TEMPS ETRANGE  

J’ai ouvert la porte pour toi

l’air printanier s’est engouffré.

Quelle précipitation 

comme l’enfant qui ne saurait attendre son tour !

 

Il est entré

avec le bruit des grues sur leur chemin de migration,

avec une grappe de soleil sur une branche de mimosa,

avec ton insouciance, ce jour d’hiver.  

Il a traversé nos regards, notre baiser.

Rempli les orbites du masque de bronze.

Un instant, il s’est arrêté aux tic-tacs de la montre à gousset.

Avec son doigt, il a vérifié la poussière des livres

avant de courir goûter le repas, sur la cuisinière.

Il a roulé dans notre lit, palpé nos oreillers.

De là, vite, il a pénétré dans la salle de bain,

volé la lavande d’un savon,

sauté par l’étroite lucarne sur ailes d’un moineau.  

 

-Tu vois ?

-Quoi ?

-L’air du printemps sur les ailes du moineau.

 

  Nous regardions le même endroit,

nous ne voyions pas la même chose.

Aytekin KARACOBAN