N’attendez pas que je vous relate le mystère du Loch Ness et que je vous en donne la solution. Il y a trop d’années qu’il défraie la presse. Et ce serait dommage pour le tourisme écossais que la charmante bête soit identifiée.

De même pour « Le mystère de la chambre jaune » vous aurez la solution en achetant, (pour une somme modique), une réédition du roman policier de Gaston Leroux et en lisant les différentes étapes de l’enquête de son détective Joseph Rouletabille.

Le mystère des soucoupes volantes n’est plus à la mode. Il n’est que de constater la rareté des articles sur le sujet dans la presse actuelle, alors qu’il y a une quarantaine d’années les soucoupes volantes faisaient la fortune des quotidiens.

Je n’aurais pas le mauvais goût (un jeu de mots involontaire) de vous parler du « mystère », cette crème glacée au café, au chocolat ou à la vanille, enrobée de meringue ou de praliné. C’est délicieux, mais hors sujet.

Le mystère que je veux évoquer c’est celui qui existe dans la famille Boisdron. Une belle famille française dont notre pays peut s’en enorgueillir. Le père Eugène Boisdron et la mère Éléonore Boisdron élèvent trois beaux enfants : deux garçons et une fille. Étienne 12 ans, Émilienne 8 ans, et Ernest 6 ans. Vous l’aurez remarqué, les prénoms de leur progéniture commencent tous par un « E. ». Je pense que cette particularité ne vous étonnera pas…

Mais pourquoi parler d’un mystère dans la famille Boisdron ?

Parce que cela nous ramène directement à un mystère évoqué en préambule.

Quand on parle de ce beau pays qu’est l’Écosse, on pense immédiatement au mystère du Loch Ness, aux kilts des vigoureux habitants de la région, au son aigrelet de leur cornemuse, au temps détestable, mais vivifiant de leur contrée, aux vertes prairies qui en résultent. Cette liste serait incomplète si on ne parlait pas de ses vieux manoirs habités par des fantômes qui s’y promènent les nuits sans lune.

Un phénomène de même nature se déroula dans l’appartement la « famille Boisdron », pourtant situé dans un arrondissement huppé de Paris.

Comment ce phénomène a-t-il commencé ?

Un jour madame Boisdron trouva un vase, brisé sur le tapis du salon, il lui venait de sa vieille tante Joséphine. Tous les enfants interrogés affirmèrent qu’il n’y étaient pour rien. La femme de ménage jura les grands dieux qu’en quittant l’appartement, le vase était intact sur son étagère.

Quelques jours après, la mère remarqua sur la moquette de sa chambre, une tache, de l’encre vraisemblablement, cachée par un petit tapis. C’est la position inhabituelle de ce dernier qui l’avait intrigué.

Eugène prit un air ahuri en voyant les dégâts. Étienne affirma qu’il n’y était pour rien. Émilienne piqua une crise de nerfs estimant qu’elle était injustement accusée. Quant à Ernest il jura, cracha, en clamant son innocence.

Le mystère s’épaissit un peu plus un matin, quand madame Boisdron découvrit que quelqu’un avait pioché dans le plat de crème renversée prévue pour le dessert du déjeuner.

Encore une fois personne n’était responsable de ce larcin…

À chaque fois qu’un événement bizarre et inexpliqué se produisait, par exemple : la disparition d’une chaussette, une trace de main sur un mur, etc. devant les dénégations de chacun des membres de la famille, la maman disait maintenant : « bien entendu c’est encore personne ! ». De la sorte que « personne », cet être mystérieux, devint le sixième membre de la famille Boisdron.

Étienne n’y croyait pas, mais Émilienne et Ernest bien qu’ils soient parfois les auteurs de ces supposés mystères, finissaient par croire à l’existence de « personne ».

C’est ainsi que les frasques de « personne » continuèrent résumées par les questions de madame Boisdron.

  • Qui a fait pipi sur le rebord des WC ?
  • Qui a caché la flûte d’ Émilienne ?
  • Qui a fait des tâches sur la moquette du salon ?
  • Qui a fini le bocal de pâté en un jour ?
  • Qui a dessiné sur la lettre que papa vient d’écrire ?
  • Qui a les doigts sales et les pose sur le mur ?
  • Qui laisse trainer ses livres dans le salon ?
  • Qui met plein de miettes de pain dans le lit de papa et de maman ?
  • Qui laisse trainer des illustrés sur le bureau de papa ?

Comme les propriétaires des vieux manoirs hantés par des fantômes habitués à la présence de ces ectoplasmes jusqu’à en faire des êtres familiers, dans la famille Boisdron, « personne » arrangeait tout le monde, le père et la mère en leur évitant de développer une sévérité excessive à l’égard des bêtises de leur progéniture et les enfants en ayant un responsable bien pratique pour ne pas assumer leurs maladresses.

En Écosse nul observateur ne vit Nessie sortir de l’eau, dans « Le mystère de la chambre jaune » Joseph Rouletabille, pour chaque nouveau lecteur, poursuit inlassablement son enquête. De même si les photos de soucoupes volantes sont innombrables aucune d’entre elles ne vint, à ce jour, défrayer l’actualité en se posant devant la Maison-Blanche ou le Palais de l’Élysée.

 « Personne » continua quelque temps à sévir dans la famille Boisdron.

Puis un jour il disparut mystérieusement….