Le lac immuable frangé de sommets enneigés,
Le lac qui au fil des jours n’est ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre,
Le lac charmant aux ciels bleus d’été, constellé de voiliers sous le vent léger,
Le lac apaisant ourlé de feuilles d’automne, où veillent des châteaux perchés,
Le lac tranchant des jours de bise, déployant des moutons enragés sur ses flots gris acier,
Le lac vivifiant du printemps, protégeant de ses ailes les cygnes majestueux et leur couvée.
Sur le quai, une petite fille emmitouflée, doudoune, bonnet à pompon et écharpe rouge, donne du pain aux cygnes, aux foulques et aux canards. Comme le pain, s’émiettent les souvenirs et les images.
Les premiers pas de l’enfant sur le rivage, la traversée sur le gros bateau blanc à aubes, les drapeaux des cantons suisses flottant sur le port, les journées joyeuses à la piscine en bord de lac, les balades hivernales entre bateaux à quai et cygnes frileux, les soleils couchants qui teintent d’or les monts du Jura.
Le lac et ses soleils joyeux de l’enfance,
Le lac et ses soleils soyeux des premières amours,
Le lac et ses soleils heureux de la vie qui va,
Le lac et ses soleils voilés de la vie qui s’en va.