Texte imaginé à partir du jeu d’écriture « Un, deux, trois » 

tableau soupe WarholC’était un vecteur publicitaire puissant et le produit envahissait déjà les rayons. Dans le cercle des créatifs de la pub il n’était plus l’heure de couper les cheveux en 4, de chercher midi à 14 heures ni d’attendre l’an 40, il fallait foncer tout de suite et suivre cette orientation. Une entrevue avec le patron s’imposait pour obtenir son feu vert en lui exposant leurs 4 vérités, sans hyperboles, mais sans ellipses non plus. C’est Cléo qui fut désignée. C’était une jeune femme droite et de toute confiance, dont toute l’équipe savait qu’elle saurait se mettre en 4 pour emporter la décision et leur permettre ainsi de valoriser le segment de vente. Elle ne monta pas les marches 4 à 4 mais prit tranquillement l’ascenseur vers le 7ème étage, centre névralgique de l’entreprise. La fonction directoriale ne l’impressionnait pas, elle montait sans aucun complexe, son trouillomètre était loin de 0 et au fond il n’y avait pas de quoi casser 3 pattes à un canard, ses arguments étaient ordonnés dans un arrangement imparable. L’entrevue fut longue, elle dura de 5 à 7, mais Cléo défendit efficacement son pré carré, bien accrochée à l’axe de son argumentation. « Vous savez que nous ne gagnons pas des 100 et des 1000 en ce moment » lui dit d’abord le patron, comme s’il commençait déjà à poser ses limites mais à la fin de l’entretien, après un flot continu de paroles et rendant les armes, il finit par lâcher sur un ton somme toute assez naturel : « J’avoue que vu sous cet angle …Allez ! Les campagnes précédentes furent des succès, nous sommes grâce à votre équipe dans une spirale ascendante, une série heureuse, et je vous fais confiance, jamais 2 sans 3 ! Je ne vous rappelle pas les coordonnées de nos collaborateurs grecs pour les produits dérivés ? ». « Non patron, tout baigne m’a répondu notre correspondant Archimède ! »

Redescendue auprès de ses collègues Cléo, tout sourire, leur annonça d’un air fier et satisfait « Tout est d’équerre ! »