grains de raisins aux éclats de lumière, des sacs d’anis étoilé et des brassées d’avoine verte contrastant avec le jaune éclatant du colza. Le sol devient plus doux, des grains de sable en évasion font un tapis sous ses pieds apaisés. Envoûté, il s’approche, des effluves embaumés caressent délicatement ses narines, la chaleur enveloppe délicieusement son corps. Il se croit au Paradis. Dans une grande marmite, il aperçoit un délicat breuvage qui mijote doucement. Il le goûte, s’en délecte, ivre de bonheur. C’est alors qu’il croise les yeux du sorcier, durs comme de l’obsidienne et sombres comme l’outre-noir de Soulages.

Son corps s’enflamme tel un tison. Le souffle de l’enfer disperse ses cendres et le cyclone qui souffle dehors est une douce brise en comparaison.

Maryline.