De la route menant au Rouge-Cloître, on apercevait des fragments de toit gris clair du bâtiment scolaire. La bâtisse couverte de crépi était proche du Grand Étang et cachée par les arbres du grand jardin. Un chemin de terre encadré de ronces, d’orties, de mûriers, menait à l’école des Noisetiers. C’est là que Sylviane a exercé le métier d’institutrice durant trente ans.

 

– Je m’y sentais bien, dit-elle, en accord avec les intentions éducatives et dans un cadre naturel merveilleux. J’adorais mon métier et mes élèves. Je me souviens bien de certains enfants.

Joachim rêvait lors des séances de mathématiques ; ses peintures étaient remplies d’animaux de formes bizarres et de toutes les couleurs. Roger était persuadé que personne ne l’aimait. Il n’était heureux qu’à l’atelier théâtre où il s’exprimait avec talent.

Les récrés se passaient dans le jardin : jeux de billes, de ballons, chamailleries, bagarres, naissances de camaraderies, d’amitiés, ruptures, réconciliations, bavardages, confidences…

Je me souviens d’Elina, une petite fille aux cheveux noirs, au teint café au lait, aux yeux marron foncé, étonnés, inquiets. Je la rencontrai le jour de la rentrée des classes, en 1971.

Une partie de mes élèves étaient déjà entrés ; je les accueillais au compte-goutte, disant un mot à chaque enfant et aux parents ; j’espérais rassurer les uns et les autres.

D’emblée le visage et l’air timide de la petite fille m’interpellèrent.

Au cours des deux années passées ensemble en classe, j’appris à mieux la connaître ; elle était réservée, peu sûre d’elle ; elle n’accordait pas facilement sa confiance. Elle était attirée par le chant et la musique et aimait les récits de voyages ; son enthousiasme pour les matières scolaires était très modéré. Elle aussi apprit à mieux me connaître.

Au fil du temps un lien se tissa entre nous ; elle aimait se confier à moi ; plus tard elle vint à la maison me livrer ses soucis, me demander de l’aide pour ses études, des conseils pour son avenir.

Les années passèrent ; le lien entre nous se resserra.

Maintenant je suis retraitée ; j’habite toujours ma petite maison.

Mes cheveux blonds sont devenus blancs ; ils ont des reflets brillants ; je les attache souvent ou bien je les porte en chignon. Mon visage est ridé mais il paraît que j’ai encore l’air fraîche.

Je travaille beaucoup dans mon petit jardin.

Je lis ; je dessine ; je chante seule et dans mon groupe vocal ; je tricote ; je brode.

J’aime me promener, admirer les oiseaux, les fleurs, les insectes…

 

Elina travaille comme assistante vétérinaire dans un refuge pour animaux abandonnés. Elle me rend visite très souvent, le week-end ou après son travail. Elle est devenue une belle femme mince ; elle a gardé son teint café au lait ; ses cheveux noirs frisés entourent son joli visage.

Ses yeux marron foncé ont encore l’air un peu inquiets. Il émane d’elle beaucoup de douceur.

 

Elle aime cuisiner ; moi aussi ; c’est souvent autour d’un repas simple que nous bavardons.

Un jour elle a évoqué l’école maternelle et la pouponnière où elle a vécu durant ses premières années :

 

– Le jardin d’enfants était proche de notre institution ; une éducatrice nous y amenait ; nous étions quelques copains et copines de la Maison d’enfants.

À l’extérieur, nous jouions dans une petite plaine de jeux ; dans la classe, il y avait des jouets, des jeux de société, du matériel pour peindre et dessiner.

Mon activité préférée consistait à construire et déconstruire un puzzle représentant un paysage de campagne avec des fleurs, de l’herbe, des oiseaux et deux enfants, un garçon aux cheveux roux et une fillette blonde.  Avec eux je me promenais ; je cueillais des anémones et des jacinthes ; j’écoutais chanter les mésanges et les troglodytes.

Je passais de longs moments à faire et à défaire le paysage, à rêvasser et à imaginer des promenades…

Manon, notre institutrice, avait un petit chat noir avec une tache blanche sur le ventre ; ce petit animal faisait cent mille bêtises chaque jour. La jeune femme l’adorait et nous racontait très souvent

ses aventures.

J’aimais dessiner ; j’adorais chanter.

À la pouponnière tout le monde me connaissait ; on m’y avait amenée à l’âge de deux mois et demi. Je n’y étais pas malheureuse ; la vie y était très organisée. Je garde quelques souvenirs de promenades en forêt, de vacances à la mer, de veillées, de lectures, de fêtes joyeuses. 

 

 

 

 

En ce début du mois d’avril 2008, les deux femmes se rencontrent à Tervueren, près du Musée d’Afrique. 

Le soleil est de la partie ; elles entament une balade autour des étangs.

 

– As-tu vu le petit oiseau, près du chêne ? demande Elina.

– C’est un moineau ; il y en a de moins en moins dans notre pays. Il y en avait dans le jardin de l’école des Noisetiers.

– Oui, il y avait aussi des mésanges, des pies, quelques rouges-gorges. Nous avions construit des nichoirs ; nous observions souvent un couple de mésanges charbonnières.

– Comme je l’aimais ce jardin ! Et le sentier, près de l’entrée, où les limaces, les escargots, les guêpes et les papillons étaient devenus maîtres des lieux !

– Dans ma famille d’accueil, il n’y avait ni jardin, ni terrasse.

Mes parents d’accueil vivaient en appartement, au quatrième étage d’un grand immeuble.

Maryvonne et Jean-Pierre Gaviroux étaient des personnes honnêtes.

Tous deux travaillaient au ministère des finances. Ils menaient une vie routinière ; ils n’avaient pas de hobbies ni de passion ; liés par l’habitude, dans une entente relative, ils prenaient leurs repas en tête à tête, à la maison ou dans un petit resto du quartier ; des émissions de télévision meublaient leurs soirées trop calmes. Ils visitaient de temps en temps une exposition d’antiquités ou d’orfèvrerie. Après quinze ans de vie commune, ils n’avaient pas d’enfant ; ils songèrent à accueillir un petit d’institution, pour un week-end, puis pour une semaine et finalement pour un temps indéterminé.

Moi je n’avais vécu en famille que pour de très brèves sorties ou de petites vacances.

Je vivais depuis six ans dans la Maison d’enfants ; quand le directeur me parla de la possibilité de vivre dans une famille, je fus surprise, à la fois contente et inquiète. C’était un monde inconnu qui s’ouvrait à moi.

Les premiers contacts furent difficiles.

Moi j’étais une petite fille inquiète, un peu sauvage. La vie entre deux adultes sérieux, un peu froids, peu habitués aux enfants, c’était nouveau.

Pour eux une fillette désordonnée, ses pleurs, ses bouderies, ses oppositions, ce n’était pas ce qu’ils avaient espéré.

De part et d’autre, il y eut, dès le début, frustration.

Moi j’avais cru qu’une famille, c’était un nid chaleureux où on peut être soi- même, être aimé et grandir paisiblement.

Eux, ils s’attendaient à accueillir une petite fille polie, délicate, à l’écoute, obéissante, propre, docile. Chez eux, j’avais toujours l’impression de ne pas pouvoir bien respirer.

Pour te donner une idée de l’ambiance familiale, je vais te lire, si tu le désires, une scène de repas chez Maryvonne et Jean-Pierre. Je l’ai écrite quand j’avais une vingtaine d’années ; je me posais beaucoup de questions sur mon enfance :

 

M  – Chéri, tu viens souper ?

JP  – Mm, mm

M  – Viens, Jean-Pierre, la soupe refroidit. Elina, tu t’es lavé les mains ? Assieds-toi !

E   – Mmm

Jean-Pierre arrive du salon, abandonnant son « Soir » à regret.

Maryvonne sert une soupe au cerfeuil ; Jean-Pierre engloutit sa portion en moins d’une minute, sans un mot, sans un regard ni à son épouse ni à sa fille.

Elina joue à la fontaine avec la cuiller et la soupe.

J.P – Elina, mange au lieu de jouer !

E   – Mm.

Les deux adultes dominent difficilement leur nervosité ; la fillette mange trois cuillerées, s’arrête, joue, rêve…

Suit un plat de colin à la sauce moutarde, pommes de terre natures. Jean-Pierre sert la petite, lui découpe le poisson et les féculents ; il se sert et passe le plat à Maryvonne.

L’homme vide son assiette à toute vitesse. Maryvonne mange plus lentement ; on entend le bruit de sa mastication.

On ne parle pas.

Elina mâchonne ses aliments ; elle fabrique dans sa bouche une boulette qu’elle fait tourner longuement avant d’avaler.

M  – Ça va au bureau, Jean-Pierre ?

JP – Mouais.

M – Mange, Elina !

L’enfant mange un peu, sans enthousiasme ; le poisson lui paraît trop salé et la sauce trop piquante.

JP – Mange encore un peu ! dit le père. Le poisson rend intelligent !

  À propos, continue-t-il, çà s’est bien passé à l’école aujourd’hui ?

Comme elle a la bouche pleine, la petite répond par un signe de tête qui signifie « oui ».

Elle mange encore un peu ; elle boit un demi verre d’eau.

JP – « Qu’as-tu fait à l’école ?

E  – J’ai mangé ma galette et j’ai chanté.

Le père se lève, retourne s’asseoir au salon et reprend son journal à la page des nécrologies.

La mère débarrasse la table, range puis revient vers la fillette :

M – Il est huit heures ; va te brosser les dents ! N’oublie pas le fluor !

 

 

 

 

Les deux amies dégustent des coupes de crème glacée après une promenade en forêt. Comme à chaque fois elles ont mille choses à se raconter.

Assise en face de Sylviane, Elina observe le visage radieux de sa confidente qui se régale de sa coupe brésilienne. Elle se souvient de son premier jour aux Noisetiers.

– De l’école primaire je savais peu de choses, dit-elle. Maryvonne m’avait dit que j’allais apprendre à lire. Jean-Pierre m’avait recommandé de me tenir sage et tranquille.

J’avais peur.

Ma mère m’a conduite ; l’école n’était pas très éloignée de notre demeure.

Tu nous as reçues à l’entrée ; ce qui m’a frappée, c’est ton beau sourire, tes yeux d’un bleu intense, et ta bouche rosée. Tu t’es penchée vers moi pour me demander mon prénom. »

– Et tu ne m’as pas répondu, interrompt Sylviane. Tu m’as donné un petit baiser sur la joue.

– Tu me paraissais si belle avec tes joues fraîches, ton sourire joyeux, tes yeux clairs ; tu fleurais l’herbe et les feuillages.

– Mes peurs se sont envolées. J’ai eu l’impression que tu m’attendais. C’était la première fois que je sentais un tel accueil. Dans mon cœur, des portes se sont ouvertes vers de nouveaux amis, de nouveaux pays, vers des campagnes remplies de merveilles…

Tu avais l’air d’une fée arrivée dans un rêve.

– Tes yeux marron s’illuminèrent de mille petites lumières.

Je t’ai emmenée en classe ; je t’ai présentée aux autres enfants.

Tu t’es assise à côté de Malee, une petite fille thaïlandaise.

Je vous ai rassemblés en cercle pour que chacun puisse raconter un peu de sa vie.

J’ai demandé qui avait envie de chanter. Un gamin a chanté « Un oiseau m’a dit ».

Tu as entonné « Coccinelle ». Tu avais l’air fière et joyeuse !

– Je me souviens aussi qu’un jour, tu as quitté l’école subitement.

– Oui, je m’en rappelle : nous étions au milieu de l’automne, avant le congé de Toussaint.

Les arbres du jardin avaient des couleurs magnifiques. La veille nous avions ramassé des marrons, des châtaignes, des faînes, des noisettes et des feuilles.

La matinée s’était passée en classements, en comptages, en pesées.

J’avais prévu que l’après-midi serait consacré à la création de tableaux en feuilles d’arbres.

Alors que je terminais mon petit repas de midi et mon café, on m’appela au secrétariat ; c’était un appel de mes voisins qui me demandaient de rentrer d’urgence car Mathieu s’était blessé. Mathieu, mon compagnon, était menuisier de formation. Très adroit, il faisait aussi des travaux de peinture, de tapissage, de plomberie. Il travaillait, à ce moment-là, dans un bâtiment proche de chez nous. Je m’y suis rendue dare-dare. Les secours étaient là ; ils l’ont emmené à l’hôpital.

J’ai suivi l’ambulance dans ma petite voiture.

Il est resté deux mois à l’hôpital. Blessé au bras par un disque diamant, il a subi une opération et une rééducation.

– Je me souviens que tu es partie de manière soudaine, ce jour-là. Un de tes collègues nous a surveillés. Nous ne savions pas pourquoi tu étais partie.

Nous n’avons pas fait l’activité artistique.

J’étais inquiète ; tu me manquais. Pour la première fois, je sentais qu’une personne était importante pour moi, quelqu’un sur qui je pouvais compter.

 

 

– Plus tard, tandis que j’effectuais des recherches sur mes origines, notre amitié s’est encore renforcée.

J’ai découvert que ma mère biologique m’avait eue lorsqu’elle avait quinze ans.

Je l’ai rencontrée l’année dernière ; elle s’appelle Mélanie. Elle a une soixantaine d’années, se déplace péniblement sur des jambes maigres ; son corps chétif était couvert de vêtements gris-beige élimés. Elle m’a paru triste, pâle, gênée sans doute de ma visite. En réponse à mes questions, elle m’a un tout petit peu parlé de mon père, Abou, d’origine guinéenne.

Durant notre courte rencontre, je n’ai vu aucun signe d’émotion sur son visage comme si un épais brouillard avait recouvert sa mémoire et son cœur.

J’ai revu Elven, le directeur de la pouponnière.

Il m’a montré des photos de mes copains et copines et de moi, petite fille.

Il m’a raconté des anecdotes de mes premières années et m’a un peu parlé de ma mère ;

elle n’est jamais venue me voir ; elle n’a jamais répondu aux propositions de rencontres de l’équipe.

Après ma naissance, ses parents l’ont rejetée ; elle a vécu longtemps dans la rue.

Nous avons reparlé de ma famille d’accueil.

Je n’ai pas de bons souvenirs de mon séjour chez Maryvonne et Jean-Pierre.

J’ai l’impression que nous vivions dans des mondes différents, eux et moi.

Pour eux il était évident qu’un enfant doit obéir à ses parents, adopter leur façon de penser, être toujours d’accord avec eux et soumis à leurs volontés.

J’étais une petite fille frêle, craintive, maladroite. Je n’avais connu que la Maison d’enfants, les repas simples, un langage familier.

Abandonnée par ma première mère, j’avais beaucoup de mal à accorder ma confiance. J’étais parfois râleuse ; je pouvais afficher un mutisme prolongé.

Eux étaient malhabiles dans leurs manières de m’approcher ; ils étaient stricts, rigides.

Dès le début, nous ne trouvions pas de terrain d’entente.

Je mangeais peu ; la cuisine de Maryvonne n’était pas trop à mon goût. Cela donnait lieu à des remarques qui dégénéraient en disputes. Mes maladresses provoquaient d’immenses colères.

La vaisselle et les bibelots des Gaviroux étaient, pour la plupart des pièces de valeur.

Casser une assiette en fine porcelaine était un crime.

Il m’est arrivé de casser des assiettes, des tasses, des verres par gaucherie ou par rage.

Un soir, je suis rentrée du dehors avec des chaussures sales ; le précieux tapis du salon était couvert de crottes de chien.

Un jour, j’ai ramené de l’école une dizaine d’escargots ; j’avais participé à une course de petits-gris

dans le jardin de l’école. Passionnée par le sujet, je les ai disposés dans une boîte transparente avec des feuilles et quelques fleurs de pissenlit. J’ai organisé un concours sur la carpette de ma chambre.

Quand Maryvonne a découvert trois de ces bestioles dans ma garde-robe, d’autres sur la table et quelques-unes collées à la descente de lit, j’ai senti l’immeuble trembler tellement elle criait fort, exaspérée.

 

– Te souviens-tu de mes parents d’accueil ?

– Oui, je les ai rencontrés à quelques réunions de l’école.

En fin de deuxième année, ils se lamentaient de ton comportement difficile, de ton manque d’ordre, de tes fantaisies, de tes maladresses, de l’insuffisance de tes connaissances.

Ils ont fait le procès de mes méthodes de travail, de mon manque de rigueur, de discipline, de sévérité : « Elle n’apprend rien dans votre classe ! La fille de nos amis, du même âge, lit des livres, connaît les capitales des pays d’Europe, et calcule très vite jusqu’à cent. »

Ils avaient le projet de te changer d’école, de te diriger vers un enseignement plus sévère où « on te serrerait la vis. »

– L’été qui suivit fut chargé de tensions. À chaque repas, le sujet de l’enseignement revenait sur la table. Maryvonne et Jean-Pierre souhaitaient que je quitte Les Noisetiers, responsable, selon eux, de ma mauvaise éducation ; moi je ne voulais pas être séparée de mes amis, de toi et de ces lieux que j’aimais. Je résistais de toutes mes forces.

Comme on ne m’écoutait pas, je me cabrais pour marquer mon opposition.

Nos contacts n’étaient plus que disputes. Jean-Pierre et Maryvonne commencèrent à se quereller au sujet de l’échec de leur accueil, chacun rejetant les fautes sur l’autre. Ils souffraient.

Au début du mois de juillet, quelques parents organisèrent un pique-nique pour toutes les familles des copains de ma classe. Durant la journée, je confiai mes soucis à Malee, à ses parents et à toi. Vous avez pris conscience de l’importance du problème. La maman de Malee a proposé, avec diplomatie, de m’inviter quelques jours. Elle a prévenu le service d’aide à la jeunesse.

Une enquête a été menée durant laquelle je séjournais chez Malee, chez toi ou chez d’autres amis.

Je suis retournée à l’école des Noisetiers.

Au mois de décembre, il a été décidé que je ne réintégrerais pas ma famille d’accueil. J’ai regagné la Maison d’enfants.

Les mois qui ont suivi ont été difficiles pour moi et pour mon entourage.

Cette expérience m’avait rendue morose, un peu méfiante et parfois chicaneuse. Il a fallu du temps et beaucoup de patience pour que je recouvre un peu de joie de vivre.

Grâce au soutien de mes amis et de quelques adultes, j’ai entrepris, après mes classes secondaires, des études d’auxiliaire-vétérinaire.

Au fur et à mesure que j’évoluais, ma vision du monde devenait plus claire et plus confiante.

Je me découvrais capable d’étudier, de travailler. J’avais le désir de soigner, de trouver ma place.

J’ai réussi mes études. La nature me sourit. J’ai trouvé un emploi dans un centre d’accueil pour animaux situé dans un grand îlot de verdure.

J’aime cette vie, entourée de toutes sortes de chiens, de chats, de chevaux, de chèvres, de moutons,

d’oies. Je me sens utile auprès de ces bêtes abandonnées.

 

 

 

Sylviane et Elina reviennent d’une répétition de chorale.

La plus âgée a l’air heureuse. Elle apprécie la tranquillité de sa vie. Elle dispose de temps qu’elle utilise comme elle le sent.

Elina est devenue plus paisible, plus confiante. Elle raconte à son amie les aventures de ses débuts en tissage.

Toutes deux ont la tête remplie de chansons et respirent, détendues.