C’est en avril qu’on écrit les histoires de poissons…
On dit que les poissons n’ont aucune mémoire, et pourtant, si vous saviez !
Nous, on était des poissons, et là dans le Nil, tous les soirs après notre festin
de moustiques et d’éphémères, nos aïeux nous ont réunis sous le saule, de
génération en génération, pour nous conter tout ce qui est advenu dans cette
eau vierge comme une huile. Nous savons même comment nos ancêtres ont
vu Moïse dans sa corbeille d’osier descendre les eaux du fleuve. Oui ! Moïse !
Toute la journée, nous observons, et le soir sous le vieux saule, à l’abri des
remous, nous racontons et la mémoire se transmet.
Aujourd’hui trois rondes en maillot de bain sont venues nager et nous leur
avons gentiment chatouillé les orteils. Un dernier petit plaisir pour elles avant
d’être englouties par les crocodiles du Nil qui n’en finissaient pas de s’ébattre
dans des gerbes de sang.
Aussitôt, tout autour, des voiles partout !
Étaient-ce des femmes ou des bateaux venus secourir les malheureuses ?
Je ne sais…
Encore une histoire à se raconter ce soir après notre festin de moustiques
et avant que notre constellation de poissons se faufile vers les brumes
enchantées d’un sommeil immobile.
Demain sera un autre jour.
Atelier d’écriture du Théâtre du Levain à Bègles
en italique les “figures” imposés.
La « Mémoire d’eau » ! Un moment j’ai cru que ce texte était une exégèse de la « mémoire de l’eau ».
La « mémoire de l’eau » est le nom, donné en 1988, à une hypothèse émise par le chercheur, médecin et immunologue, Jacques Benveniste, selon laquelle l’eau qui est en contact avec certaines substances conserverait une empreinte de certaines propriétés de celles-ci alors même qu’elles ne s’y trouvent statistiquement plus. Le sujet apparaît tout d’abord comme une simple controverse médiatico-scientifique, avant des accusations de fraude. Jacques Benveniste est alors sous contrat avec les laboratoires d’homéopathie Boiron.
Les expériences de Jacques Benveniste ont été présentées par des tenants de l’homéopathie comme validation de cette théorie.
J’ai vite constaté qu’il n’en était rien et que c’était un texte plus poétique.
Cette eau n’est pas n’importe quelle eau, mais celle du Nil un fleuve mythique dont les poissons ne peuvent être n’importe quels poissons…
Bien sûr que les poissons ont une mémoire et je ne suis pas étonné qu’ils puissent écouter des contes surtout sur les bords du Nil !
Et aujourd’hui étant cet autre jour je me suis régalé en écoutant ce conte, les poissons étant mes ancêtres lointains… et un poisson rouge un ami intime et cultivé !