Bienvenue dans ce nouvel atelier !
- Commencez par rechercher des expressions contenant les chiffres de zéro à neuf et écrivez-les sur votre feuille.
Allez, faites ni une ni deux !
- Notez pendant quelques minutes tous les termes du langage mathématique qui peuvent être facilement inclus dans un texte avec un autre sens. Par exemple : “parabole“, Jésus prononçait des paraboles.
Vous pouvez bien sûr utiliser les termes de la géométrie.
Si après, ces quelques minutes, vous manquez d’inspiration, nous vous proposons ici une petite liste non exhaustive.
- Écrivez maintenant un premier texte à partir de tout cela (1. et 2.). N’utilisez pas les mots dans leur sens mathématique et essayez d’inclure le plus possible de chiffres et de nombres.
Vous pouvez même en tirer un poème si vous vous sentez inspirés.
par exemple : Au volant de sa quatre-cent-trois bleu de Prusse, il se sentait le roi du monde, prêt à faire les quatre-cents coups, …
- Recherchez des titres “d’œuvres” qui comportent des chiffres ou des nombres :
œuvres littéraires, musicales, de cinéma, œuvres artistiques en général.
Si vous manquez d’inspiration, vous pouvez piocher ici, mais réfléchissez bien d’abord, vous allez en trouver plein.
- Écrivez un texte avec le plus de mots possibles figurant dans ces titres
(pas forcément et pas uniquement avec les nombres et les chiffres).
- Pour conclure, vous aller compter combien de chiffres ou de nombres figurent dans votre texte et, avec le nombre obtenu, vous allez écrire une conclusion ou une morale à votre texte. Attention, les nombres comme quatre-vingt-dix-huit par exemple, comptent pour 4 points.
- Publiez vos 2 textes ci-dessous dans les commentaires.
C’était un vecteur publicitaire puissant et le produit envahissait déjà les rayons. Dans le cercle des créatifs de la pub il n’était plus l’heure de couper les cheveux en 4, de chercher midi à 14 heures ni t’attendre l’an 40, il fallait foncer tout de suite et suivre cette orientation. Une entrevue avec le patron s’imposait pour obtenir son feu vert en lui exposant leurs 4 vérités, sans hyperboles, mais sans ellipses non plus. C’est Cléo qui fut désignée. C’était une jeune femme droite et de toute confiance, dont toute l’équipe savait qu’elle saurait se mettre en 4 pour emporter la décision et leur permettre ainsi de valoriser le segment de vente. Elle ne monta pas les marches 4 à 4 mais prit tranquillement l’ascenseur vers le 7ème étage, centre névralgique de l’entreprise. La fonction directoriale ne l’impressionnait pas, elle montait sans aucun complexe, son trouillomètre était loin de 0 et au fond il n’y avait pas de quoi casser 3 pattes à un canard, ses arguments étaient ordonnés dans un arrangement imparable. L’entrevue fut longue, elle dura de 5 à 7, mais Cléo défendit efficacement son pré carré, bien accrochée à l’axe de son argumentation. « Vous savez que nous ne gagnons pas des 100 et des 1000 en ce moment » lui dit d’abord le patron, comme s’il commençait déjà à poser ses limites mais à la fin de l’entretien, après un flot continu de paroles et rendant les armes, il finit par lâcher sur un ton somme toute assez naturel : « J’avoue que vu sous cet angle …Allez ! Les campagnes précédentes furent des succès, nous sommes grâce à votre équipe dans une spirale ascendante, une série heureuse, et je vous fais confiance, jamais 2 sans 3 ! Je ne vous rappelle pas les coordonnées de nos collaborateurs grecs pour les produits dérivés ? ».
Redescendue auprès de ses collègues Cléo, tout sourire, leur annonça d’un air fier et satisfait « Tout est d’équerre ! »
Les maths empruntent beaucoup de leur vocabulaire au langage courant, les possibilités d’emploi dans un texte non mathématique sont donc nombreuses et je me suis précipité sur l’exercice (merci Hermano), je n’ai pu m’empêcher, j’étais prof de maths.
Les mots, ellipse, parabole et hyperbole, désignant ce que l’on appelle les « sections coniques » pour être les 3 intersections possibles entre un cône et un plan, semblent quant à eux s’être échappés des maths vers la littérature. Il me plairait de le penser mais j’ai bien peur qu’il n’en soit rien et que les deux aient puisé (sans doute indépendamment) aux mêmes sources grecques, ellipse dans le sens de manque, déficience, parabole (lancer à côté) dans celui de comparaison, de proximité, d’égalité et hyperbole dans le sens d’excès. Le lien mathématique avec ses trois mots se trouve dans une méthode de calcul dite « méthode d’application des aires » développée par Apollonius de Perge au II° siècle Avant J_C. Finalement y a-t-il un fossé si grand entre maths et littérature comme ont tenté de le laisser croire des générations d’enseignants ?
Elle faisait les 100 pas. Le temps s’étirait lui donnant l’impression d’attendre une échéance qui ne viendrait jamais, comme la 25ème heure ou la découverte du mouton à 5 pattes, ce train n’arrivait pas. Le hall de gare était bizarrement peuplé. Il y avait là une bande de 12 types peu rassurants, exhibant l’apparence menaçante d’authentiques salopards. Puis il y avait 3 groupes de 7 hommes (elle avait le temps de compter). D’abord près de l’entrée 7 petits bonhommes, la pioche sur l’épaule, exténués par leur journée de travail et accompagnés d’une charmante jeune femme. A l’opposé et se regardant en chiens de faïence deux groupes de 7 costauds. D’abord un ensemble de pseudo-soldats qu’elle identifia tout de suite comme des mercenaires prêt à se vendre pour la meilleure ou la pire des causes. Leur faisant face 7 énergumènes bizarrement vêtus, japonais peut-être, les regardaient d’un air soupçonneux comme s’ils leur avaient usurpé quelque chose. Très proches les uns des autres et comme isolés du monde 10 petits africains se pressaient dans un autre coin. 1 homme seul, le col de son pardessus relevé, la suivait des yeux, son sourire ridicule se voulait sans doute séducteur, une sorte d’OSS 117. Ce petit monde qu’elle avait tout le loisir d’observer était décidément très masculin. Tout bien compté il n’y avait pas plus de 8 femmes dans ce grand espace. Allez ! 8 et demi si l’on comptait la fillette que l’une d’entre elles tenait dans ses bras. Des peintures murales invitait au voyage sur les 5 continents, elle s’attarda un moment sur des vues magnifiées du lac des 4 cantons, des pistes enneigées des 3 vallées.
Elle attendant que le train s’annonce enfin par les 3 sifflements attendus, qu’elle espérait avant les 12 coups de minuit et bien sûr avant que Paris ne s’éveille sur le coup de 5 heures, elle pensait à celui qui devait l’attendre déjà dans une autre gare et son rêve la transporta loin de cet endroit sinistre. Elle imagina un roman à partir des 2 ou 3 choses qu’elle savait de lui, sa pensée effleurant les 120 journées de Sodome et les 11000 verges ne fit qu’augmenter son impatience mais elle ne s’y attarda pas pour faire le tour du monde en compagnie de son bien aimé, en 80 jours bien sûr mais par d’autres moyens et comme il s’appelait Jules son rêve s’égara un long moment dans le silence de la mer. 20 000 lieues c’était un peu trop mais elle se voyait évoluer avec lui parmi les coraux et les poissons multicolores. Sûr que 1001 nuits ne suffiraient pas à épuiser cet amour.
Mais son train n’arrivait toujours pas, elle était aux 400 coups, pas loin de son 36ème dessous, oppressée par une profonde solitude qui lui semblait durer depuis au moins 100 ans, parmi tous ces êtres étranges.
Mais soudain le train entra en gare dans des grincements stridents mais prometteurs, elle vivait enfin ses 5 dernières minutes dans ce nulle part
angoissant. En montant dans le wagon elle se laissa envahir de bonheur car à l’issue de ce court voyage l’attendait, elle le savait, le 7ème ciel.
Un, deux, trois, quatre…
Tous pour un, un pour tous…
Il n’avait pas droit à la moindre fausse note. La courbe de son archet devait être parfaite, chaque note devait se détacher clairement, voler vers l’infini en tirant l’ensemble vers des sommets de virtuosité, voler en harmonie en respectant sa juste mesure.
Cette loi était vraie pour lui, le soliste en frac noir sur le devant de la scène.
Mais elle l’était tout autant pour le modeste triangle et chaque élément de l’orchestre : cuivres, cordes, instruments à vent, percussions, etc. Ils étaient tous également tendus vers ce but, tirés à quatre épingles eux-aussi, unis comme les cinq doigts d’une même main, en cercle autour de leur chef et mus par un sixième sens commun qui faisait de cet orchestre une entité hybride mais entière.
Un modèle mathématique adossé à des lignes et à des clés capables d’ouvrir le chemin à des univers imaginaires.
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Nuit et jour ils ont chevauché,
Samouraïs, chevaliers dalmatiens
Vers un improbable face à face
À vingt mille lieues de leurs foyers
Cavaliers de l’ombre et de l’Apocalypse
Détruisant tout sur leur passage,
Réduisant les terres aux fécondes saisons
À des steppes infinies ondulant sous le vent
Partout la vie réduite à zéro,
Femmes et filles au pilori du déshonneur
Enfants martyrisés, maisons brûlées,
Désolation portée par ces diables sans pitié
Les voilà cent, les voilà mille, les voilà dix mille
Face à face au bord de la mer, la bave aux lèvres
Oriflammes flottant au vent, lances dressées vers le ciel.
Que le néant vous engloutisse à jamais !
Sept jours, sept nuits ce qu’il fallut à Dieu pour créer le monde,
Sept heures, sept minutes, sept secondes, ce qui peut suffire à l’homme pour tout détruire.
Bravo à tous les deux, vos imaginations se sont déchainées !!!
Atelier 1,2 et3
Il faisait les cent pas dans ce couloir sombre.
Il semblait bien loin le temps où quelqu’un
criait « 1,2 3 soleil ! »
Il faisait les cent pas dans ce couloir sombre.
De tout temps il avait pris la tangente
et sa vie de jeune adulte était devenue aussi complexe qu’un casse-tête chinois
du XVIIème siècle. Ses copains d’enfance divergeaient entre les douze salopards
et les sept mercenaires mais ils restaient à ce jour, douze hommes en colère.
Son périmètre de sécurité se rétrécissait
à grande vitesse.
Il faisait les cent pas dans ce couloir sombre,
ressentant la puissance de l’anxiété en lui l’envahir.
Il aurait aimé invoquer les trois
Grâces, les quatre saisons, le vent, le soleil et même la lune mais n’ayant
jamais appris, il ne sut comment faire.
Alors il tournait en rond dans ce couloir
sombre où ses pas claquaient sur le carrelage froid.
La fuite ? Il y avait pensé.
Se tirer vingt mille lieues sous les mers, se noyer dans les eaux claires ou profondes du repentir,
escalader l’Everest, déambuler sous les cerisiers en fleurs du
Japon. Japonisant tout ça ! Mais il y avait renoncé. De toute façon, s’il
voulait être libre, il devait pouvoir se regarder face à face.
Comme il aurait aimé voir son visage
changer au cours des quatre saisons, puis vingt ans après et même avec cent ans
de solitude. Qu’importe ! Il l’aurait aimé, ce visage. « J’ai dix ans !
J’ai trente ans ! J’ai…. »
Il est cinq heures, et c’est l’heure.
10/01/2022 Ophénix
Cercle, circonférence, rayon, arc, limites, parabole, hyperbole, tangente, dérivée, courbe, sinus, sommet, angle, sphère, surface, longueur, équation, paramètres, somme, inférieur, supérieur, infini, nulle, quotient, dénominateur, complexe, intervalle, inflexion, intégrale, ordonnée, inconnue, variable, translation, largeur, totale, ensemble, base, espérance, combinaison, moyenne, médiane, plus, inverse, similitude, fonction, puissance, cube, égale, dispersion, obtus, discrète, corrélation, référentiel.
Somme toute, même le cercle de ses proches ne comprenait vraiment rien à ce discours trop complexe. C’était bien joli de parler par parabole comme il en avait l’habitude, mais encore fallait-il que l’ensemble des badauds possédassent le même référentiel que l’orateur pour parvenir à le comprendre.
Il parlait d’une voix discrète, monotone, sans aucune inflexion. Son homélie toute en longueur, qui s’étirait à l’infini, évoquait une inconnue qui souffrait d’une malformation du sinus maxillaire supérieur étonnamment en corrélation avec un quotient intellectuel exceptionnel. C’est vrai qu’il y avait là une étrange combinaison.
Dans une partie de l’assemblée, l’attention était variable et le dénominateur commun était une certaine confusion, une dispersion des esprits qui ne comprenaient rien à cette histoire. Ceux qui résistaient à prendre la tangente et qui s’efforçaient de trouver un sens caché, une improbable similitude avec leur quotidien, une morale dérivée de cette histoire de sinus et de quotient intellectuel, un message dont la puissance les éblouirait enfin, ceux-là aussi atteignaient leurs limites et s’enfonçaient dans une intégrale perplexité qui n’avait d’égale que l’arc de leurs sourcils étonnés.
Juché au sommet du cube qui lui servait d’estrade, le prédicateur sentait bien la base habituelle des fidèles lui échapper, ils devenaient en moyenne très peu attentifs, et cela se constatait aisément car la surface qu’ils occupaient se réduisait de plus en plus. Il décida alors d’opérer une translation totale, descendit du cube pour réduire l’intervalle qui le séparait de son auditoire. Il éleva la voix et expliqua dans les grandes largeurs sous quel angle il convenait de prendre en compte les paramètres qu’il venait d’énoncer, à savoir la malformation des sinus et le quotient intellectuel inégalé.
Dans une sorte d’hyperbole, il fit un dernier appel à leurs fonctions cérébrales et il leur expliqua qu’on pouvait parfaitement avoir l’esprit très ouvert et le nez très bouché ou, à l’inverse et comme certains d’entre eux, les naseaux béants et l’esprit parfaitement obtus.
Cette mise en équation ne provoqua nulle illumination et leur resta parfaitement opaque et, comme pour Pandore, il ne leur resta finalement que… l’espérance.
Dorothée aimait plus que tout l’ordre et la propreté.
Un jour, elle découvrit de petits points noirs sur ses draps.
Des milliers de punaises avaient envahi son lit ; elles s’étaient reproduites par millions.
Elle eut bien du mal à s’en débarrasser.
Elle avait déjà utilisé des hectolitres d’insecticide ; rien n’y faisait.
Les insectes dansaient entre les draps ; ils dessinaient de magnifiques courbes, des cercles et des nœuds.
Vu de l’extérieur et mis à part les désagréments, c’était un spectacle grandiose ; sur leurs membranes
dorsales brillaient des points lumineux qui illuminaient la chambre comme de petites loupiotes des soirs
de fêtes. Les ondes sonores émises par les bestioles accompagnaient avec bonheur leurs mouvements
oscillatoires . Mais Dorothée était loin d’éprouver ces émotions esthétiques ; elle détestait ces ballets du
vingt cinquième siècle ; elle ne supportait plus la présence de ces intrus.
Non seulement leur bourdonnement l’énervait, leurs excréments la dégoutaient, mais elle souffrait de
démangeaisons insupportables dues aux piqûres.
Après trois jours et deux nuits, elle empoigna son aspirateur Darkie fk18 de 525 watts de puissance ;
ce dernier avala les 2000180 de punaises.
Le cercle des poètes disparus ? Où pouvait se trouver cette secte ?
Bien qu’elle soit discrète, je savais qu’elle avait une certaine puissance (carrée ou cube ?). Jusqu’à maintenant elle m’était inconnue. Usait-elle de la dispersion pour être discrète ? On m’avait dit que ses objectifs et ses visées bien qu’ordonnées étaient complexes et loin d’être imaginaires. Était-elle dérivée d’une association spécialisée dans la collection de sinus, de cosinus, de tangentes et de même de cotangentes ? Certains m’avaient même dit qu’elle s’intéressait aux sinus et cosinus hyperboliques et aussi sans doute aux intégrales doubles et triples, aux équations différentielles et même aux Laplaciens… Mais je n’y crois pas vraiment ! Ou alors la secte aurait dérivé par une inflexion vers des limites incommensurables alors qu’elle pouvait se contenter de collections plus modestes comme celles des paraboles, des hyperboles, des aires, des équations du premier degré, des quotients, des additions, des multiplications, ensemble de connaissances accessibles à la moyenne de ses adhérents. Une association ne fonctionne que par la corrélation de ses membres et l’adéquation aux objectifs des statuts, bien sûr ce n’est pas toujours simple avec les plus obtus. Mais il y a toujours des esprits aigus pour donner une impulsion à un groupe aussi complexe.
Mais par quelle translation et par quel changement de référentiel et même de changement de paradigme cette honorable association s’est doucement infléchie vers un cercle des poètes disparus ? Bien sûr il restait dans ce nouvel ensemble la notion de cercle, mais quelle bijection y-a-t’il entre la poésie et les grandeurs mathématiques ? Il est vrai comme le disent certains intellectuels, la mathématique mène à tout à condition d’en sortir… Il y a fort à penser que de nombreux membres avaient pris la tangente.
Il me restait à trouver le lieu d’implantation du cercle des poètes disparus et je traçais sur une carte une circonférence où j’avais calculé la probabilité de rencontrer ses membres. La limite de mes recherches étant définie j’avais à parcourir une surface importante dont l’aire n’était pas négligeable.
Je cherche encore…
A l’école du Chêne, il y a un bout de temps que la sonnerie de midi a retenti.
Accroupis dans la cour, trois garçons manient les osselets . Celui qu’on surnomme Poil de Carotte se
réfugie, solitaire, dans une petite clairière ; assis dans l’herbe,
il s’imagine voler dans le ciel, à cent mille lieues de l’école, des devoirs, des leçons, de l’instit, des copains.
L’instit prépare des travaux sur le triangle, le cercle, la circonférence, 2πR, πR². Mais la concentration
intégrale n’y est pas. Il n’est qu’à moitié présent ; au plus profond de lui, son cœur balance entre deux
amours, Rosalie et Emma.
Emma vient de rencontrer un charmant gentleman du sud de l’Angleterre avec qui elle file le parfait
amour.
Libéré de son souci, il cueillera six roses rouges pour l’élue de son cœur.