Battue par les vents
Hérissée de rochers
Noirs et tranchants
II est une terre australe
Où accostent de lointains descendants
Cette terre oubliée
Oublia les vivants
Et demeure hantée
De l’esprit des mourants
Seul un cœur recueilli
Ici tout comprend
Du culte pratiqué
Au souvenir survivant
Le cimetière est fleuri
De curieuse manière
Mêlant ici bas
Le malgache
Au bretonnant
Les tombes s’ornent de croix
Aux dieux indifférents
Ici les morts se repaissent
D’ un repas obligeant
Fruits, frais coupés
Offerts par moins indigents
Au souvenir survivant
La première strophe me fait penser aux univers puissamment romantiques de Chateaubriand ou d’Emilie Brontë.
La suite, c’est tout de suite pour moi quelque chose qui me rappelle “Le dormeur du val”, et c’est un compliment ! Des mots simples, des bouts de phrases courts, pour évoquer avec simplicité ces lieux si paisibles ou reposent les âmes et où celles qui ne reposent pas encore peuvent trouver une sérénité propre à la réflexion et même à la méditation. Merci d’avoir si bien évoqué cela.
J’adore visiter les cimetières ; j’y trouve cette atmosphère particulière, cette paix, et ils m’aident toujours à comprendre ce que sont les gens, leurs habitudes, leurs cultures, leurs valeurs.
Merci Hermano de ces références qui me flattent et me touchent en plein cœur.
En écho, cette terre australe, une des îles éparses, ce poème, hommage aux oubliés de Saint Paul.
Une poésie nettement inspirée du magnifique livre de Jean Raspail « Qui se souvient des hommes ».
Ils s’appelaient eux-mêmes les Hommes. Ils étaient parvenus à cet extrême de la terre – qui devait, bien plus tard être nommée Terre de Feu – au terme d’une si longue migration qu’ils avaient perdu la mémoire. Sans cesse poussés par de nouveaux envahisseurs, ils avaient traversé un continent et des millénaires dans l’ignorance et la peur. Ils s’étaient établis là où, semblait-il, nul ne pouvait les rejoindre, tant sont cruels le ciel, la terre et la mer dans cet enfer austral. Ils furent peut-être un peuple, ils ne furent plus que des clans, puis des familles. Un jour, et c’est demain, il n’y aura plus que Lafko – le dernier des Hommes, celui que nous voyons, à la première et à la dernière page de ce livre, tenter de trouver dans la tempête, la grève où il pourra mourir, seul sous le regard de Dieu.
Dans l’intervalle, depuis le rêve de Henri le Navigateur et l’apparition des vaisseaux de Magellan, les Hommes, ces “sauvages”, ont regardé passer l’Histoire et l’ont subie. Demain, Lafko va se perdre dans la nuit.
Qui se souvient des Hommes ?
Et c’est un livre comme il n’en existe pas aujourd’hui, et dont on sort transformé.
Je pense qu’aucune poésie, qu’aucun texte ne pourra égaler la profondeur, la dureté du livre de Jean Raspail. Restons humbles si c’est possible…
Loki, tu m’étonneras toujours ! Je ne vois pas le rapport entre la Terre de Feu et une des îles éparses. Le texte dont tu cites un extrait et que je ne connais pas et peu me chaut, n’a rien en commun avec mon propre texte. Moi, je ne m’abaisserai jamais à plagier un écrit, j’ai trop d’amour propre pour cela.Faut-il que tu salisses et pollues les écrits des autres pour te sentir exister ?
Je veux bien croire que je me suis trompé en relevant une analogie !
“Faut-il que tu salisses et pollues les écrits des autres pour te sentir exister ?”
Je ne vois pas en quoi je pollue les écrits des autres en écrivant des commentaires. C’est l’objectif du site !
Je ne vois pas souvent de commentaires de ta part pour les autres adhérents, serais-tu un insecte parfait ?
“Le texte dont tu cites un extrait et que je ne connais pas et peu me chaut, n’a rien en commun avec mon propre texte. “
Ce n’est pas un extrait, mais une un résumé de l’ouvrage écrit par un critique.
Avant de monter sur tes grands chevaux, lit ce livre avant d’affirmer qu’il n’y a rien de commun avec ton propre texte… Et arrête d’être dans l’injure !
Merci Tanagra. Ce texte dépouillé m’a touchée, il évoque une atmosphère mystérieuse, une île inhospitalière qui a su cependant offrir un repos respectueux et paisible à ces pauvres morts oubliés du monde. Tu fais ressentir cela par petites touches : la 1ère strophe “sauvage”, le lieu hanté mais soudain les croix, hommage aux hommes et non aux dieux oublieux et surtout les fruits et fleurs qui illuminent la bruine et le brouillard. Dans ce poème-récit, tu utilises des mots beaucoup moins recherchés que d’habitude et dans ce contexte cela donne force et âpreté à ton texte.
Merci de m’avoir fait découvrir l’île Saint Paul. Du coup j’ai regardé la page Wikipedia et j’ai vu l’histoire tourmentée de cet étonnant confetti volcanique. Lorsque tu mentionnes le malgache et le bretonnant je suppose que tu évoques les destins tragiques – au début des années 1930 – des employés de La Langouste Française abandonnés sans ravitaillement et l’année d’après les pêcheurs malgaches décimés par le beri-béri.
@Loki, sur un même thème, on peut développer des musiques différentes pour le plus grand plaisir de l’auditeur qui peut y trouver des plaisirs différents et des comparaisons intéressantes. En photographie, une variété de points de vue éclaire mieux la scène. En écriture aussi.
@Loki, sur un même thème, on peut développer des musiques différentes pour le plus grand plaisir de l’auditeur qui peut y trouver des plaisirs différents et des comparaisons intéressantes. En photographie, une variété de points de vue éclaire mieux la scène. En écriture aussi.
Line je suis d’accord avec toi ! Je n’ai fait que relever une analogie que toutes les personnes de bonne foi pourrons relever…
Mais je garde mon droit d’écrire des commentaires autres que laudatifs.
@Loki tu as raison, 100% de commentaires laudatifs serait mortellement ennuyeux et des critiques constructives aident à progresser, même si elles ne font pas forcément plaisir.
Ceci dit, j’ai du mal à voir le rapport entre l’oeuvre que tu cites et le texte “l’île oubliée” ??? Ce sont des lieux et des histoires différentes, non ? Ou quelque chose m’a échappé…