La vaste galerie enjambe

Le flot impétueux des ans

Étire ses pavés noir et blanc

Incite au jeu de dames …

 

De larges brassées de fleurs glacent

Aux aiguières ouvragées

Et rafraîchissoirs de cuivre.

 

Les digitales pourpres,

Défaillent de leurs longues hampes.

 

Hortensias lavande, violets et fuchsias

Boulent à qui mieux mieux.

 

Volubilis et pampres de vigne

Violines, vibrionnent.

 

Les orgueilleux glaïeuls

Raidissent du col,

Étalent leurs jabots cramoisis.

 

Les pivoines n’en peuvent plus de rosir.

Se cachent le timide daphné, les violettes …

 

Le cassis fleur et la menthe poivrée

Se décomposent au soleil de septembre.

 

Dehors une eau riante

Glougloute au bassin

Tintinnabule aux pierres  chaudes

 

A l’intérieur,

Il flotte une odeur de fleur fanée

Une senteur surannée

Douceâtre, acre, empoisonnée…

 

Et je frissonne encore

Tout à l’heure

Dans cette lointaine galerie

Un fantôme est passé

 

Je conserve 

Dans un pli de mon cœur

Violent

Des violettes, le bouquet…