• Allo ! Bonjour c’est l’Odalisque, la grande, comment vas-tu ?
  • Bien, je te remercie et je suis contente de t’entendre.
  • Alors c’est bientôt fini ils vont revenir ?
  • Oui, c’est fini, il ne nous reste que quelques jours.
  • Dis-moi, on le réalise ce projet fou ? Faisons le ! Va savoir quand une telle occasion se reproduira ? On dirait bien qu’ils sont en train d’en venir à bout de cette épidémie libératrice.
  • Ah ! Ça tu peux le dire ! Des semaines sans les voir, à l’exception des gardiens tellement habitués qu’ils ne remarquent rien, on dirait qu’ils sont ailleurs. Je suppose qu’au Louvre l’ambiance reste un peu guindée mais ici à Orsay, c’est la java toutes les nuits.
  • Raconte !
  • On a eu les danseuses de Degas, qui se sont surpassées dans un spectacle inoubliable, avec tout l’orchestre, c’était fantastique. J’étais en bonne place avec l’Origine du monde (entre scandaleuses …) Nous nous étions toutes deux vêtues pour la circonstance.
  • Au Louvre tu as raison, la retenue est de mise. Mais c’est marrant quand même. L’autre nuit j’ai dû raccompagner la Victoire de Samothrace qui cherchait son chemin en battant des ailes dans tous les sens, la pauvre on aurait dit une canard décapité, échappé du billot ! Et la Vénus de Milo m’a suppliée de lui gratter l’épaule « Ça fait des siècles que ça me démange  et personne ne le savait ! ». Oui ! Quelle libération ! Et dire que c’est bientôt fini. Alors ce projet ?
  • Oui ! Oui ! On le fait ! On le fait ! Un peu de tranquillité au Louvre me fera le plus grand bien. Quant à toi, la nuit prochaine c’est French Cancan avec toute la bande à Lautrec. La goulue est tout excitée, tu ne devrais pas être déçue.
  • Tu sais quand même que de chez moi le harem n’est pas loin. Il est vrai que la plupart du temps nous restons entre femmes et que l’ambiance est plutôt sympa.
  • Oui, je sais, ne t’imagine quand même pas que je menais une vie de bonne soeur ! J’ai tellement envie de les planter là pour quelque temps, les deux bourgeois en costard. Tu verras, finalement ce ne sont que des frimeurs et il reste quelques victuailles dans le panier, quant à l’autre qui se baigne dans la rivière, elle ne nous a jamais regardés. Alors c’est d’accord on fait l’échange ?
  • Oui c’est d’accord.
  • Je te dis pas la gueule des critiques d’art quand ils vont s’en apercevoir !