Blanc d’ivoire

A la chair du poignet

Blanc guipure

Dentelle arachnéenne

Noir, lourd velours

Emprisonne la taille

D’une belle,

Ignorante de son charme…

Innocent et rebelle

 

Blancs des lustres, du cristal

Blanc d’une rose qui se fane

Noir des bouteilles, culs et goulots

Aux  liqueurs  amères

 

Blancs bleus, de linon, de voile, de satin

Répandus en savantes volutes

Qui révèlent plutôt

Qu’ils ne cachent plus rien.

 

Blanc et noir opposé

Dune société compassée

Qui faute d’être

Ne sait que poser.

 

Blanc frais des damas et des draps

Noire créole, noir des tentures et des chats

Noirs de la mort, toréro, du soldat

 

Blanc des bas, brillant ou coquin

Haut-forme et chaussures  vernies

Baldaquins, escarpins,

 

Blanc des tutus organdi

Des corps nus endormis

 

Noir d’éventail et de faille

Noir des violettes, d’une lettre

 

Blanc indolent de paresse

 

Le génie dessiné au profil blanc céruse

De pétales touchés d’ocre

Camélias recréés

Et qui existent, défaits

 

Noir et blanc résumés

Au portrait d’une artiste

Aimée

Noir de ses iris

Dont il capte l’étonnant chatoiement

En un flou qui le fixe

 

Noir et blanc, ses couleurs fétiches

Qu’il volait en peignant

A jamais…