La douleur enfle
Veines charrient d’amères biles
Flux, encre chargée d’anciennes peines
La colère court sous la peau
Pesante, légitime
Relayée de surround
Puissance exacerbée
No more
Tant d’espoirs floués
Qui dira la cuisance
Langues de feu du fouet
Sous les quolibets
Chairs nécrosées
Sabres à canne fouillant à vif
Entaillant les cartilages
Et les femmes exposées
Fouaillées de cohorte armée
Souillées, forcées, abusées
Carcans, cages de fer, muselières
L’abomination et le sang
La voix s’élève et enfle
Charrie d’anciennes douleurs
No more
La voix tremble
Se fêle, se fige
Frissonne de peine
No more
La plume court sur le papier
No more
No more, no more, no more
Les saxs explosent et pleurent
Un sang noir
Chargé d’histoire…
Un poème désespéré, où je ressens à la fois l’impuissance et une grande amertume, des blessures si profondes qu’elles ne seront jamais apaisées, même par un air de saxo, même par tous les blues qui continueront de vouloir panser les plaies mais aussi de faire résonner cette détresse pour ne jamais l’oublier.
Les cales des négriers continueront de voyager dans nos mémoires et de porter la honte de nos ancêtres. Toujours.
C’est cela, l’irréparable.
Pour moi, c’est le caractère universel de ce poème qui apparaît d’abord.
Ceci est une histoire puissante qui se répète à travers le temps et l’espace, à petite, ainsi qu’à grande échelle.
Ce cri déchirant et frissonnant de “no more” est perçu haut et fort lorsque la masse hurle, mais il peut également être ressenti dans la souffrance silencieuse d’un enfant maltraité, d’une femme malmenée ou d’un époux psychologiquement torturé.
Merci d’avoir dit tout cela sans l’avoir dit.
Tu es un poète remarquable, Tanagra !