On se racontera

nos brûlures d’encens

nos sommeils éclatés sous la lune

et nos pères si lointains

 

On se racontera les brises de mer

les après-midis d’ennui de l’enfance

et cette attente sourde

 

On se racontera

les fées sur les lacs d’huile

les grenades mangées à pleine bouche

les airs d’harmonica

 

et ces oreillers de solitude

qu’on étreint mouillés

d’une nuit de pleurs

 

On se racontera encore et encore

les bagarres de rue

les coqs dans les poulaillers

et notre terreur de l’ombre

 

les étés de cour d’école sous les platanes

les bonbons acidulés

et le papier qui poisse aux doigts

 

On se racontera

les cerises dans l’arbre et les jeux d’osselets

les cristaux de gel sur les vitres

et cette attente

 

On se racontera

Les fleurs du pommier

 

Et le premier baiser

on se le donnera

encore et encore

pour se raconter le jour