Quand Gabrielle retourna chez elle le soir de la rentrée, elle était vraiment surexcitée. La Terminale S est un bouleversement dans la vie d’une lycéenne : c’est l’aboutissement de sept années d’étude au lycée de l’Harteloire, un établissement réputé de Brest. C’est aussi la perspective du bac en fin d’année. Certes elle avait réussi certaines épreuves en fin de Première, mais les matières importantes, avec leurs gros coefficients, l’inquiétaient beaucoup. Gabrielle ne le dirait pas à ses parents, mais cette première journée avait été marquée par un coup de foudre. La majorité des élèves de sa classe provenaient de sa classe de Première, mais d’autres arrivaient de l’extérieur. Dès qu’elle avait vu ce garçon, son cœur avait battu la chamade. Il faut dire que Kevin se distinguait des garçons de la classe : bien qu’ayant le même âge il paraissait plus mûr. À la cantine plusieurs filles l’entourèrent et Gabrielle, timide, s’était placée en bout de table. Jamais elle n’avait éprouvé un tel sentiment. Si elle avait osé, elle les aurait griffées, ces pimbêches qui piaillaient autour de lui. Mais Kévin gardait son sérieux, visiblement habitué à attirer le regard des filles. Par une camarade, elle apprit que le jeune homme fils d’un militaire venait d’arriver à Brest. Son père avait eu une mutation après un séjour à Djibouti.
Placée au fond de la classe, Gabrielle ne cessait de le regarder. Elle ne voyait que ses épaules larges et ses cheveux d’un brun éclatant. Mais cela suffisait pour la faire fabuler.
Kevin s’était tout de suite intégré à la classe. Il excellait dans les matières scientifiques, son succès auprès des filles ne se démentait pas et les garçons qui auraient pu être jaloux de son intrusion sur leur pré carré étaient subjugués par son assurance charismatique. Gabrielle qui avait été dans les meilleurs en Seconde et en Première aurait pu être jalouse de ce concurrent, mais l’amour secret qu’elle lui portait effaçait ce sentiment. Quand elle était interrogée, il lui semblait pousser des ailes, elle était comme exaltée et manifestait une assurance inhabituelle pour énoncer et rédiger ses démonstrations, jetant de temps à autre des coups d’œil furtif pour voir si Kevin la regardait. Le soir quand elle rentrait, dans sa chambre elle se regardait dans la glace. Elle se trouvait quelconque, elle en aurait pleuré. Jamais Kevin ne la remarquerait…
Sa mère s’étant aperçue de son manque d’appétit, de sa pâleur, de son apathie, essaya de l’interroger. Mais Gabrielle était trop fière pour se confier. La fatigue, le stress étaient responsables de sa perte de dynamisme ! Une visite chez le médecin de famille et une ordonnance pleine de fortifiants devrait pallier cette fatigue passagère.
Mais cette fatigue passagère ne s’améliora pas. Elle empira même le jour où Gabrielle aperçut rue de Siam Kévin en compagnie de Brigitte une petite sotte qui papillonnait autour de tous les garçons, en minaudant et en battant des paupières. Elle était outrée que le jeune homme s’intéresse à cette perruche. Elle décida de l’éviter systématiquement. Elle passait sans le regarder dans les couloirs, s’il venait s’asseoir à une table de cantine où elle s’était installée, elle changeait systématiquement de place.
Un jour pourtant elle ne put l’éviter. En travaux pratiques de chimie, plusieurs élèves étant absents, la professeure obligea les présents à se regrouper par binôme. Le hasard voulut que Gabrielle et Kévin se retrouvent ensemble. La jeune fille fut à la fois embarrassée et troublée. Elle n’avait jamais été aussi près de Kévin. Alors qu’ils rédigeaient le compte rendu de la séance de TP, il posa brusquement sa main sur la main de Gabrielle.
En rentrant chez elle, la jeune fille était transfigurée, d’autant qu’à la fin de la séance le jeune homme lui avait proposé d’aller au cinéma avec lui le samedi suivant.
Elle allait rarement au cinéma et c’est avec appréhension qu’elle l’attendait Place de la Liberté. Immobile devant le Cinéma Multiplex, elle se demandait quel film ils iraient voir. De toute façon cela n’avait aucune importance, avec Kévin elle était prête à voir n’importe quel navet. De temps à autre, elle sortait son portable. Elle avait peur de recevoir un SMS ou un appel l’informant qu’il ne pouvait pas venir… Son invitation était tellement inattendue, qu’elle n’arrivait pas encore à y croire. Elle fut soulagée quand elle le vit apparaître dans l’avenue Georges Clemenceau.
Gabrielle serait bien incapable de raconter le film qu’ils avaient vu. La seule chose dont elle se souvenait, c’est l’instant où le garçon s’était penché sur elle et l’avait embrassé. Cet instant fut le début de leur idylle. Jamais Gabrielle n’avait été aussi heureuse. Ils avaient les mêmes goûts. Une passion commune pour les groupes à la mode.
Ils découvrirent ensemble le Bois de Kéroual, le Vallon du Stang-Alar, Le Jardin du Conservatoire botanique national de Brest, les Rives de Penfeld, le parc d’Éole, le fort du Questel, le jardin de l’Académie de Marine, le jardin des Explorateurs, le square Mathon. Ils s’étaient inscrits pour un stage de voile au centre nautique du Moulin blanc. Les parents de Gabrielle avaient bien accueilli le garçon, ils étaient ravis de voir leur fille sortir de la déprime.
Gabrielle nageait dans un océan de bonheur. À la sortie du lycée souvent ils se retrouvaient dans un café, « l’annexe du lycée » et Kévin animait des discussions sur les événements en France et dans le monde. Gabrielle comme tous ses camarades était en admiration devant le jeune garçon qui étalait une culture politique et un art affirmé de la dialectique.
Insidieusement les choses se gâtèrent. Un jour Gabrielle ayant proposé à Kévin une promenade le long des quais du port celui-ci déclina l’invitation prétextant des révisions.
Le lendemain au lycée il se montra plus distant. Elle le sentait gêné sans comprendre pourquoi. Le surlendemain il ne vint pas en cours. Elle essaya de le joindre plusieurs fois sur son portable. Elle n’eut que le son de sa voix sur le répondeur. Elle tenta quelques mails, en vain. Le jour d’après il était encore absent, elle n’arriva toujours pas à la joindre. Très inquiète, elle téléphona à la mère de Kévin. Cette dernière affirma que le jeune homme avait une forte grippe et qu’il ne voulait parler à personne. Ces explications semblèrent louches à Gabrielle : c’était évident, Kévin avait sûrement trouvé une autre fille et cherchait à rompre et n’avait pas le courage de lui dire en face. Sa mère, remarquant sa mine défaite et ses yeux rougis, l’interrogea. La jeune fille en pleurs lui raconta tout. Sa mère essaya de la consoler : c’était la vie, Kévin était son premier amour, mais le premier amour ne dure pas toujours. Sa vie n’était pas terminée, elle rencontrerait d’autres garçons, elle aimerait encore. Mais rien ne pouvait consoler Gabrielle, Kévin était l’homme de sa vie et aucun homme ne le remplacerait…
Kévin ne revint jamais au lycée. La jeune fille essaya d’interroger la conseillère d’éducation. Les parents de Kévin avaient écrit au lycée que le jeune homme avait demandé d’interrompre sa scolarité. Il était dans son droit, la scolarité n’est obligatoire que jusqu’à seize ans !
La vie se poursuivit pour Gabrielle monotone, sans saveur, mécanique. Certains garçons tentèrent leur chance auprès de la jeune fille. Elle repoussa leurs avances.
Un soir son père qui travaillait comme militaire à la base navale de Brest, lui annonça une nouvelle qui la stupéfia. Dans la journée il avait rencontré le père de Kévin. Ce dernier était effondré, le jeune homme était parti faire le djihad en Syrie !
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Cela faisait deux mois que Kévin menait son idylle avec Gabrielle. Comme beaucoup de jeunes de son âge, il cherchait une cause pour s’investir. Il avait une conscience politique affirmée. Son père lui avait parlé de sa jeunesse. Avant d’entrer dans l’armée, il avait été membre d’un syndicat étudiant et les idées marxistes le passionnaient. Avec l’effondrement du bloc soviétique et l’âge, il avait perdu beaucoup de ses illusions pour, comme on dit, rentrer dans le rang et adopter des croyances moins révolutionnaires. L’armée n’avait rien arrangé et bien qu’il admire son père, Kévin lui trouvait les idées étroites. Il était persuadé qu’il y avait encore beaucoup de choses à modifier dans le monde qui l’entourait. La société occidentale avec son culte de l’argent et de la compétition le révulsait. La société de consommation dont pourtant il profitait lui semblait contre nature. Il existait sûrement des idéaux plus nobles et plus glorifiants pour les jeunes. Un temps, il avait envisagé se tourner vers la religion catholique. Il avait vite pensé que malgré des dogmes d’amour du prochain et de générosité elle avait à sa tête des prélats plus attachés au mercantilisme qu’à la charité chrétienne. Les combats ne se déroulaient plus en Amérique du Sud ou en Asie, mais bien maintenant au Moyen-Orient. Comme beaucoup de jeunes de son âge, il passait beaucoup de temps sur Internet. Il était donc inévitable qu’il tombe sur des sites faisant du prosélytisme pour le djihad. On peut s’étonner qu’un Breton, de culture catholique puisse succomber à des idées islamiques pourtant loin des modes de pensée de sa famille. Mais un jeune en manque de repères idéologiques, assoiffé d’idéaux, avait de grandes chances de succomber à cette propagande. D’autant que les images et les discours décrivaient des populations opprimées par des dictateurs sanguinaires. Les puissances occidentales étaient présentées comme les complices de ces despotes. L’islam apportait une grandeur spirituelle aux jeunes, qui en se rendant en Syrie ou en Irak, accomplissaient une œuvre caritative majeure. Bien sûr, cette œuvre imposait parfois la nécessité de combattre, mais la justice ne peut pas toujours s’obtenir de façon pacifique.
C’est avec de tels raisonnements que Kévin devint peu à peu un combattant d’Allah. Cette transformation se déroula insidieusement sans que ses parents s’en aperçoivent. Le secret ajoutait du piment à la conversion du jeune homme. Il était en contact par Internet avec des correspondants qui couche par couche le persuadaient d’avoir trouvé la vérité. Il allait enfin réaliser ce pour quoi il était né : servir la cause de l’Islam et gagner le paradis.
Un matin, sa mère inquiète de ne pas le voir se lever frappa à sa porte et sans réponse entra : la chambre était vide…
Le jeune homme était parti discrètement pour aller rejoindre un mystérieux correspondant en Turquie.
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La mère de Kévin était effondrée. Le départ de son fils avait été brutal et sans préavis.
Bien sûr, les parents avaient bien constaté des changements dans l’attitude du jeune homme, mais ils pensaient qu’il était en pleine adolescence, ils étaient loin de soupçonner la conversion de leur garçon à une religion aussi étrangère à leur culture et leur cadre de vie. Ce genre de chose n’arrivait qu’aux autres ! Ayant demandé à la police d’enquêter sur la disparition de Kévin, les enquêteurs découvrirent dans sa chambre des documents qui ne laissaient aucun doute sur les causes de son départ, son ordinateur était plein d’adresses de sites dédiés à la propagande islamique. Ils savaient Gabrielle et Kévin très proches et l’interrogèrent. Non ! Elle n’avait rien remarqué. Quand il avait cessé de la voir elle avait pensé qu’une rivale en était la cause.
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Gabrielle était effondrée et pourtant intérieurement un peu soulagée. Kévin l’avait abandonnée, non pas parce qu’il ne l’aimait plus, mais parce qu’il avait succombé à cette idéologie mortifère. Le résultat était le même. Pourtant elle gardait l’espoir qu’il réfléchisse et revienne un jour. Elle savait que partir en Syrie est un délit. Il irait en prison, ce n’est pas grave, elle attendrait sa sortie.
Un jour qu’elle était devant son ordinateur, elle entendit la sonnerie caractéristique de Face Time, un correspondant essayait de la joindre… Elle accepta l’appel. Le visage de Kévin apparut. Un Kévin amaigri, l’air exalté, barbu. Elle ne le reconnaissait plus, il avait l’air comme drogué. Ce n’était plus le jeune homme qu’elle aimait. Il l’exhortait à venir le rejoindre, à quitter ce monde de mécréants où elle vivait, à se convertir à l’Islam, seule vraie religion. Interloquée elle allait lui répondre, le supplier de revenir, quand la communication fut brusquement interrompue.
Le lendemain elle reçut une convocation au commissariat. Ses communications Internet étaient surveillées par la DGSE…
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Ce furent les seules nouvelles que les parents de Kévin ou Gabrielle eurent du jeune homme.
Ils tentèrent de se connecter sur ses adresses mail, Facebook ou Face Time. En vain.
Gabrielle suivait les événements en Syrie et en Irak. Cette guerre semblait tellement différente des idées que le jeune homme professait à « l’annexe du lycée » que Gabrielle croyait vivre un cauchemar. Et ces attentats en Europe et en France ?
C’était déjà difficile d’imaginer que des Français d’origine maghrébine puissent perpétrer des attentats dans le pays de leur naissance même s’ils étaient victimes de discriminations, mais que des Bretons, des Auvergnats aient pu s’engager dans les rangs de Daesh reniant leur culture, leurs ancêtres, leur religion, était encore plus difficile à concevoir.
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Un jour en plein cours de mathématiques, une surveillante vint chercher Gabrielle pour la conduire chez le proviseur. Celui-ci lui annonça la terrible nouvelle : son père venait d’être tué dans un attentat !
Elle rentra aussitôt chez elle où elle trouva sa mère en larmes.
Des terroristes venaient de faire exploser le pont de la Recouvrance au moment où le tramway le traversait. Le bilan était terrible : en comptant les passagers du tramway, des voitures, les piétons et les cyclistes présents sur le pont, il s’élevait à soixante-deux morts et 12 blessés.
Cet attentat bouleversa la France entière. Après l’attaque de Charlie Hebdo, les morts du Bataclan, de la promenade des Anglais à Nice, des policiers, des prêtres victimes de tueurs, cette hécatombe confirma la dure réalité. Même à Brest, si éloigné, de l’hydre islamiste, cela pouvait arriver. Gabrielle n’aurait jamais pu imaginer cette mort pour son père. Certes il avait bien souvent risqué sa vie sur différents théâtres d’opérations avant de terminer sa carrière à Brest, mais mourir ainsi pour être au mauvais moment, au mauvais endroit sur le pont de la Recouvrance… La Médaille militaire que le ministre de la Défense vint accrocher sur le catafalque ne consola pas Gabrielle et sa mère de la perte immense de ce père et époux qui avait toujours été un homme bien.
Son immense chagrin fut encore accru quand, un jour, la police vint l’interroger. La DGSE avait identifié les auteurs de l’attentat : trois djihadistes entrés clandestinement sur le sol français. L’un deux Mokhtar Ben Ali avait été reconnu à partir d’une caméra de surveillance : il s’agissait de Kévin… Malgré sa barbe et ses longs cheveux, la DGSE n’avait pas eu de mal à lui redonner une identité. Tout laissait à penser qu’il était encore en France. Les policiers laissèrent à Gabrielle un numéro de téléphone pour qu’elle les avertisse si le garçon tentait de la contacter.
Quand elle se retrouva seule, elle prit vraiment conscience de l’horreur de la situation, ce n’était pas de la littérature, l’homme qu’elle aimait avait tué son père…
La haine qu’elle lui portait maintenant était si forte que si elle le voyait, non elle ne le dénoncerait pas, mais elle le tuerait pour venger son père.
Elle imaginait déjà comment elle ferait. C’était simple ! Elle savait que son père cachait dans un tiroir un pistolet ramené du Kosovo. Mais tout cela ce n’était que des élucubrations, jamais Kevin ne tenterait de la contacter.
Deux semaines passèrent, elle avait repris le cours de la vie, sans conviction elle préparait les épreuves du bac.
En rentrant du lycée avenue Foch, son portable se mit à vibrer : un numéro inconnu s’affichait sur l’écran. Portant l’appareil à l’oreille, elle reconnut immédiatement la voix : Kevin… Sa première réaction fut de couper la communication. Il la rappela. Apparemment il ignorait que le père de Gabrielle était mort. Il la suppliait de le revoir, il l’aimait toujours. Maintenant à Brest il prenait conscience de l’horreur de son geste, il regrettait tous ces morts. Il savait qu’il n’y avait plus de retour en arrière, il allait repartir en Syrie. Il se comporterait en héros, même s’il avait compris que Daesh l’avait manipulé. Il lui donnait rendez-vous au BEAJ KAFE demain à 19 h pour la voir une dernière fois. Il raccrocha avant qu’elle ne réponde.
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Dans la vie, il est des moments où des sentiments contradictoires s’affrontent. Jamais elle n’aurait imaginé être confrontée à un tel dilemme. Quand elle lisait Racine ou Corneille, ces choix lui semblaient hors du temps, imaginaires, étrangers à la lycéenne qu’elle était. Épargner Kévin ? Dans un premier temps elle y avait songé, mais il lui avait fait tellement de mal ! S’il l’avait vraiment aimée, il n’aurait pas succombé à cette idéologie mortifère. Ce n’était plus le Kévin qu’elle avait connu, mais maintenant un être malfaisant qui n’avait pas hésité à tuer des dizaines de personnes pour un idéal étranger à ses racines, à sa culture, à son pays. Ce Kévin-là ne méritait aucune pitié, il n’en avait eu aucune pour ses victimes.
Mais ce n’est pas à la portée de tout le monde, d’abattre une personne avec un révolver. Aussi était-elle dans un état second en se rendant au BEAJ KAFE. Dans sa tête elle répétait les gestes effectués plusieurs fois dans sa chambre. Dans la poche ventrale de son survêtement, elle tâtait l’acier du révolver. Plusieurs fois elle eut la tentation de rebrousser chemin, mais l’image de son père, le chagrin de sa mère renforçaient sa détermination. Tournant dans la rue Branda, elle s’arrêta brusquement : des voitures de police et de pompiers, gyrophares en action, bouchaient la rue. Des badauds s’agglutinaient autour des véhicules, des policiers tentaient de les repousser. Gabrielle en tremblant interrogea un homme. Que se passe-t-il ?
- Il semblerait qu’un des terroristes responsables de l’attentat du pont de la Recouvrance ait été abattu dans le café…
Elle aurait dû être soulagée : un autre tireur avait accompli le geste qu’elle n’aurait peut-être pas eu le courage d’exécuter. Maintenant elle n’avait plus de père, le seul homme qu’elle avait aimé était mort. Que lui aurait-il dit ? Aurait-elle succombé à ses paroles ? Aurait-elle pardonné l’impardonnable ? Quelle était l’identité du tueur ? La DGSE surveillait ses communications. Le jeune homme avait-il été éliminé, car devant l’horreur de l’attentat certains agents préféraient faire justice eux-mêmes plutôt que de confier ces criminels à une justice trop laxiste ? On pouvait aussi imaginer que les hommes de Daesh voyant leur recrue renier les grandes idées qu’ils lui avaient inculquées, avaient décidé de le supprimer avant qu’il ne parle et révèle trop de choses sur l’organisation ?
Gabrielle devrait vivre toute vie avec son chagrin et ces interrogations sans réponses…
Un peu à la manière qu’une chronique journalistique, où un coup du sort s’invite finalement et qui se termine comme souvent dans ces cas-là par beaucoup de questions sans réponses.
Je trouve que c’est bien écrit et qu’on pourrait faire un livre de tous ces parcours, de toutes ces trajectoires improbables et toutes différentes, dont le dénominateur commun serait… … ? tant de réponses sont possibles.
L’histoire est très bien racontée et hélas plausible. Eternel conflit entre l’amour et les dérives humaines, qui nous rattrapent encore (et toujours ?). L’actualité nous sature de situations dramatiques, tu sais y puiser la matière de plusieurs de tes nouvelles. D’autres, comme moi, seraient tentés de détourner le regard. L’écriture peut ne pas être une fuite, merci de nous le rappeler.