Je plongeai dans le chaos, dans le chaos des lois vers la source générale de Tout, vers la cause des causes, où l’instinct devient l’impulsion naturelle qui oblige tout être vivant à effectuer des actions déterminées sans finalité apparente, hors de toute logique humaine que je ne pouvais ni dominer ni contrôler.

C’était la chute des chutes, l’abandon total des idées préconçues et la vision éphémère et fulgurante de mystère de la création, ou la super intelligence devenait une supernova, où la simple molécule engendrait l’essence spirituelle, la matière s’évaporait au profit de quelques traces schématiques, conservant en elle un souvenir éternel sans le moins ordre logique ou chronologique.

C’était le mouvement hors du temps et de l’espace, au-delà de la vie et de la mort.

C’était l’éternité d’un néant précédant la naissance du Temps et du grand Tout.

C’était l’absurde !

Le processus se stabilisa, des électrons se regroupèrent, ralentirent leur mouvement, s’imbriquèrent, s’associèrent, tout en se multipliant les uns après les autres sous l’impulsion de quelque force mystérieuse organisant le protoplasme, engendrant des noyaux, des centrosomes dans une réaction extraordinaire.

La Vie renaissait de la Mort avec le même rythme original qui est la base du processus, en même temps, que les souvenirs et les notions s’insinuaient progressivement dans les circonvolutions de l’encéphale en pleine reconstitution.

Et lorsque je redevins moi-même, ce fut pour sentir contre ma joue la fraîcheur d’une plaque métallique.

L’obscurité totale m’entourait, mais je savais que tout danger était écarté, que le cauchemar était dissipé et que je pouvais penser, agir et me comporter comme un être humain normal.

J’avais ressurgi dans le monde auquel j’appartenais, le monde matériel rationnel, substantif et concret de ma condition d’homme. Je poussai un long soupir.

Qu’avait-il bien pu se passer ?