Un si grand silence                  28 novembre 2018

(Dédié à Marie-Aurélie)

 

Derrière ce silence où ta main fait grand bruit,

y aurait-il quelques peines ? quelques lassitudes ?

 

Au matin, la brume se lève,

elle aussi, patiente,

silencieuse presque transparente.

Elle enveloppe, entière,

geste après geste

son univers

et sans bruit,

s’enfuit.

Voudrais-tu fuir toi aussi ?

 

Cognent les pensées dans tes murs trop étroits,

trop barricadés pour les laisser filer…

pour mieux t’emprisonner.

Cognent les pensées

 

Dehors la neige crisse déjà sous les pas

et la voie lactée chante mais tu ne l’entends pas.

S’étire la toile des « je voudrais » « j’aimerais »

« j’essaierais » « je pourrais » si… si….

 

Si le souffle du vent arrêtait sa chanson

si le poisson d’argent cessait de tourner en rond

si ce silence cessait son sermon

 

Elle a ouvert toutes les fenêtres

pour libérer les bruits de sa tête,

effacer, gommer même aspirer s’il le fallait,

tous les cris des paroles non-dites

qui se sont inscrites en français, en anglais,

en sanskrit, en japonais

 

Toutes ces couleurs des pleurs en tonalité mineure,

cacophonie sur un mode majeur.

 

Elle a ouvert la fenêtre

et dans l’air si pur

qui n’attendait que le bleu de l’azur

elle s’est souvenu…elle a entendu

 

Elle a entendu le frémissement d’aile,

le mélange étrange d’un éveil des sens,

 dans cette ultime urgence

dans ce si grand silence.

 

Ophénix