Les toits de Paris étaient plongés dans la brume. Pourtant, cette journée d’automne allait être belle. La météo l’avait annoncé. J’avais dépassé la phase de souffrance. Celle où le corps supplie d’arrêter, les jambes sont lourdes et douloureuses, la respiration est difficile.
J’étais à la porte d’Auteuil, cela faisait un quart d’heure que j’avais quitté mon immeuble rue de la Convention. À chaque fois que je passais devant l’ancienne imprimerie nationale, bâtiment aujourd’hui restauré, je pensais à ces imprimeurs depuis longtemps à la retraite. Lors d’une visite, j’avais été impressionné par leurs gros doigts. J’avais toujours imaginé que pour faire un métier aussi minutieux un typographe devait posséder de longues mains aux doigts fins. Et j’avais eu devant moi des hommes aux mains courtes et aux doigts boudinés. Pourtant avec quelle dextérité ils maniaient les caractères de plomb pour composer les pages métalliques qui donneraient naissance à des livres magnifiques ! Avant que l’imprimerie ne déménage, pour des motifs économiques, ces artistes en blouse bleue avaient été remplacés par des machines sophistiquées plus rapides. Mais il me semble que les livres ont perdu ce supplément d’âmes que leur conféraient les doigts de ces magiciens du plomb ! Le pont Mirabeau me ramenait chaque fois, par son souffle d’air, à la réalité. Elle se traduisait par le retour des douleurs, un instant, oubliées et une plongée dans l’espace. Je suis toujours impressionné par l’immensité de la Seine coulant sous le tablier vert olive. On est presque étourdi par l’ampleur de la vue qui s’offre de chaque côté. La tour Eiffel parait ridiculement petite devant la foule des toits, des bâtiments et des tours qui se proposent au regard. Après les miasmes de la rue de la Convention, le courant d’air circulant au-dessus du fleuve semble d’une pureté exceptionnelle. C’est à regret que je quittais cet espace de fraîcheur pour retrouver l’étroitesse de la chaussée et les passants pressés des rues du 16e arrondissement.
L’arrivée, devant l’esplanade du champ de courses, est le début d’une nouvelle étape. Le corps a trouvé son rythme, la terre a remplacé la dureté du bitume. Le sol est jonché de bogues et de marrons prémisses de l’automne. Les marronniers bordant l’hippodrome sont l’avant-garde de la multitude des arbres du bois de Boulogne. Le cerveau libéré de la sollicitude permanente des jambes peut enfin vagabonder librement. Une dernière foulée, la ville disparaît alors quand on pénètre dans les sous-bois. Quelques rares promeneurs ou coureurs rencontrés au détour d’un chemin rappellent, dans ce havre de paix, l’existence de la mégalopole que l’on vient de quitter. Pour moi, modeste employé de banque de trente ans, ce parcours est vital, il me permet d’oublier la banalité de ma vie.
Souvent j’effectuais le tour du lac, mais ce jour-là, me laissant guider par mon inspiration je décidai de suivre, au hasard, les chemins et les allées. On parle souvent de la solitude du coureur de fond. Elle n’est qu’apparente. Le cerveau mieux irrigué brasse une multitude d’idées qu’occultent les activités de la vie quotidienne.
Tout à mes pensées je parcourais le bois, courant mécaniquement. Au détour d’un chemin, une branche basse m’obligea à me baisser. L’obstacle franchi, je me redressai. Un choc, une vive douleur et je sombrai dans le néant.
Quand j’ouvris les yeux, je mis beaucoup de temps à réaliser la situation. J’avais un goût de terre dans la bouche et je pris conscience que j’étais allongé, la face contre le sol. Ma tête et mes genoux me faisaient mal. Je posai ma main sur mon front, elle était plein de sang. Je me relevai péniblement. J’étais seul. Apparemment je n’avais rien de cassé, je pouvais marcher. Cette chute m’avait contrarié. Je repris ma course. Je craignais qu’avec mon front ensanglanté tout le monde me regarde ! Il n’en était rien je ne voyais dans leurs yeux qu’indifférence…
Rentré chez moi, après avoir soigné mes blessures, je m’allongeai. Mes méditations me ramenèrent au bois de Boulogne. Je revoyais le petit chemin que j’avais parcouru avant le choc. J’apercevais, au loin, la branche basse. Mes genoux me faisaient mal. Cette fois-ci, je fis attention. Sur le sol je pouvais apercevoir les traces de ma glissade. À un endroit un peu de sang souillait la terre… Je me retrouvai allongé sur mon lit… Instinctivement je portai ma main sur mon front… Cette chute m’avait secoué, moins par les blessures que par le traumatisme psychique résultant du choc.
Mes blessures cicatrisèrent assez vite et j’aurais vite oublié cette chute si des migraines n’étaient apparues. Contrairement à celles que j’avais parfois elles débutaient brusquement, sans prévenir. J’avais la sensation que mon cerveau était enserré dans une paire de tenailles. J’étais alors obligé de m’asseoir ou de m’allonger dans un état second. J’avais l’impression de quitter mon corps. Ces crises n’étaient pas fréquentes pourtant elles m’inquiétaient. La chute n’avait-elle pas entraîné un traumatisme crânien ? N’étant pas un fanatique des médecins je décidai d’attendre. Après tout, l’aspirine m’apportait un certain soulagement et peut-être que les choses allaient se rétablir avec le temps ?
C’est alors que des choses inexplicables commencèrent.
J’étais dans le métro. Une crise débuta. Mal à l’aise au milieu des voyageurs, je descendis et m’affalai sur un siège. Je vis la rame partir et je me retrouvai dans le hall de mon immeuble. La concierge balayait devant sa loge.
Tiens ! – me dit-elle – vous êtes déjà de retour ? Vous ne travaillez pas aujourd’hui ?-
Je passai rapidement devant elle esquissant un sourire crispé et je m’entendis lui répondre – j’ai de la fièvre ! –
C’est l’arrivée de la rame suivante qui me ramena à la réalité. Je bondis dans le wagon juste avant que les portes se referment.
Le soir alors que je rentrais je croisai la concierge. Je sursautai quand elle me dit – alors, cela va mieux ? – elle dut me trouver fort impoli, car je me précipitai dans les escaliers sans lui répondre.
Pendant des semaines, les maux de tête revinrent. À chaque fois j’étais projeté dans un autre lieu. Bizarrement c’étaient toujours des endroits que je connaissais. Ces rêves étaient étranges, d’une netteté incroyable. Et quand je me réveillais, leurs souvenirs persistaient dans mon esprit. À tel point que j’avais du mal à distinguer ce qui était rêve ou réalité. Ce n’était pas la première fois que je rêvais avec une telle intensité. J’avais encore en souvenir des nuits où je me réveillais en sueur, le cœur battant, plein des cauchemars que j’avais faits. Ce qui m’inquiétait maintenant, c’est que je rêvais en plein jour. Le traumatisme était-il plus important que je le supposais ? Je décidais donc d’aller consulter.
Le médecin qui me reçut m’écouta patiemment. Prudemment il ne voulut pas se prononcer et me prescrivit une radiographie du crâne. Aucune lésion n’ayant été décelée, je sortis de chez lui avec une ordonnance de plusieurs anxiolytiques censés guérir ou tout au moins atténuer mes maux de tête et les visions associées.
Tous ces médicaments eurent pour résultat de m’assommer, mais les hallucinations persistèrent. Devant l’inefficacité du traitement, je l’arrêtai rapidement : au moins, je n’avais plus les effets secondaires. Par la suite, étrangement, les maux de tête devinrent moins violents comme si mon cerveau réussissait, à la longue, à accoucher de ses rêves, avec moins de douleur. Un détail m’intrigua. Si dans les premiers temps, lors des crises, mon esprit était transporté vers des lieux connus, mais aléatoires, j’arrivais maintenant à orienter, de plus en plus souvent, les visions vers des endroits que je choisissais. Contrôler ainsi mes rêves me donnait une certaine satisfaction. Il n’en restait pas moins que je n’arrivais pas à comprendre la raison de ces hallucinations et leur acuité. Devenais-je fou ?
Sans trop y croire, je décidai de tenter une expérience. Comme j’arrivais maintenant à canaliser mes hallucinations, je décidai de me matérialiser dans le bureau de poste le plus proche. Je me retrouvai dans le hall, j’achetai une enveloppe-réponse timbrée, sur un imprimé j’écrivis « c’est moi, bonjour ! » et après avoir rédigé mon adresse je plaçai le tout dans une boite à lettres…
J’étais angoissé le lendemain en allant chercher le courrier. Parmi les lettres je la reconnus immédiatement, pas de doute c’était mon écriture ! Le contenu acheva de me convaincre ; j’avais été réellement présent dans le bureau de poste !
J’étais atterré ! Ce que je vivais dépassait tout entendement. Il est déjà difficile d’avoir la sensation de ne plus contrôler ses pensées, mais ce qui m’arrivait défiait la rationalité la plus élémentaire. J’en déduisis que non seulement j’étais devenu fou, mais qu’en plus je n’étais plus conscient de mes actes. La preuve ! J’avais été matériellement dans ce bureau de poste, j’avais la lettre en main et le cachet en faisait foi. Pourtant, hier, j’avais la certitude de ne pas être sorti. Le mot « ubiquité » germa dans ma tête. Avais-je le don d’ubiquité ? C’était impossible. Cette chose-là n’existait que dans la mythologie ou les romans fantastiques. La réalité était plus cruelle : j’avais quitté inconsciemment mon appartement pour me rendre au bureau de poste. Mon état mental était sérieusement dégradé !
Contre toute raison, je décidai de recommencer l’expérience en y apportant des éléments supplémentaires. Je me plaçai devant une caméra en tenant à la main une horloge numérique indiquant la date et l’heure. Je me concentrai. Peu après j’étais dans la poste et je renouvelai l’envoi d’une lettre en y ajoutant de façon manuscrite la date et l’heure précises. Quand le lendemain j’ouvrai mon courrier le doute n’était plus possible la date et l’heure du film coïncidaient exactement aux mentions de la lettre.
Devant ces évènements, je me sentais bien seul. À qui me confier ? On rirait de moi ou on me prendrait pour un illuminé. En dernier recours je décidai d’aller voir un ancien camarade de classe devenu physicien des particules. C’était un homme atypique, capable, du fait de sa spécialité, de sortir des sentiers battus. Quand il eut écouté mon histoire, loin de rire, il me regarda dans les yeux et j’eus la sensation d’un bouillonnement intense dans son cerveau.
- Quantique !
- Quantique ?
- Tu es devenu un homme quantique !
- Je ne comprends pas !
- Je vais t’expliquer. Le rêve d’ubiquité, l’homme le porte profondément en lui, au point d’en avoir fait l’attribut de nombreuses divinités. Pourtant, nous ne pouvons être dans deux endroits à la fois. Le paradoxe est que les physiciens ont découvert que les particules élémentaires qui composent la matière, dont celle des êtres vivants, recèlent une étonnante propriété : elles peuvent être à plusieurs endroits à la fois, au même instant ! Pour une raison que nous n’avons pas encore trouvée, cette propriété du monde microscopique disparaît au niveau du monde macroscopique…
- Alors ?
- D’après ce que tu me décris, tu as acquis cette propriété… !
- Pourquoi ?
- Ne me demande pas de l’expliquer, je ne peux pour l’instant que le constater !
L’exposé de mon ami m’avait rassuré sur mon état mental. Il n’en restait pas moins que j’avais à gérer cette curieuse faculté : être à deux endroits à la fois. Les maux de tête avaient totalement disparu, mon cerveau s’étant habitué à cette gymnastique intellectuelle. La difficulté était de contrôler ce don. J’étais constamment obligé de maîtriser mes pensées. Il suffisait d’un relâchement et je pouvais être transporté dans un endroit inattendu et être confronté à une situation embarrassante. En voici deux exemples.
Après une journée du patrimoine, je m’étais retrouvé dans le bureau de Sarkozy. Je me souviens encore de son air effaré et de son affolement quand il m’avait vu devant lui. Les gardes républicains avaient dû également être surpris en tentant de me saisir et constater alors ma disparition soudaine. Le lendemain aucune information dans les médias sur cet incident. Une telle faille dans le système de sécurité de l’Élysée devait être tue !
Une autre fois je m’étais matérialisé dans la chambre de la voisine du 6e. Nous fûmes surpris tous les deux. Pourtant, elle eut le réflexe de me décocher une claque. Revenu chez moi j’eus la preuve concrète par la douleur de ma joue, de la matérialité de mes déplacements. Depuis, j’évite de la rencontrer.
Avoir le don d’ubiquité semble à priori une chose positive. Après ces mésaventures, je considérai la chose sous un autre angle. Quand un modeste individu possède un pouvoir associé d’habitude aux dieux, il a des difficultés à gérer cette nouvelle faculté. Je ne cessai d’y penser. L’arrivée d’Internet apporte maintenant l’immédiateté et une sorte d’ubiquité qui nous rapprochent des dieux. Mais dans mon cas un pas supplémentaire était franchi.
Une autre complexité de la situation était de gérer la simultanéité de mes présences. Les premiers temps mon cerveau régissait mon double, mais cessait d’être en éveil dans mon premier corps. Au fur et à mesure de ces dualités, j’acquis la maîtrise des deux espaces.
Mon ami physicien, le seul qui partageait mon secret, me demanda de me soumettre à un scanner du cerveau. Après avoir fait examiner les clichés par un neurologue, il vint me voir tout excité.
- La fonction crée l’organe !
- Explique-toi !
- Le médecin a été très étonné…. il n’avait jamais vu cela ! Dans ton cerveau, toutes les aires se sont dédoublées. Ce qui explique que tu puisses contrôler la simultanéité de tes présences !
Cette confirmation physique que j’étais devenu un surhomme flatta mon orgueil. M’étant retrouvé seul, ce qui assez paradoxal, pour moi qui étais maintenant double, la satisfaction retomba. Finalement à quoi me servait cette faculté que beaucoup m’envieraient ? Pouvait-elle me faire sortir de ma condition de modeste employé de banque ?
J’essayai d’élaborer des scénarios dans lesquels mon don d’ubiquité m’aiderait à m’enrichir. J’avais exclu certaines possibilités comme le Loto, les courses ou la bourse qui auraient permis de gagner de l’argent en connaissant par avance les résultats ou les évolutions. Si je maîtrisais l’espace, je ne maîtrisais pas le temps. Les idées qui me venaient pour utiliser mon don dans un but lucratif ne me plaisaient guère. Elles étaient toutes malhonnêtes.
Une nouvelle idée germa dans mon cerveau : la situation était la même que celle de deux jumeaux… Ils peuvent profiter de leur ressemblance physique pour se substituer l’un à l’autre. Par exemple aux examens, si l’un est fort en mathématiques et l’autre ne l’est pas, le premier passe l’épreuve du deuxième. Ma différence avec les individus gémellaires était que dans ce type de situation je pouvais être à la fois dans la salle d’examen et en dehors. Ce qui est un avantage considérable, car mon cerveau contrôlant mes deux entités, je pouvais en temps réel accéder à des banques de données extérieures.
J’avais écarté les scénarios consistant à se matérialiser dans un lieu connu pour y voler de l’argent puis en sortir discrètement. Ce genre de choses me répugnait.
Réussir aux examens par mon don d’ubiquité n’était certes pas totalement honnête, mais je me persuadai que l’injustice de la vie, qui m’avait cantonné à un statut d’employé de banque mal rémunéré et mal considéré, était aussi une malhonnêteté. Aussi décidai-je de choisir cette solution, me redonnant les chances qui m’avaient été refusées durant ma jeunesse. Je m’inscrivis à diverses formations menant au diplôme d’expert-comptable. J’avais l’esprit en paix, car certes mon ubiquité aux examens me donnait le coup de pouce décisif, mais le travail que j’avais développé lors de la préparation faisait que les résultats que j’obtenais n’étaient pas totalement immérités.
C’est ainsi que je me retrouvai directeur financier dans la banque où j’avais été un modeste employé. J’avais la satisfaction de recevoir les émoluments associés à ce poste et un sentiment de puissance. Non seulement parce que ma fonction de directeur m’assurait le respect de mes subordonnés, mais aussi parce que mon don d’ubiquité me permettait d’apparaître, aux moments que je choisissais dans n’importe quel lieu du service. Je savais qu’on m’avait surnommé « monsieur partout ». Cette omniprésence inexplicable maintenait le personnel sous une pression permanente, ce qui était bon pour les performances du pôle financier.
J’avais maintenant la parfaite maîtrise de ma dualité. Ne répétant pas les erreurs de mes débuts je visitai divers lieux souvent prestigieux.
Au fil du temps, j’en vins à me lasser. Cette double vie ne m’amusait plus. Une obsession me hantait : voir mon double. Certes lors de certaines de mes matérialisations, j’avais eu l’occasion de m’observer dans une glace, mais ces images n’étaient pas différentes de celles que j’avais avant ma dualité. Cette envie devint insupportable. Puisque j’avais maintenant le pouvoir de me matérialiser en n’importe quel lieu, qu’est-ce qui m’empêcherait de le faire dans un même lieu ? Non seulement je verrais mon double « en chair et en os », si j’ose dire, mais aussi je pourrais le toucher ! Je me mis à rêver de cette rencontre. Cela devait être extraordinaire comme situation ! Bien sûr elle était comparable à celle de deux jumeaux, mais leur ressemblance n’est jamais totale. Dans mon cas, la perfection serait atteinte. Mais comment allais-je gérer cette situation ? Quand je me projetais dans un autre lieu mon cerveau se contentait d’effectuer un va-et-vient. Dans une même pièce, il faudrait qu’il assure la simultanéité des évènements. J’étais pénétré d’une angoisse qui me retenait. Au bout de quelques jours, l’envie irrépressible fut plus forte.
Étant assis sur un banc au Jardin du Luxembourg, brusquement je décidai de tenter l’expérience. Je connaissais parfaitement les lieux, j’y venais souvent. Je me concentrai sur un banc situé à l’opposé de la pièce d’eau. Et brusquement la dualité fonctionna. Je me voyais en face… C’était plus compliqué que cela ! J’avais dans mon cerveau une double image de moi, assis sur des bancs différents. Une rencontre maintenant était possible ! Je décidai que c’est l’entité maîtresse qui irait vers son image. Je contournai la pièce d’eau. La sensation était extraordinaire : je voyais à la fois le visage de mon double s’agrandir et ma silhouette longeant le bassin… Je fus bientôt à un mètre de moi-même. Nous nous regardions, je voyais une angoisse dans ses yeux et je percevais la même angoisse dans les miens. Dans un geste automatique, il se leva et, ensemble, nous tendîmes le bras pour nous serrer la main…
Plusieurs témoins racontèrent la même chose : ils avaient vu deux hommes se ressemblant étrangement, des jumeaux sans doute. Ils s’étaient serré la main et un éclair de lumière aveuglant avait jailli. Il leur avait fallu plusieurs minutes pour retrouver la vue et constater qu’ils avaient disparu.
Je trouve cette histoire vraiment très bien contée et très bien écrite. Une de tes meilleures nouvelles pour moi. Je reconnais bien là un des personnages que tu affectionnes : l’employé de bureau un peu passe-muraille, pour lequel la vie n’est pas émaillée de grandes aventures, et pourtant…
Le vocabulaire est riche, le texte est plein de belles phrases quelquefois quasi poétiques, et l’histoire m’a tenu jusqu’au bout.
Une espèce de crescendo me mène depuis le premier incident, à travers une suite d’étapes d’appropriation de ces nouvelles facultés, étapes qui s’enchaînent parfaitement, jusqu’à cette apothéose de la rencontre avec soi-même à laquelle je n’avais pas songé et qui pourrait presque rendre ce texte philosophique. Bravo pour cette maîtrise du tempo que j’ai vraiment appréciée !
Et c’est parce que j’ai beaucoup aimé la qualité de ce texte que je me permets ci-dessous quelques suggestions qui ne sont peut-être pas toutes pertinentes et surtout qui n’enlèvent rien au plaisir pris à cette lecture :
Tient ! à Tiens ! ou Tenez !
quand je rentrais je croisai à quand je rentrai ou alors que je rentrais
à accoucher, de ses rêves, avec moins de douleur. à sans la première virgule
Aurais-je le don d’ubiquité ? à Concordance des temps suspecte pour moi à Avais-je ou Aurais-je eu
Quand le lendemain j’ouvrais mon courrier à plutôt j’ouvrai mon courrier ?
En derniers recours à en dernier recours
son affolement quand il m’a vu devant lui. à concordance des temps, il me semble ? à quand il m’avait vu
Depuis, j’évite de la rencontrer.
Car, mon cerveau contrôlant mes deux entités, je pouvais en temps réel accéder à des banques de données extérieures.
Merci Hermano pour tes commentaires et tes corrections que j’ai immédiatement intégrées.
J’avoue que j’ai eu beaucoup de plaisir à écrire cette nouvelle que j’avais écrite il y a une dizaine d’années.
Elle m’a semblé revenir à la mode en lisant le livre de Serge Haroche (Prix Nobel de physique), “La lumière révélée” en particulier le phénomène d’intrication qui au coeur de ma nouvelle.
Une fiction brillante basée sur l’intrigante réalité quantique dont nous savons encore si peu.
Pour moi, c’est un magnifique rêve d’enfance devenu réalité.
Le don divin de la dualité n’est pas étrange dans la phase de “pensées magiques”, un stade de développement normal chez les enfants.
Chez l’adulte, à condition qu’il possède une imagination débordante et une manière rusée de l’écrire, des science-fictions étonnantes peuvent être créées.
Loki, tu l’as fait d’une excellente manière à tel point que le lecteur se retrouve capturé par les événements et reste impatient de lire ce qui suit.
Tu as choisi une source d’inspiration parfaite, le monde éblouissant du quantique !
J’admire ton utilisation du vocabulaire, très riche, mais qui n’interfère pas dans la fluidité des phrases.
C’est probablement parce que les mots choisis s’inscrivent parfaitement dans le contexte de chaque phrase.
En fait, j’ai lu ton texte du début à la fin sans trébucher sur aucun mot bien qu’il y en ait beaucoup que je ne connaissais pas.
Je n’ai consulté le dictionnaire qu’après ma première lecture alors que je m’apprêtais à la rédaction de mon commentaire.
Cette relecture est pour moi une sorte de cours de français gratuit pour étrangers, car tu utilises des mots appropriés à chaque sujet ; des mots souvent nouveaux pour moi.
Je te remercie pour ce bonus supplémentaire.
Purana, l’éternelle étudiante
Oui une de tes meilleures nouvelles.
J’ai été particulièrement séduite par le préambule où le narrateur fait part de ressentis personnels.
L’écriture me semble participer de cela : partir de réflexions personnelles que le lecteur pourra ou non partager, mais si il y a communion l’auteur pourra atteindre l’universel : toucher autrui.
Quelques longueurs cependant à la rédaction, je pense que cette nouvelle pourrait gagner à être plus resserrée, une vingtaine ou trentaine de phrases en moins.
Mais je le répète j’ai pris grand plaisir à te lire.
Merci pour cette nouvelle fantastique à tous les sens du terme et pour la conclusion quasi-philosophique où notre héros passe de la situation “d’homme gris” à celle “d’apprenti sorcier grisé”. C’est vraiment très réussi !
Le rythme est bien mené, poussant le lecteur intrigué à poursuivre. Le style est plaisant, fluide avec des mots précis mais compréhensibles. Il y a de jolies images : j’ai un coup de cœur pour le tablier olive du pont Mirabeau et les bogues du bois de Boulogne.
Merci aussi pour cette balade fort bien rendue dans le sud-ouest de Paris, ville qui comporte bien des quartiers aux ambiances différentes qui permettent de voyager en quelques stations de métro.
Quelques remarques au niveau de la forme :
Les concordances des temps ne sont pas toujours respectées :
dans le 2ème §, J’étais à la porte d’Auteuil… Le Pont Mirabeau me ramène, …c’est à regret que je quitte cet espace.
Vers la fin : Les gardes républicains ont dû… plutôt avaient dû ?
… la voisine du 6e. Nous étions surpris plutôt nous fûmes surpris ? Dans ce même § attention au clavier qui dérape dans j’eux plutôt que j’eus.
Autres remarques de forme :
Je posais ma main sur mon front, elle était pleine de sang. Ce ne serait pas plutôt : Il était plein de sang? ou je la retirai pleine de sang ?
Les anxiolytiques censés et non sensés…
Et les puces rondes au lieu des tirets de dialogue me donnent l’impression de tomber dans une présentation Powerpoint alors que je suis en train de me régaler à lire une histoire bien menée…
Merci Line !
Décidément l’écriture est un long chemin jalonné d’embûches !
Heureusement que l’on est plus intelligent à plusieurs que tout seul…
Ouf ! Les corrections sont faites..
Line
Par contre je plaide non coupable : dans mon texte il y avait des tirets, c’est le vilain logiciel qui sans me demander mon avis les transforme en points.
– Une remarque purement technique : c’est vrai que c’est un peu rageant de voir les tirets des dialogues devenir des “puces rondes”
quand on importe depuis Word. Moi non plus, je n’aime pas ça,
et la seule façon que j’ai trouvée pour y remédier est de taper les tirets ici même…
– Pas très pratique, je vous l’accorde, mais ainsi, pas de “puces rondes” !
Moi personnellement les “puces rondes” à la place de “tirets” ne me gênent absolument pas, je suis plus sensible aux types de caractères, mon esthétique s’arrête là…. Comme le choix est suffisant, je suis un homme comblé !
Las ! Les règles de typographie indiquent que les puces rondes sont réservées à l’énumération, pis que c’est une convention anglo-saxonne, sacrilège donc !
Quant aux tirets, il en est de plusieurs sortes. Deux me direz-vous ? Que nenni !
Je vous livre ma science toute neuve : il en existe trois. Ce sont le trait d’union, le tiret d’incise et… le tiret cadratin, celui-là même qui est d’usage pour les dialogues.
cf http://www.laplumenumerique.fr/les-tirets-en-typographie/
Et pour achever ma désolation, je vous révèle que même en tapant directement mon tiret dans le texte, celui-ci s’est transformé en puce !
cf https://www.oasisdepoesie.org/ecrire-ensemble/jeux-decriture/hermano/suite-a-plusieurs-mains-opus-3/ (mon tout dernier commentaire), mais j’avais tapé un trait d’union !
Après enquête, la manœuvre pour taper un tiret cadratin sur Mac est Verrouillage Majuscule + alt + — et sur Windows c’est alt+0151.
Je fais l’essai ici, espérons que cela fonctionne lorsque j’aurais enregistré ce message !
— Amitiés à tous avec ou sans cadratin !
— 😉 — 😉 — 😉
Merci Line de ton dernier commentaire, fort intéressant qui éclaire mon univers de “besogneux” du clavier.
Il fut un temps où je connaissais bien les codes ASCII, les programmeurs nous mâchent maintenant le travail.
Pour le fun mon premier cadratin !
—
Quand la réalité rejoint la fiction…
Il suffit d’attendre…
Premier enchevêtrement quantique d’objets lointains visibles sans microscope
Pour la première fois, une équipe de scientifiques est parvenue à intriquer deux objets macroscopiques différents. Ce qui représente une étape majeure après l’enchevêtrement des particules subatomiques, généralement identiques.
« PLUS LES OBJETS SONT GRANDS, ÉLOIGNÉS LES UNS DES AUTRES ET DISPARATES, PLUS L’ENCHEVÊTREMENT DEVIENT INTÉRESSANT »
L’enchevêtrement est l’un des aspects les plus étranges et les plus difficiles à comprendre du comportement quantique. Les particules enchevêtrées se comportent comme une entité unique où toute modification apportée à l’une affecte les autres. Plus étrange encore, les changements peuvent être transférés simultanément, ce qui a conduit à ce que le phénomène soit appelé « action effrayante à distance » par Albert Einstein, qui refusait de croire qu’il puisse exister, bien qu’il ait participé à sa découverte.
Les premières tentatives d’enchevêtrement ont impliqué des paires de particules subatomiques dans la même pièce, puis finalement à des distances de plus en plus grandes. Récemment, cependant, des phénomènes plus complexes ont été observés, notamment l’enchevêtrement récent de plusieurs milliards d’atomes. Les chercheurs ont également découvert que l’intrication quantique se produisait naturellement, notamment dans les étoiles et les quasars situés à des milliards d’années-lumière de distance.
Dans une récente étude publiée dans la revue Nature Physics, une équipe dirigée par le professeur Eugene Polzik de l’université de Copenhague a rapporté l’enchevêtrement d’une membrane vibrante en nitrure de silicium d’un millimètre de diamètre et d’un nuage d’un milliard d’atomes. Comme lors d’expériences précédentes, Polzik a placé le nuage atomique dans un champ magnétique et a utilisé la lumière passant à travers le nuage pour le lier à la membrane, portant ainsi le concept à une tout autre échelle.
La lumière provenant de la droite de l’image traverse un nuage d’atomes (dont le spin est contrôlé par le champ magnétique dans lequel ils se trouvent), et les enchevêtre avec une membrane oscillante (sur la gauche)
« Plus les objets sont grands, éloignés les uns des autres et disparates, plus l’enchevêtrement devient intéressant, tant du point de vue fondamental que du point de vue appliqué », a expliqué Polzik dans un communiqué. « Grâce à cette approche, l’enchevêtrement entre des objets très différents est devenu possible.