L’ombre des platanes est douce, le matin encore frais et la journée s’annonce légère. J’ai pris un petite avance sur notre rendez-vous et je t’attends, assis à la terrasse du café d’où tout à l’heure je te verrai approcher dans ta robe d’été. Je t’observerai traverser la rue. Peut-être le soleil jouera-t-il de ses rayons pour laisser deviner tes longues jambes, peut-être le vent s’amusera-t-il d’un petit souffle à les dévoiler au-dessus du raisonnable, juste une seconde. Peut-être m’auras-tu aperçu et me souriras-tu dès le trottoir d’en face.

Je pense déjà à notre baiser.

J’ai commandé un petit blanc, le verre est posé sur la table de marbre, ronde, blanche et tachée de lumière, il est là, à filtrer le soleil comme un gros diamant jaune. Je m’en saisis et lentement le porte à mes lèvres et suis avec délice l’itinéraire profond de sa fraîche caresse. En saluant mon palais il s’est tout de suite annoncé comme le chef d’orchestre de ce moment radieux, de cette perspective heureuse, et ses arômes ne calment pas mon désir de plonger mon regard dans le tien, de te serrer dans mes bras. Ce modeste plaisir que je savoure avec une infinie délectation me dit que la vie est belle et fait résonner en moi la délicieuse souffrance de t’attendre.

Oui la journée sera belle et comme il est merveilleux de t’espérer !