On s’est rencontrés par hasard,
À une époque où le ciel,
Heurté mortellement par elle, par ses cris,
S’est écrasé sur moi.

J’étais muet, étourdi par la tempête qui
Se vautrait dans mes souvenirs,
Déformait mes mots,
Doutait de mes sentiments.

Je ressentais un besoin aigu d’espace :
Fuir mon présent,
Amortir l’avalanche de mots,
Échapper au tremblement de la quarantaine.

Je cherchais un sanctuaire pour
Inventorier mes cicatrices,
Mettre les choses au clair dans ma tête,
Retrouver le chemin.

En méditation,
Pendu tête en bas au bord du lit
Je vous ai remarquée.
Vous étiez seule dans un coin de la pièce,
Peu intéressée par l’agitation alentour,
Uniquement préoccupée par la perfection de votre création.

Soudain, vous vous êtes arrêtée.
En me regardant, vous avez
Vu ma souffrance,
Décidé d’écouter ma cassette de pleurs.

Vous ne disiez rien,
En faisant l’analyse de mes histoires.
Les mouvements de la tête prouvaient que
Vous m’aviez compris,
Ainsi ai-je renversé devant vous
Les fardeaux qui m’écrasent,
Les incertitudes,
Les désillusions.
Alors, j’ai ressenti toute votre empathie.

Qui ose dire qu’une araignée ne peut pas être
la meilleure amie de l’homme ?