Sur sa peau tannée
Le tatoueur grave
Des gargouilles, des anges
Et toi, chaque soir
Au bal des regards en rafale
Des lèvres aux rires fêlés
Tu fais une escale
De tomate fraîche
Pour admirer son torse de cathédrale
Tu écris sur son dos
Une liberté de libellule
Puis, tu refermes le livre
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Anges et gargouilles
Ton torse de cathédrale
Au bal des regards
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J’aime beaucoup ce texte à cause de son rythme subtil, de ses images vives et de cette tomate, le fruit de la passion.
C’est un poème qui se prête à diverses interprétations.
Oui, je l’aime malgré le fait qu’en le lisant, je me sente un peu désorientée dans le temps, l’espace et les personnages.
Il me semble que le narrateur est « le tatoué ». Il est tatoué soir après soir par sa bien-aimée, cette libellule qui fait son œuvre d’art rapidement et efficacement pendant une « escale de tomate fraîche », puis elle s’en va pour taquiner les autres. Tout cela, « au bal des regards en rafale et des lèvres aux rires fêlés ».
Dans la dernière strophe, le narrateur semble se regarder et se parler : une scène touchante et pathétique où un vieux torse énorme, couvert de tatouages se trouve assis, triste et seul, au milieu de la salle de bal.
Eh bien … c’est le conte de fée que j’ai fait de ton poème merveilleux et je l’aime bien ainsi.
Je suis désolée si l’histoire de ton texte est totalement différente.
Purana, ne va pas croire que je me prends pour un artiste, ni que je considère ce texte comme un chef d’oeuvre, pas du tout, mais la question est bien là : à quoi sert une œuvre d’art ?
Et en corollaire : une œuvre d’art doit-elle avoir du sens ? Ou doit-elle plutôt provoquer des sensations ?
Je me réjouis quand tu dis que le poème prête à plusieurs interprétations ! Tant mieux !
Je confesse que j’ai un peu souri à la paraphrase que tu fais de mon texte pour essayer d’y trouver « une histoire ».
Merci pour cet effort et aussi pour ton commentaire.
J’avoue piteusement que les mots me sont venus, comme cela, comme s’ils s’imposaient pour à la fois dire et provoquer différentes émotions.
Je n’ai pas cherché à « construire » quelque chose, sauf pour les trois dernières lignes où, comme dans un exercice d’assouplissement, j’ai essayé de résumer tout cela dans un haïku.
Mais, est-ce un haïku ? Tu me le diras…
Il est vrai que le contenu plutôt fragmentaire favorise le flux spontané des mots et des phrases.
Cependant, il y a, au moins pour moi, un fil reconnaissable qui relie les phrases et j’aime cela.
Je dois admettre que, bien qu’acceptable, j’aurais préféré ne pas être dérangée par cette confusion causée par le pronom possessif « ton » dans la dernière strophe.
À mon avis, la suppression de ce « ton » ainsi que le remplacement de « torse » par un synonyme de trois syllabes en feraient un haïku classique presque parfait.
Merci Purana.
Je n’ai pas envie d’abandonner ce torse, mais je peux proposer « Ce torse de cathédrale »…?
Hum … tu proposes d’utiliser cet adjectif démonstratif comme une sorte de « cheville » ; une astuce souvent utilisée dans la poésie classique pour conserver un certain nombre de syllabes.
Pourquoi pas ? C’est bien trouvé.