Žmogžudystė Lietuvoje

 

Vitalisas Dukaitis est lieutenant de police à Kaunas.

Kaunas est une ville du centre-sud de la Lituanie, construite à la confluence de la rivière Néris et du fleuve Niémen. Si vous y allez, vous pouvez admirer le château de Kaunas une forteresse médiévale dominant l’agglomération et abritant des expositions historiques. À l’est, dans la vieille ville, se dressent la cathédrale de Kaunas, à l’intérieur richement décoré, ainsi que les flèches gothiques de la maison hanséatique de Perkūnas.

On peut aussi se promener sur la Laisvės Alėja, une rue piétonne bordée d’arbres et de cafés, traversant la ville d’ouest en est.

Le nombre d’habitants de Kaunas atteint à peine 300 000.

Quand il s’était engagé dans la police, Vitalisas Dukaitis rêvait d’enquêtes prestigieuses où il pourrait mettre en œuvre tous les talents qu’il pensait avoir. Il comprit vite que ce ne serait pas le cas dans cette petite ville lituanienne. Le crime était exceptionnel, la population bien pacifique. Les accidents rares, car les conducteurs policés respectaient parfaitement le Code de la route.

Quant aux vols ils se comptaient en une année sur les doigts des deux mains. Un moment Vitalisas Dukaitis avait eu un espoir, l’arrivée de quelques immigrés allait sans aucun doute entrainer une augmentation des crimes et délits. Ce ne fut pas le cas les nouveaux arrivants s’intégraient sans problème à la population de Kaunas.

Aussi quand une patrouille de police téléphona au commissariat, Vitalisas eut bien du mal à cacher sa joie. Mais un policier doit à chaque instant rester imperturbable et professionnel.

Une jeune femme venait d’être retrouvée assassinée dans un appartement au 3e étage d’un immeuble.

Après avoir averti la police scientifique, le lieutenant de police se rendit sur les lieux.

L’immeuble qu’habitait la jeune femme était situé non loin du Friendship Park.

Le corps de la victime, Ula Saladkaite, avait été découvert à 14 h 15 par sa femme de ménage. Ula était fiancée, mais vivait seule et était chercheuse à l’institut Max Planck.

Quand Vitalisas Dukaitis arriva au pied de l’immeuble, les membres de la police scientifique débarquaient déjà leur matériel et enfilaient leurs combinaisons blanches.

Le lieutenant de police reconnut leur chef Andrius Damulis. Ils ne se voyaient pas souvent, vu la rareté des crimes à Kaunas. Ils se saluèrent. Andrius Damulis, moins professionnel que Vitalisas avait du mal à cacher son intérêt. Virgilisus Fleedzinskas, le brigadier responsable de la patrouille de police leur fit part de ses premières constatations.

Ils étaient arrivés sur les lieux à 14 h 30 et avaient trouvé la femme de ménage en pleurs. Le brigadier avait simplement jeté un coup d’œil à partir du pas de la porte pour ne pas souiller la scène de crime. La maison était en désordre, la victime était allongée à l’entrée du salon, apparemment sans trace de sang.

Pendant que l’équipe de la police scientifique inspectait l’appartement, Vitalisas Dukaitis interrogeait la femme de ménage et les quelques voisins présents à cette heure de la journée. Enfin il pouvait se servir du petit carnet qu’il avait acheté à la librairie Centrinis Knygynas. Il était parcouru d’un flot d’adrénaline. Il s’identifiait ainsi au lieutenant Colombo, dont il n’avait pas raté un épisode dans sa jeunesse.

D’ailleurs il avait essayé d’acquérir une Peugeot 403 cabriolet de la même époque, mais le prix, de celles disponibles, dépassait largement les moyens d’un modeste lieutenant de police de Kaunas.

Le médecin légiste qui avait examiné le corps de la victime datait la mort de la jeune femme entre 10 h et 12 h. Elle avait été étranglée. Vitalisas nota, dans son carnet, que l’agresseur était sans doute un homme, dans la force de l’âge. L’hypothèse d’un voleur pouvait être à priori exclue, rien ne semblant avoir été dérobé dans l’appartement.

Le concierge, interrogé, expliqua que Ula Saladkaite louait l’appartement depuis 4 ans. Elle était fiancée à un ingénieur pétrolier, travaillant sur une plateforme pétrolière au large de la Norvège. Ses missions duraient deux mois, il était absent depuis trois semaines.

Il allait falloir informer le fiancé de la mort de sa compagne, une corvée dont le lieutenant se serait bien passé…

Vitalisas nota, également, dans son carnet que le concierge infirme de guerre et manchot pouvait être mis hors de cause.

La voisine du dessus au 4e étage, une ancienne professeure d’anglais était partie faire ses courses au supermarché, elle n’était donc pas présente en fin de matinée.

Le voisin de palier, Steponas Kemezas, était absent, le concierge précisa au lieutenant de police qu’il travaillait pour une firme de matériel médical. Il était technicien itinérant chargé de la mise en œuvre et du dépannage des équipements.

Vitalisas Dukaitis téléphona à son entreprise qui l’informa que son technicien était en mission en Lettonie. Le lieutenant chargea son interlocuteur de prévenir Steponas Kemezas qu’il devait rentrer d’urgence pour témoigner.

Pour en finir, cette enquête se révélait passionnante. Les éléments s’accumulaient dans la tête de Vitalas et sur son carnet. Ula connaissait sans doute son agresseur, aucune trace d’effraction n’ayant été relevée. D’après le concierge elle avait l’habitude, avant de partir travailler, de courir tôt le matin dans le parc situé non loin de l’immeuble le Friendship Park. Avait-elle fait connaissance avec un joggeur ?

Vitalisas Dukaitis avait envoyé plusieurs de ses hommes enquêter, l’un à l’institut Max Planck, les autres au voisinage de l’immeuble pendant que lui continuait à interroger jusqu’à tard dans la soirée les locataires de l’immeuble rentrés de leur travail. Mais rien de significatif ne put être relevé.

Quand il rentra chez lui, il était un peu désappointé : l’enquête ne progressait pas aussi vite qu’il l’avait envisagé. Les indices étaient inexistants d’autant que le médecin légiste lui avait envoyé par Internet les résultats de l’autopsie. Celle-ci confirmait la mort par strangulation, vers 10 h -12H. Elle n’avait pas été violée. Le médecin n’avait pas relevé de sperme sur le corps. La police scientifique avait détecté de multiples traces d’ADN qui étaient en cours d’identification.

Vitalisas Dukaitis attendait, avec impatience, l’interrogatoire de Steponas Kemezas qui aurait lieu le lendemain.


Quand Steponas Kemezas se présenta au commissariat d’emblée Vitalisas le trouva suspect.

L’homme n’était pas venu seul, il était accompagné d’un avocat.

Rien que cela prouvait à ses yeux que ce « témoin » n’avait pas la conscience tranquille.

Certes Steponas Kemezas connaissait Ula Saladkaite, mais bien que voisins de palier, ils ne se fréquentaient pas beaucoup.

Il finit par avouer qu’il avait essayé de lui faire quelques propositions, mais la jeune femme avait toujours refusé le menaçant même d’en parler à son fiancé. Alors il n’avait pas insisté.

Le lieutenant l’interrogea longuement sur son emploi du temps le matin du crime.

Il était à Jelgava une ville de Lettonie non loin de Riga, en mission pour son entreprise.

Vitalisas lui ayant demandé si quelqu’un pouvait témoigner de sa présence dans les locaux de la compagnie où il installait du matériel médical, il dut avouer, tout piteux qu’ente 10 h et 12 h il était chez sa maitresse, une jeune femme coiffeuse à Jelgava.

Vitalisas Dukaitis le fit patienter pendant une heure le temps de contacter un responsable de la police de Jelgava.

Quand il retourna dans la salle d’interrogatoire Vitalisas était un peu dépité, la coiffeuse ayant confirmé les déclarations de Steponas Kemezas.

Pourtant il avait l’intime conviction que l’homme était l’assassin ! Après tout la déclaration de la coiffeuse constituait un magnifique alibi. Mais peut-on faire confiance au témoignage d’une femme amoureuse ?

Vitalisas Dukaitis reprit, une dernière fois, son interrogatoire. Tandis que l’assassin niait toute implication dans le meurtre, le policier tournait autour de lui et soudain il remarqua qu’une puce avait sauté sur une manche de sa veste.

Il s’en empara prestement et l’enferma dans une boite en plastique qui lui servait à conserver ses trombones.

Sous la pression de son avocat, aucune preuve de sa culpabilité n’ayant pu être retenue, Steponas Kemezas fut relâché.

C’est l’air goguenard qu’il quitta le commissariat soulagé et persuadé d’avoir roulé la police.

Le lieutenant fit porter la boite au laboratoire du service scientifique.

Les experts purent ainsi analyser le sang retrouvé dans l’estomac de la puce et le comparer à l’ADN du le sang de la victime. Géniale intuition !

Les empreintes génétiques étaient identiques.

La puce avait piqué la jeune femme et s’était gorgée de sang avant de se réfugier sur le vêtement de son agresseur. Un lien irréfutable était dès lors établi entre victime et suspect qui, confondu, avoua être l’auteur du meurtre.

Ce matin-là il avait à nouveau abordé Ula Saladkaite quand elle s’apprêtait à sortir pour partir au travail, il l’avait poussé dans son appartement et tenté de l’embrasser. Elle s’était mise à hurler. Affolé il l’avait fait taire en l’étranglant…