C’est quoi, ce tourbillon dans lequel on zigzague et virevolte entre l’eau et le vin, effervescence et silence, tumulte et solitude, entre le feu et le froid, le temps de l’enfance et la dernière heure, passant du frugal au festin, tout en désordre, entre pleurs et rires ?

La vie, notre vie, nos vies.

                                                                                                                         Françoise

Après le temps des vendanges, du vin partagé et des éclats de rire, le passage des grues et des oies sauvages dans le ciel d’automne annonce le froid qui mord la peau, le crissement des feuilles mortes sous les pas des enfants.

Nos rêves de soleil dans un ciel toujours bleu les accompagnent par-delà les mers, nous qui n’avons pour horizon que nuages gris et pluie glacée.

Mais vient ensuite le temps des vacances, en famille, avec les amis réunis dans le chalet autour de la cheminée où crépite le feu, où grillent les châtaignes. Une odeur de vin chaud réjouit les narines. On est bien !

                                                                                                                     Anne-Marie

En éclats de rire, la feuille brune
vient mourir
au pied du châtaignier.
Dos gesticulant sur de vifs piquants,
elle sourit à l’endormissement qui,
bientôt, vient de la prendre.

Elle sourit à cet ordre des choses inévitables
et ses veines se tarissent peu à peu en sons de cristal.

Elle n’est point seule.

Son éclat attire à elle ses semblables,
et par cette nuit,
la lune insoumise jusqu’ici,
étire quelques voiles pour bercer ce nouveau lit
d’un éclat de blanche tendresse.

Tendre duvet pour cet arbre céleste.

Tapis ignoré pour ceux qui ont oublié d’aimer.

Sans inquiétude, elle tend ses nervures
vers l’hiver.

Elle sait qu’elle va renaître.

                                                                                                                    Marie-Paule

Le temps, le temps coule comme la pluie sur les romarins, sur les feuilles des châtaigniers qui se muent en soleils, que le cristal des mots transcende en éclats de truites dans le tumulte des rivières sauvages.

La peau des rêves fait enfin silence
dans ce ciel
où les grues passent en volutes sages.

La tortue se cache
au milieu du soleil ocre et mouillé,
jusqu’à une nouvelle aube.

                                                                                                                          Christian

Dans mon silence
l’attente tourbillonnante
fait place à l’éveil du printemps

Ton éclat de rire

Mon tendre amour
a redonné de la vie à mon cœur

Notre empreinte collée dans les paluds
amène notre souffle sur la mer

Oh ! l’insouciante légèreté retrouvée

                                                                                                                        Mercedes

Dans le panier d’eau vive s’éveille le printemps, où dans ce grand cristal en zigzag, la solitude du vent froid laisse peu de place aux rêves de l’enfant.

Des volutes de rêve habillent élégamment le silence d’une nature qui promet.

L’eau coulera encore et colorera les yeux de l’adulte qu’il sera devenu.

Le soleil dans sa grande mansuétude veillera à darder ses rayons dans un feu d’artifice bien naturel. Et le cycle de la vie tournera dans le sens que le souffle humain porte jusqu’au prochain matin, jusqu’au prochain panier.

                                                                                                                            Philippe

Panier, cristal, pluie
Crépuscule, automne, glace,
sous-bois, mer, chalet, le vent
éveil, tumulte, il pleure, truite,
silence, terre, heure, dame nature.

                                                                                                                                   Paul

Rivière de la vie

S’écoule le long des berges changeantes.

L’eau de là-haut a le rire cristallin des enfants.

Quand vient le printemps

Bouillonne l’eau effervescente au rythme des cœurs et des corps.

La sève en attente explose.

Tendre tête à tête sous la couette près du feu.

Vient un jour où le vent mord

Et je retourne sans toi chez moi.

Quand dans la cheminée crépitera le temps

Heureux celui qui sans amertume dira,

Tout est en ordre maintenant.

                                                                                                                          Maryline

  • Que dis-tu ?
  • Tu ne vas quand même pas mettre de l’eau dans ton vin ?
  • Surtout ce soir. Absolument ! Après les tourbillons que j’ai subis dans ton chalet !
  • Tandis que je tapais mon haïku sur mon smartphone je pensais à ma mort les yeux rivés sur mon écran.
  • L’enfant en moi retrouvait la paix.
  • Je te remercie mais je pouvais faire mieux. C’est la toux qui me déconcentrait du chant des grues. S’il te plaît, pas d’eau dans ton vin. Surtout pas ce soir. Ta pieuvre.
  • Au revoir ma puce, ferme ton écran et rejoins au plus vite mon lit. Ton homard.

                                                                                                                             Lucette

Ah ! mes amis, quelle soirée cet atelier d’écriture ! Les feuilles sans sève s’amassaient à plein panier, dans une effervescence d’idées ponctuées par le cristal des éclats de rire. Tels des volutes de buée les haïkus s’énonçaient dans l’insouciante légèreté d’une poésie propre à nous donner la paix au cœur.

Tels un tendre duvet, ils nous permettront de nous endormir sous le silence.

                                                                                                                              Gérard