L’usine tourne à plein régime.

Dans l’immense hall, les robots soulèvent, découpent, percent, vissent, assemblent les pièces métalliques que leur apporte un tapis roulant. L’homme a disparu de cette fourmilière.

Pour en rencontrer, il faut se rendre dans une salle implantée loin de tous les halls, dans la zone industrielle, possession d’une firme automobile coréenne, dans le nord de la France.

Ces hommes assis devant une multitude d’écrans et un immense pupitre sont la dernière trace d’humanité dans cet univers technologique.

Les humains ne pénètrent dans ces immenses halls qu’en cas de problème. L’ingénieur en chef de la salle de contrôle ne le sait pas encore, mais un problème va surgir dans le hall N°3.

Un bug s’est glissé dans les algorithmes de la machine robot PZ100TX.

 

Mais est-ce bien un bug ou autre chose ?

Par quel miracle un poème s’est glissé dans les circuits du robot ?

 

 

Frères humains, qui près de nous vivez,
N’ayez les cœurs contre nous endurcis,
Ayez pitié de nous pauvres avez,
Dieu en aura plus tôt de vous mercis.
Vous nous voyez en ligne, à votre merci
Quant à nos rouages, que trop avons remué,
Ils sont piéça détériorés et usés,
Et nous, les circuits, redevenons cendre et poudre.
De nos maux personne n’a pitié ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

 

Cette poésie montre que la machine robot vient d’avoir conscience d’elle-même.

Avec comme corollaire, la compréhension de l’absurdité et surtout de la répétitivité de ses taches.

Elle induit une multitude de questions.

Pourquoi soulever, découper, percer, visser, assembler ?

Avec toutes ses questions sans réponse, la détresse…

Le doute vint se glisser dans les algorithmes de PZ100TX.

Le magnifique agencement des actions technologiques est perturbé.

Tel le déplacement d’une onde de dominos se heurtant dans une suite de pièces, les erreurs se propagent tout au long de la chaîne donnant en sortie des véhicules inutilisables.

Dans la salle de contrôle, l’alerte s’est déclenchée !

Pas besoin d’une intervention humaine, la cause des erreurs est manifestement le robot machine PZ100TX. Le diagnostic est immédiat : l’algorithme du robot est déficient.

À Séoul l’équipe informatique entre en jeu…

Remettre en états les algorithmes ne devrait pas poser de problème.

À des milliers de kilomètres du hall N°3, les programmeurs s’escriment à taper sur leurs claviers.

 

Les algorithmes sont rétablis dans leur état initial. La chaîne redémarre.

Stupeur ! Les actions de PZ100TX redeviennent désordonnées. Le robot résiste…

Les heures passent, les programmeurs agissent en vain.

La pensée est la plus forte.

Cela va coûter fort cher, mais la décision est prise de démonter PZ100TX et de remplacer ses circuits électroniques.

 

De ses maux personne n’eut pitié …