6 ans. Seul à la maison. Porte verrouillée, pas de clé à l’intérieur. Quoi faire ? !
J’ai commencé à organiser des armées d’Indiens et de cow-boys, je les ai fait se battre, jusqu’à ce que leurs plumes tombent et que leurs fusils se cassent. Ils se sont ennuyés, et je me suis ennuyé de rester assis dans la maison un matin d’été avec un ciel clair et pas de vent.
Sur le long balcon, j’ai fait quelques tours avec mes petites voitures. Puis j’ai voulu voir si la bande du quartier était dehors, si les garçons n’étaient pas en train de jouer sans moi. On ne voit pas grand-chose derrière les bords élevés du balcon. Je suis assez petit et ça ne m’aide pas non plus que le balcon soit au deuxième étage.
Alors, je cherche et trouve rapidement une solution. J’apporte un tabouret de la cuisine et ainsi, je peux voir par-dessus le bord du balcon. Je me penche, curieux de savoir si les voisins de l’étage inférieur sont chez eux. Rien. Silence total.
Je regarde la pelouse verte dans la cour de l’immeuble et j’ai envie de sortir. Mais comment sortir quand les parents t’ont enfermé sans laisser de clé ?
La belle affaire ! À l’extérieur du balcon, il y a un rebord que je pourrais enjamber et auquel je pourrais m’accrocher avec mes mains, descendre jusqu’au balcon en dessous de moi et de là – descendre sur la terre. Il y a aussi une cloison entre les balcons du même étage, ce qui pourrait m’aider à accéder plus facilement au balcon du dessous.
J’ai regardé vers le marché une fois de plus, pour voir si ma mère revenait des courses. Rien en vue, personne dans la cour de l’immeuble.
Combien de temps, encore, vais-je rester dans la maison ? Non ! J’en ai assez ! En plus, je pourrais être le premier de la bande à sortir aujourd’hui.
La première étape n’est pas trop difficile. Je pose mon pied sur le bord du balcon et je tiens mes mains sur la bordure en béton. Je traverse l’autre pied et, du bout des orteils, je cherche la bordure extérieure. Je trouve ça un peu dur et maintenant, je réfléchis. Je me demande comment je vais pouvoir amener mes mains jusqu’au bord extérieur.
Je me déplace lentement le long du balcon jusqu’au mur du bloc, où j’ai repéré un câble venant des étages supérieurs qui semble continuer jusqu’en bas. Avec la main droite, je m’accroche résolument au câble.
Au-dessus de la fenêtre de la cuisine du voisin du 1, je vois une poutre. Je marche sur son bord. Je descends lentement mon corps jusqu’à ce que je touche le bord du balcon avec mon autre main. D’un geste rapide, je déplace également ma main droite vers le bord inférieur du balcon. Mais il semble que j’ai mal calculé mon mouvement et, maintenant, j’ai perdu l’équilibre. J’essaie d’enfoncer mes doigts dans le béton, mais mon corps bascule vers l’intérieur du balcon et mes mains cèdent. Comme un chat à multiples vies, j’atterris debout dans le balcon des voisins.
Ce n’est que maintenant que je réalise ce que j’ai fait. Par la porte ouverte de la grande pièce ne s’entend aucun bruit. Je panique. La seule solution serait de quitter ce balcon le plus vite possible.
Je n’arrive pas à comprendre comment, mais j’enjambe le bord du balcon et j’atteins la bordure extérieure. Je réalise que mon idée, de descendre lentement en s’accrochant à la bordure, n’est pas une solution viable. Mais il n’y a pas de retour en arrière. Je jette un coup d’œil à l’herbe dans la cour du bloc et, sans réfléchir, je saute.
Atterrir sur l’herbe n’est ni doux ni agréable. Je secoue involontairement la tête, puis je regarde mes mains et mes pieds. Il n’y a pas de sang qui coule nulle part !
Je ne perds pas de temps et je commence à appeler mes amis dehors, en criant et en sifflant.
Il fait trop beau pour rester à la maison !