C’est une bâtarde

Comme lui

Dédaignée

Pas vraiment belle

Un bouton de rose

A peine éclos

Innocente enfant

Infante fière

Cependant

 

Dont la face

Rappelle trop celle du père

Il l’a placé de profil

A giorno

Car lui seul

A su voir

A travers

Son caractère

Inflexible

 

Il lui saisit le menton

Elle résiste

Le défie du regard

Insipide de loin

Orchidée fragile

A qui sait s’approcher…

 

Las, de ses doigts

Dessinée, une tache marbrée

Vient fleurir cet albâtre

Cette soie taffetée

Où se vient jouer

La lumière capturée

 

Il s’amuse de son front buté

Bombé parfois de trop sombres pensées

Elle est douce et cassante

Comme verre fileté

Il caresse du doigt

Et la joue et la peau

Duvetée

A laquelle il a choisi

De fixer

Ce teint de poudre

Eau de rose

Oh vite la croquer

Il broie les pigments, les tanins

S’impatiente à trouver

Le fusain, abandonne, opte pour l’ocre

Et sanguine mélangée

Il s’agace à sa bouche pincée

Sur sarcasme déguisée de sainte ni touche

De la découvrir… séductrice

En dedans bien cachée

Il l’eut juré

A son nez, fin, trompété

 

De son œil sagace, il l’épie

Et à sa peau diaphane poursuit

La moindre émotion révélée

Il trace, estompe le cerne violine

Qui ombre de tourments

Sa beauté tourmaline

Voile de rose à la craie

Le secret

De porcelaine séraphine

Et il s’émeut d’une veine coralline

Du plus bleu qui la marque

Et pourtant à son œil

Le blesse

Lui révèle

Ce secret, ce tourment

 

L’eau claire de verte iris

En biseau s’est levé,

La fixé durement

Détourné à présent, vivement

S’est posé, juste voilé un instant

Et le fuit désormais,

Glauque diamant, pour jamais, pour longtemps

 

Oui, une enfant de treize ans,

Son ventre alourdi de son fruit

Gêne le moindre mouvement.