Mémoire musicale.
Comme elle remontait l’avenue des Coccinelles, Leni entendit un air de musique.
Étonnée, elle s’approcha des maisons. Elle reconnut le son d’un alto.
« Quelqu’un s’exerce dans une pièce, tout en haut ! », pensa-t-elle.
Leni avait étudié, durant de nombreuses années, le violon, puis l’alto. Elle avait goûté à cet
apprentissage difficile et exigeant. Elle avait admiré les formes et les matières de ces instruments.
Interpellée, elle s’assit sur un muret et écouta, concentrée :
une suite de notes graves, chaleureuses lui parvenait par une fenêtre entrouverte.
La mélodie était une Chaconne de Jean-Sébastien Bach ; elle reconnut le rythme régulier comme
celui du cœur humain, un chant intense, profond, une voix de basse proche de celle d’un homme.
En repartant elle se souvint avec émotion de son alto ; elle revit le dos de ce bel objet ;
il ressemblait à une colonne vertébrale ; le bois d’épicéa offrait de gracieuses nervures, de multiples
nuances de brun, d’ocre, de roux. Le bas de la ligne médiane présentait une cicatrice noire comme
une minuscule échelle.
Elle rentra chez elle, la tête remplie de ces images et de ce chant.
Un beau texte avec une écriture fluide montrant bien comment une odeur, un bruit, une image, etc. ici une musique fait resurgir de la mémoire d’un individu un souvenir heureux ou malheureux. A ce titre il peut tous nous toucher. Qui dans sa vie n’a pas ressenti une telle émotion ?
Merci pour l’illustration sonore avec “Bach Chacone Viola”, car j’avoue à ma grande honte, compte tenu de la pauvreté de ma culture musicale, j’aurais été incapable de reconnaitre le son d’un alto.
Ceci étant écrit je m’interroge sur la classification du texte. Nouvelle ou pas ?
A mon avis ce n’est pas une nouvelle, car il n’a pas une chute inattendue.
Tu aurais pu imaginer, par exemple, que Leni subjuguée par le son de l’instrument monte l’escalier de l’immeuble, qu’elle frappe à la porte de l’appartement et découvre le petit garçon avec lequel elle prenait des cours, devenu un beau jeune homme…
Les algorithmes du site, comme tu peux le voir ont décidé que ton texte pouvait être assimilé à un poème. Pourquoi pas ? La poésie est partout…
Pour moi ce n’est ni un haïkus ni un essai.
Il reste donc “autres textes”.
Mais tout ceci qu’une vaine élucubration sans grande importance… A-t-on besoin de connaitre le nom d’une fleur pour en apprécier la vision et l’odeur ?
Merci, Loki, pour ton commentaire; ça me fait plaisir que tu l’aies apprécié.
Je pense qu’on ne doit pas avoir honte de ne pas connaître ceci ou cela; il y a un tas de choses que je ne connais pas!
Ce que je trouve chouette dans l’Oasis, c’est qu’on apprend par les écrits des autres.
Depuis mon inscription, j’ai appris de nombreux mots français, des noms de pays, des noms de coins de Paris, par exemple…
Si tu veux, il y a beaucoup d’infos sur internet au sujet de l’alto, des morceaux à écouter et sur la construction des instruments.
(lutherie)
Pour la forme, merci de soulever la question; je me demandais dans quel genre je devais le publier; effectivement, il n’a pas la structure
d’une nouvelle…
Je viens de le lire en écoutant cette musique.
Elle accompagne fort bien ce texte sensible, élégant et que je trouve très juste, mais je suis un peu comme Loki, l’archer est resté suspendu et j’attendais que le morceau reprenne et continue à nous dérouler cette beauté.
C’est vrai qu’il n’est pas facile de conclure un texte, et ce n’est pas Loki qui me dira le contraire. Sourire ! Tu pourras peut-être tenter une suite ou une fin, même sans imaginer une histoire ou une intrigue particulière.
En tout cas, j’ai trouvé moi aussi que ce texte venait caresser tous nos sens et éveiller notre émotion.
Nima rien ne t’oblige à ajouter une fin à ton texte. Il se suffit à lui-même en tant que sensation d’un instant.
Comme l’écrit Hermano qui connait comme moi la difficulté de rédiger une bonne fin, cela peut-être un exercice intellectuel intéressant d’en faire une nouvelle.
Mais que cette difficulté ne t’arrête pas, il ne faut avoir aucun complexe dans la plupart des romans, que j’ai lu la fin, est avortée comme si l’auteur avait été fatigué par des mois, parfois des années de rédaction. Il en est de même, à moindre échelle, pour les nouvelles. L’idéal serait de commencer à écrire la fin (rire). Le nouvelliste contrairement au poète se propose d’écrire une histoire et les fins comme dans la vie réelle ne sont pas infinies. Et on voudrait qu’elles soient inattendues. On est vite tenté d’écrire par exemple : “ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants” ou “il fut fauché dans son ascension par une mort tragique”. Tu l’auras compris ” il termina sa vie sans enfant” ou “il mourut dans son lit” manque de classe (rire)
Merci pour ces commentaires, Loki ; mon texte va recevoir une fin.
Pour ce qui concerne la nouvelle, ce n’est pas au programme pour le moment.
Bonne soirée.