Les chemins de l’écriture sont durs et escarpés.

Devant mon bureau, je suis atteint du syndrome de la page blanche. Cet instant où l’écrivain est face à sa feuille et ressent un grand vide dans sa tête. Je m’obstine, mais je sais par expérience que rien ne sortira, aujourd’hui, de ma plume.

Maintes fois j’ai essayé de me concentrer pour faire jaillir l’idée qui serait l’amorce d’un texte original et à chaque fois mon cerveau accouchait d’une série de phrases banales.  Je les raturais et je les corrigeais pour tenter d’en faire quelque chose de correct. En fin de compte, la feuille terminait, en boule, dans la corbeille à papier.

Pourtant je n’en suis pas à mon premier manuscrit. J’ai écrit deux essais, qui trônent depuis trois ans dans ma bibliothèque à côté d’ouvrages d’écrivains réputés.

Je suis satisfait des titres que j’ai choisis : « Des mots sur mes maux » et « Les chemins de faire ».

Le premier est un ensemble de réflexions sur les aléas et les problèmes d’un Français moyen, le tout sous la forme d’un roman. Le deuxième se veut une encyclopédie de l’action d’un homme du vingt et unième siècle. Malgré de nombreux envois, aucun éditeur n’a été séduit par l’intérêt de mes ouvrages.

Ce n’est pas la peine de s’obstiner. Il faut attendre des jours meilleurs, où l’inspiration jaillira d’une façon fortuite sans qu’on puisse définir par quel mécanisme elle est apparue. C’est toujours d’une façon inattendue : au cours d’une promenade, au milieu de la nuit, pendant une conversation, en regardant la télévision, en nageant, en lisant un livre ou un journal, etc.

La noter si possible. Ensuite tout s’enchaîne d’une façon harmonieuse, tel un mécanisme, bien huilé, qui ne demande qu’à s’enclencher.

Je tente de changer de cadre. Il est connu que les exercices physiques bénéfiques au corps le sont aussi pour l’esprit.

Je pars alors pour une promenade en forêt.

Quoi de plus favorable pour le corps et l’esprit qu’une marche solitaire dans les chemins ? Avec comme seuls bruits les craquements des feuilles et brindilles sous les chaussures, le chant du coucou, au loin, le souffle du vent dans la cime des arbres. Quel milieu plus propice aux jaillissements d’idées qui s’entrelacent librement dans le cerveau ?

Des idées il m’en vient effectivement beaucoup, mais aucune, susceptible, de servir de base au roman génial que je me propose d’écrire. C’est donc un peu découragé que je regagne mon domicile.

Un peu plus tard, attablé devant mon bureau, je m’interroge sur la qualité de mes premiers livres. Pourquoi les éditeurs n’en veulent-ils pas ?

Il est un peu simple et injuste d’incriminer leurs incompétences.

Peut-être serais-je seul responsable de ces réponses négatives ?

Il me manque sans doute cette flamme qui distingue les grands auteurs des scribouillards.

Il me vient à l’esprit le destin de ces poètes maudits.

Oh les poètes maudits ! J’en ai lu quelques-uns : Rimbaud, Corbière, Villiers, Baudelaire, Edgard Allan Poe, Lautréamont, Nerval, ou encore Chatterton…

Ils sont tous caractérisés par le malheur.

D’abord tous les poètes maudits sont orphelins.

En grandissant, ils deviennent marginaux et alcooliques. Ils souffrent de l’incompréhension de la société et de difficultés d’ordre socio-affectif. Souvent sous l’emprise de la boisson, ils commettent alors des actes de violence dont ils ne songent aux conséquences qu’une fois seuls au fond d’une cellule.

Ils fuient le monde extérieur et s’évertuent à rendre effrayant leur monde intérieur, en l’alimentant d’hallucinations et autres manifestations perturbantes de leur inconscient psychique.

« La seule chose insupportable, c’est que rien n’est supportable », dira Rimbaud.

La cause de mes problèmes me paraît alors évidente…

Je suis trop heureux !

Il faut que je m’identifie à ces poètes maudits.

Je ne suis pas orphelin et j’ai eu une enfance heureuse. Il n’est pas question que je tue mes parents, un couple bien tranquille et aimant.

La piste de l’alcoolisme peut être intéressante. Mais quand même périlleuse. Quel alcool choisir ? Je ne suis pas vraiment « apéritif », pourtant une bouteille de whisky ou de cognac par jour ferait avantageusement l’affaire ! Avec du vin cela serait infiniment plus long et ne parlons pas de la bière…

Et puis devenir alcoolique serait-il suffisant pour faire de moi un poète reconnu ? J’abandonne vite cette piste d’autant que je n’ai a priori pas de prédispositions pour la poésie et je connais nombre d’alcooliques qui n’ont aucun talent littéraire !

Par quels errements de mon cerveau mes réflexions ont-elles divergé vers les poètes maudits ?

Le registre que j’affectionne pour l’écriture de mes « œuvres » n’est pas de nature poétique, il est donc sans intérêt que je tente une identification avec ces génies.

D’ailleurs je ne vise pas le génie, mais, simplement, que mes écrits rencontrent un nombre de lecteurs même modeste, ce qui suppose une reconnaissance de mon travail par un éditeur !

Je comprends qu’il faut parfois savoir décompresser, s’acharner inutilement sur une page blanche est stérile. Le cerveau comme les muscles a besoin de faire une pause pour retrouver ses pleines capacités.

Sur une affiche je lis que dans la ville d’à côté est prévue aujourd’hui une brocante.

Une excellente occasion de me livrer à une autre de mes passions : la collection.

Dès mon plus jeune âge, je suis devenu un collectionneur acharné. Je collectionnais des images de fables de La Fontaine dans les tablettes de chocolat de la marque Menier, les figurines en plastique dans les paquets de café, les capsules de bouteille.

Devenu adulte, mes collections devinrent plus sophistiquées. Je dois l’avouer l’une d’elles est un peu spéciale : je collectionne tous les documents en particulier les cartes postales sur la ville de Lamotte-Beuvron !  Allez savoir pourquoi ?

 Lamotte-Beuvron est une commune située dans le département de Loir-et-Cher où je ne suis jamais allé et où j’ai décidé de ne jamais aller. Son nom me ravit et par une lubie inexpliquée j’en ai fait un lieu mythique qui n’existe que dans mon imaginaire.

Aussi dans cette brocante ai-je l’espoir d’étoffer ma collection par une nouvelle carte postale sur cette ville !

Le temps est splendide, c’est donc avec plaisir que je déambule dans les rues de ce village. Les habitants ont placé devant leurs maisons des tréteaux remplies de mille objets disparates.

À une table je repère un tas de cartes postales. Dans la collection, beaucoup de cartes anciennes de différentes régions de France, mais rien sur Lamotte-Beuvron.

Sur une autre table, quelques images des chocolats Menier. Mes souvenirs d’enfance me reviennent en une bouffée nostalgique. J’ai toujours ma collection inachevée, enfouie dans un placard. Je n’ai jamais pu acquérir les vignettes 18, 25 et 43. Je sens qu’aujourd’hui sera un jour de chance. Fébrilement je compulse cette portion de collection qui vient sans aucun doute d’un autre enfant devenu adulte et qui se sépare de son trésor. Je suis déçu : aucun de mes numéros manquants ne se trouve parmi ces images…

J’ai presque terminé mon périple quand sur un tréteau, entre une bouilloire et un fer à friser, j’aperçois un stylo. Il ne paye pas de mine, mais vraisemblablement à son allure il doit être vieux.

La dame qui tient le stand me dit :

  • Il est plaqué or et il est ancien !

Il est bosselé par endroit.

 Je soulève le capuchon, la plume est splendide.

En souriant, je repose le stylo, en disant à la dame qu’il ne m’intéresse pas.

Je m’éloigne, quand elle ajoute :

  • Il a appartenu à Proust !

Je regarde mon interlocutrice d’un autre œil. 

Je lui pose la question : est-elle de la famille de Proust ?

Non ! Marcel Proust a offert un de ses stylos à Reynaldo Hahn, qui était un oncle éloigné de la mère de la dame.

Je sais que Reynaldo Hahn a été l’amant de Marcel Proust.

Cédant à une impulsion, malgré le prix important j’achète le stylo…

Revenu chez moi, je manipule avec précaution ce stylo qui n’est plus désormais n’importe quel stylo !

Je me plonge dans la biographie Reynaldo Hahn.

Longtemps ignorée, voire dissimulée, la relation suivie entre Marcel Proust et Reynaldo Hahn a profondément modelé aussi bien l’œuvre de l’écrivain que celle du compositeur.

Les relations, d’abord amoureuses, puis d’amitié étroite et, pourrait-on dire, de complicité entre les deux hommes étaient pourtant bien connues.

Mais la famille était résolue à éliminer toute trace de la vie privée de Marcel.

La plus grande partie des lettres de Hahn à Proust a presque toutes disparu, semble-t-il, dans l’autodafé qui suivit la mort de Robert Proust, frère cadet de l’écrivain, en 1935.

***

Il y a bien longtemps que je n’écris plus au stylographe à encre et dans un tiroir je garde précieusement les trois stylos que l’on m’avait offerts à des anniversaires.

Le stylo à bille les a supplantés dans mes écrits et souvent j’écris directement sur l’ordinateur.

Je sors du vieil écrin, que m’a généreusement offert la dame, le stylo de Marcel Proust. Je suis vraiment ému et c’est avec précaution, presque religieusement, que je manipule cette acquisition qui a été blottie dans la main de Marcel Proust. Comme l’a écrit Alphonse de Lamartine :

Objets inanimés avez-vous donc une âme ?

Que de choses pourrait raconter ce stylo bosselé s’il pouvait parler ?

J’extrais de la bibliothèque les quelques livres du maître que je possède. Quelle émotion de penser que peut-être un ou deux sont sortis du stylo que j’ai entre les mains ! Ému, je remets le stylo dans son vieil étui et le range à côté des autres.

Les jours passent.

Depuis qu’il est là, c’est comme si l’esprit de Proust avait pénétré dans la maison. Pour mieux communier avec lui je me replonge dans : « Du côté de chez Swann », « À la recherche du temps perdu », « À l’ombre des jeunes filles en fleurs ».

Souvent je sors ce stylo plein d’histoire. Je le caresse d’une façon presque érotique.

Un jour l’envie est plus forte.

Il me reste quelques bouteilles d’encre Waterman. Ces bouteilles aux formes si particulières.

J’en prends une bien fermée, l’encre bleue semble intacte. Et cette odeur qui évoque tant de souvenirs me fait penser à la madeleine de Proust…

Je retrouve des gestes que je croyais oubliés.

Je dévisse le stylo, je plonge sa plume dans l’encre et j’appuie sur le réservoir caoutchouté et je relâche. C’est comme si la vie jaillissait à nouveau dans les entrailles de l’instrument.

***

Est-ce d’avoir relu les livres de Marcel Proust ou d’avoir côtoyé ce grand auteur par l’intermédiaire de son stylo, mais cela me fait prendre conscience de mon indigence littéraire.

Il faut absolument que je reparte sur de nouvelles bases. En relisant « Des mots sur mes maux » et « Les chemins de faire » alors qu’aux moments où je les avais écrits je croyais avoir engendré des œuvres inoubliables je prends conscience de la banalité des sujets.

Dans un moment de désespoir, j’ai l’envie de jeter les deux manuscrits à la poubelle. Seule la somme de travail qu’ils m’ont nécessitée me retient et je me contente de les placer tout en haut de ma bibliothèque.

Ce sacrifice douloureux est indispensable pour que je devienne un homme nouveau.

Et c’est donc rempli de cette certitude que je m’assois devant le bureau que j’ai déserté depuis longtemps.

La régénération doit être complète ! Je rassemble les stylos à bille qui m’ont permis de rédiger mes deux livres et je les jette.

Une dernière action doit m’empêcher de retourner en arrière : j’efface les fichiers sur mon ordinateur…

Je sors une feuille blanche et j’enlève le capuchon du stylo de Marcel Proust…

***

L’odeur de l’encre remplit l’espace de son émanation un peu aigrelette.

Sur la feuille j’écris la première phrase qui me vient à l’esprit : « Le petit chat est mort ce soir ». Il y a bien longtemps que je n’ai pas utilisé « un stylographe ». Je suis maladroit comme un enfant, la plume s’accroche sur le papier, je dois me concentrer pour bien dessiner chacune des lettres. Des souvenirs anciens rejaillissent. Mademoiselle Brun… Ma maîtresse de CP, mon porte-plume que je trempais dans l’encrier blanc encastré dans ma table. Le buvard que j’appuyais précautionneusement sur mon cahier d’écriture. Ces buvards pleins de publicités diverses que nous échangions dans la cour pour enrichir notre collection. Mademoiselle Brun, tous les garçons de la classe en étaient amoureux, moi le premier, malgré la sévérité avec laquelle elle nous faisait tracer des lignes entières de « a », de « e », de « i », de « o » et de « u ».

En arrivant en CM2, j’avais ce qu’on appelle « une belle écriture ». Elle s’est dégradée au fil du temps surtout avec l’arrivée du « stylo à bille » et enfin la prise de notes sur les bancs de la fac !

Après plusieurs lignes je reprends possession du stylographe. Je souris en pensant : c’est comme le vélo, cela ne s’oublie pas !

Ça y est, je suis un homme neuf… Je jette au panier mes exercices d’écritures et je pose avec ferveur une feuille blanche. Elle sera la première page du chef-d’œuvre que je vais écrire !

De tout temps je me suis levé de bonne heure. J’aimais voir la lueur du soleil embraser lentement l’horizon. Assis devant le perron de la maison, je précédais le réveil du coq et le vol des hirondelles et c’est après ces signaux symboles de l’arrivée d’une nouvelle journée que j’allais boire un bol de café chaud…

***

Quelque temps plus tard…

J’attendais la réponse des éditeurs à qui j’avais envoyé mon manuscrit. J’avais l’habitude…

Pour « Des mots sur mes maux » et « Les chemins de faire », certains ne s’étaient même pas donné la peine de répondre. Les autres m’avaient envoyé des lettres affables, reconnaissant les qualités incontestables de mes manuscrits, mais qui malheureusement ne correspondaient pas à la politique éditoriale de leur maison !

Hormis l’espoir il n’est rien, l’homme nouveau que j’étais devenu ne pouvait que voir l’avenir s’ouvrir devant lui.

À ma grande surprise, ce n’est pas une lettre que je reçus, mais un coup de téléphone d’une petite maison d’édition : « les éditions du bout de la rue ».

Mon manuscrit que j’avais intitulé « Du côté du passé et du présent » intéressait sa maison et il allait m’envoyer un contrat à compléter, signer et renvoyer. Ce qui m’intrigua c’est qu’il me demanda de bien préciser que c’était moi l’auteur du présent manuscrit !

***

Début novembre.

Restaurant Drouant, rue Gaillon, les dix membres du jury se sont réunis.

Il y a bien longtemps qu’il n’y avait pas eu un tel consensus !

Cette unanimité se fait autour d’un auteur inconnu présenté par une petite maison d’édition : « les éditions du bout de la rue ».

Les académiciens ont l’impression de retrouver dans « Du côté du passé et du présent » le style de Marcel Proust.

Les représentants des grands éditeurs avertis par un membre du jury à leur botte crient au plagiat et sont prêts à entamer des procédures contre la nomination éventuelle du poulain des éditions du bout de la rue.

Un historien membre du jury rappelle un combat d’il y a cent ans.

En effet le 10 décembre 1919, le prix Goncourt couronnait Marcel Proust pour son roman À l’ombre des jeunes filles en fleurs, deuxième volume d’À la recherche du Temps perdu.

L’auteur n’en est pas à sa première tentative. Du côté de chez Swann a été présenté à l’Académie pour le prix de 1913. Mais le roman est paru le 14 novembre, chez Grasset. Or, le prix est décerné le 3 décembre : le délai s’avère trop court, non seulement pour motiver les académiciens à lire les plus de cinq cents pages du roman, mais également pour « faire campagne ». Celle-ci se déroulant essentiellement sur le terrain de la presse, qui a connu, depuis le milieu du 19e siècle, un essor considérable. Proust connaît bien ce monde, y a des amis, et a été collaborateur de nombreux journaux.

En 1919 Roland Dorgelès, est le principal concurrent de Proust, avec son roman  Les Croix de bois. Aujourd’hui « Du côté du passé et du présent » n’a pas vraiment de concurrents…
***

Quand le président du jury annonce les résultats, tel un raz de marée les journalistes se précipitent sur moi : les micros se tendent, les flashs crépitent, les caméras tendent leurs yeux noirs vers moi.

Tandis que je remercie, modeste, je caresse dans ma poche le « stylo ». C’est mon talisman : je jure que jamais il ne me quittera !

***

« Des mots sur mes maux » et « Les chemins de faire » se vendent maintenant comme des petits pains ! C’est ce qu’on appelle aujourd’hui le ruissellement…

Je souris ! Certains critiques détectent dans mes premiers romans les prémisses proustiennes de mon prix Goncourt !

Tous les lauréats de prix ressentent la même chose que moi. Un prix c’est une gloire, mais aussi une épreuve. Tous mes lecteurs attendent mon prochain ouvrage et derrière mon bureau l’angoisse m’étreint, j’ai la sensation d’avoir mis la barre bien haut…

Je retrouve un sentiment que je croyais effacé : je suis atteint du syndrome de la page blanche. Cet instant où l’écrivain est face à sa feuille et ressent un grand vide dans sa tête. Je m’obstine, mais je sais par expérience que rien ne sortira, aujourd’hui, de mon talisman.

C’est comme s’il avait perdu ses pouvoirs magiques.

Une fois de plus je comprends qu’il faut parfois savoir décompresser et ne pas s’acharner inutilement sur une page blanche stérile. Le cerveau comme les muscles a besoin de faire une pause pour retrouver ses pleines capacités.

Une idée me vient. Ce prix a été un tournant de ma vie, il faut donc changer de paradigme, contrairement à toutes mes résolutions je décide d’aller à Lamotte-Beuvron.

C’est une déception. Malgré le château de Saint-Maurice acheté en son temps par Napoléon III et le canal de la Sauldre issu de l’imagination de Léonard de Vinci, Lamotte-Beuvron n’est pas à la hauteur du « Lamotte-Beuvron » que j’avais imaginé.

***

Au retour de ce voyage à la déception succède un tsunami !

Dès que je pénètre dans ma maison, je comprends instantanément que j’ai été cambriolé.

Tout est en désordre ! Mon téléviseur, mon ordinateur, mes appareils audio, mes bijoux, mon argenterie ont été dérobés.

Je me précipite sur le tiroir : « il » a disparu…

***

L’année suivante les « Nouvelles éditions de la Madeleine » remporteront plusieurs prix littéraires, dont, chose exceptionnelle, à la fois le Renaudot et le Goncourt. Le titre du roman sera « Un sablier tamise nos vies », dont l’action se passera bien sûr à Londres. La langue sera magnifique et non sans rappeler la richesse de celle de Marcel Proust.

On sait que ce dernier n’a jamais fait l’unanimité, que certains adorent et que d’autres ne supportent pas ses phrases interminables et ses imparfaits du subjonctif. Pourtant, de l’avis de la plupart des critiques, il ne s’agira pas là d’un plagiat, mais d’une véritable œuvre littéraire.

À leur grande déception, il s’avèrera que l’auteure, Alice Goupil, n’a pas un pedigree particulier et qu’il s’agit de son premier roman. Alice sera l’épouse d’un malfrat parisien, à cette heure en prison à Fresnes où il purgera une peine de six mois pour cambriolages avec récidives. Elle n’aura rien à dire, sinon que l’inspiration lui serait venue comme une bénédiction quelques mois plus tôt sans qu’elle comprenne pourquoi. Que pensera-t-elle faire des droits d’auteur ? Eh bien, elle affirmera que, s’ils s’avéraient suffisants, elle envisagerait d’acheter une résidence à Balbek, sans bien savoir encore où se trouve cette localité, mais que le nom lui plait, à moins qu’elle ne choisisse tout simplement Cabourg !

Étonnant, non ?