Éloge de la tasse de thé

Prenez une théière  en porcelaine de préférence de bonne famille : anglaise, chinoise ou japonaise.  Vous vous assurerez qu’elle a un col fin qu’elle élèvera avec distinction  au-dessus d’un ventre gentiment rebondi. Réchauffez-la avec de l’eau claire préalablement chauffée que vous ferez doucement circuler en son for intérieur. Glissez lui une chaussette remplie de feuilles aromatiques constellées de pétales colorés et d’épices chaleureuses et abreuvez la d’eau frémissante : Vous la verrez exhaler des soupirs d’aise et s’épancher en vapeurs parfumées et bienheureuses. Si vous le désirez, vous pouvez réchauffer vos mains contre ses hanches, le temps que le subtil breuvage rassemble ses affolantes notes cuivrées. Avant que le liquide ne vire au noir et ne libère son énervant tanin, retirez discrètement la chaussette. Enfin, replacez sur le chef de l’aristocratique théière le petit chapeau indispensable à son standing.

Vous prendrez soin de choisir une tasse qui se mariera avec elle. Celle ci devra également vous assurer une bonne prise en main et garder la chaleur sans vous brûler. L’essentiel, voyez vous, c’est de conserver de bout en bout l’harmonie du moment.

Une cuiller en argent légèrement vieilli, du sucre blanc ou candi, quelques gâteaux astucieusement choisis pour ne pas se dissoudre au premier trempage, compléteront avantageusement le dispositif destiné à vous assurer le moment de relaxation auquel vous aspirez.

Il  ne vous reste plus qu’à faire le vide dans votre tête et à plonger voluptueusement dans l’instant-thé.