Atelier du 27 novembre à Villenave d’Ornon

Lettre de Philippe

 

 

 

Enfin nous y sommes !

Harassés par  ce long périple,

Nous voici arrivés dans un pays fabuleux.

Loin des brumes étouffantes de la capitale,

L’air y est délicieusement doux,

Nimbé d’un ciel d’azur.

Nous respirons l’Histoire qui habite chaque pierre, chaque roche,

Tout en méditant sur le bonheur que nous atteignons enfin.

Des falaises abruptes, non pas d’albâtre, mais d’une terre riche

En fer, étincelant sous l’astre du  jour cathare.

Tout en haut se nichent des châteaux, où, à chaque détour, on peut

Imaginer voir apparaître un seigneur et toute sa cour.

Admirable région où nous espérons vous retrouver bientôt.

Que la France est sublime ! Le bonheur est contagieux,

Savourez-le sans modération, nous n’en doutons point.

Ciao, nos très chers et bons amis. Pensées sincères.

                                          Serge

  

Réponse d’Anne-Marie à la lettre de Philippe

Tu me parles d’un pays fabuleux, des châteaux où vivaient dans l’opulence les seigneurs et leurs courtisans. Tu me décris une région admirable…

C’est le côté face.

C’est l’histoire officielle, celle des livres d’école, avec preux chevaliers, pages, ménestrels…

Jamais on n’y parle des serfs, de leur misère, du droit de vie et de mort qu’ils subissaient…

Tu me diras : c’est loin tout ça, c’était au Moyen-Âge…

Certes.

Crois-tu que le XXème siècle ait été plus humain, plus clément ?

La violence pour être différente n’était pas moins révoltante, inimaginable !

Sais-tu que cette région dont tu trouves ”l’air si délicieusement doux” a souffert de nombreuses délations, d’arrestations arbitraires ?

As-tu idée du nombre de jeunes résistants qui ont été piégés dans ces falaises dorées, combien se sont retrouvés dans les cachots des châteaux occupés par les nazis, torturés, assassinés ?

Jamais je n’oublierai les sensations d’effroi et d’horreur que j’ai éprouvées en découvrant les archives de la Gestapo et des milices françaises.

Alors même si je suis en admiration quand je jette les yeux autour de moi, je ne peux pas oublier que le sang a coulé et les larmes aussi.

C’est le versant officieux, celui qu’on préfère dissimuler pour ne pas attrister les touristes.

Moi je sais !

Désolée pour cette lettre insolite, mais  il est tellement important de conserver la mémoire entière !

A bientôt !

 

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