Atelier d’écriture – 28 novembre 18 – Villenave d’Ornon – Animé par Denyse

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écrit en duo et en silence par Christian et Aytekin :

Christian : Bonjour, mon ami ! Je me sens comme un poisson dans l’eau !

Aytekin : Au niveau du silence ? Parce que tu ne parles pas ? Ou bien au niveau de l’aisance parce que tu écris merveilleusement ?

– Mais, j’écris comme un thon ! Quelquefois, il vaudrait mieux que je me taise… Ah ! Le silence du thon !

Crois-tu que les mots sont silencieux ? ils sont pleins de bruits, de sens.

– C’est sûr, si j’écris brouhaha, je n’entends pas la même chose que si j’écris solitude, ou désespoir…

Le fait de rendre quelqu’un seul, c’est dans la nature de l’écriture. Regarde, nous pensons que nous communiquons par l’écriture mais nous sommes seuls devant elle.

– Ah ! Tu veux parler de l’angoisse de la page blanche ? C’est vrai qu’une page blanche c’est déjà un morceau de silence…

Mais une page remplie d’écriture provoque parfois l’angoisse. Il faut savoir effacer, aussi. Imagine-toi, quelle angoisse…

– Effacer les mots, c’est comme refaire du silence, comme faire des trous où plonger à nouveau. Des trous blancs qui nous aspirent, nous inspirent.

Effacer les mots, c’est plutôt comme donner une autre forme au silence. Les trous dans cette histoire… je vois mal.

– Justement ! Au contraire ! Les trous sont là pour qu’on regarde au travers, quand on a brisé le mur du silence ! Et qu’y a-t-il, dis-moi, derrière le mur du silence ?

Derrière le mur du silence, je vois le temps qui fuit par les crevasses de l’espace.

– D’accord ! Alors, le silence nous fait passer du trou blanc au trou noir. Nous sommes dans la lessiveuse du silence, celle qui nous malmène de béances en béances. Le silence serait-il un laveur de bruit ?

Tu vois, le silence nous fait monter dans un manège. On tourne, on tourne et on revient au même point de départ. Sur ce point, le silence redevient un laveur de bruit, un casseur de bruit, un gilet jaune transparent, un trou blanc ou noir… Le petit trou, le petit trou…

– Un manège silencieux, sans bruit, qui glisse sur la neige fraîche de la page blanche, comme dans un rêve…

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Christian : Tiens ! Peux-tu me donner une définition du silence ?

Aytekin  :  C’est un laveur de bruit quand il le vide.

– Ce n’est pas plutôt du rien dans le rien absolu ? Ou encore autre chose…?

Comme un coquillage vide ? Même dans ce coquillage, n’y a-t-il pas le son de rien ?

– Oh ! Un coquillage ! C’est pour m’aider à entendre battre mon cœur. Si tu écoutes bien le silence, tu peux entendre battre les cœurs. Certains font Boum… Boum…, d’autres boum ! boum ! boum !

Toi, tu entends boum ! boum !boum ! Mais moi, j’entends le dictionnaire de la voie lactée.

– Lactée, lactée, comme le blanc silence du lait ? Moi, je n’entends que la poudre qui s’envole des ailes du papillon.

Silence du lait. Ah ! Je tiens bien cette expression. Le lait fermenté devient le yogourt, mais que devient le silence du lait quand il est fermenté ?

– Ah ! Voilà une belle question qui aurait mérité de figurer dans les 100 questions du poète Neruda ! Je vais essayer d’y répondre : le silence du lait coagulé en yaourt devient l’encre dans laquelle tu tremperas ta plume pour écrire un chef d’œuvre à l’encre sympathique !

Et Neruda aurait posé cette question : que devient la couleur du silence quand il perd sa conscience ?

– Ben ! Incolore, voyons ! Transparent comme une fenêtre oblique sur la mer à marée basse.

Cette transparence doit peser lourd, non ?

– La transparence n’est pas la légèreté, mon ami ! Certains verres sont si lourds ! En couches, comme le silence. Mais on s’égare un peu, là ? A-t-on fait le tour du silence ? Sais-tu que Neruda avait repeint sa maison de trois couches de silence ?