La terre nocturne
Baigné de sueur
Un homme s’y noie

Les mots…
Morts dans ces jardins d’eucalyptus
Le linge sale aux abords des massifs
Une main se tend dans les fourrés
Un regard des caresses se volent

Les mots c’est au dedans
Qu’ils sont les plus forts
Ils frappent ils cognent
Aveugles aux murs d’asiles
Dans les chambres sourdes

Un homme y repose
Sanglote en silence
Un homme venu des villes
Exclu des gares et parkings

La lune blafarde s’épanche
Sur la toile du lit hérissée
De doigts impatients
Il gît muet le regard docile

On le tourne on le prend
On le pourfend par derrière
Entre les jambes la blessure
En son fondement saigne
.
Sur son visage bruinent encore
Les sédiments nacrés du crépuscule
Les empreintes brunes de sang
Le gout âcre des larmes

La douleur, les bruits, la colère,
Sur lui n’ont plus prise,
Le mal absent du ventre
Et du cœur, il meurt.