Sentir sous mes doigts sa peau dure, tenace,
Yeux fermés
Bouches menues dans cet ovale
Les mots se taisent, inutiles.
Mais mon cœur te dit :
« Je te maintiens, tu gardes l’équilibre.
Ensemble, peau contre peau
Respirons.
Quand enlèveras-tu ton masque d’ébène ? »
« Toi l’enfant qui fut mon enfance
et qui grandit encore aujourd’hui,
parfois tu es imprévisible.
Ta colère et tes peurs me bouleversent, me tétanisent
Ta joie et ton pétillement me ravissent
Ta tendresse et ton innocence me remplissent
Toi, l’enfant, qui as été et qui es sous mes doigts,
Je te sens
Ouvre grand les fenêtres,
Vois le jour
Ta nuit d’ébène est devenue nacre
Tu peux enlever ton masque. »
Mais…
Je ne porte pas de masque…
Et c’est toi qui me bouleverse, car tu me crées ainsi, à ta mesure, conforme à cette image de moi qui te sert à exister.
Regarde-moi. Je suis là, heureuse, allongée dans l’herbe ; je te considère avec compassion et cela me fait même un peu sourire…
Je n’ai ni peur ni colère. Je comprends que tu veuilles me protéger, mais je n’en ai pas besoin. Regarde-moi.
Oui, je suis la joie et le pétillement et j’aime que tu me sentes sous tes doigts. Cela te rassure, je le sais.
Ai-je tendresse et innocence ?
Peut-être encore un peu, mais c’est aussi un jeu que j’aime jouer pour toi.
Il faut que tu continues d’y croire.
Alors, à toi, à toi d’ouvrir grand tes fenêtres comme les miennes sont ouvertes déjà,
et à toi d’ouvrir les paupières pour voir le jour comme moi.
Mais qui donc, de nous deux, doit enlever le masque ?
Atelier d’écriture – Villenave d’Ornon – 30 mars 2022
Marie-Paule, puis Christian
Bien joué. Les deux participants jouent leur rôle avec un tel enthousiasme que ce dernier en devient presque communicatif.
Marie-Paule, le rythme de ton poème me plaît beaucoup.
Christian, j’aime bien ton écriture même si elle ne me semble pas être en harmonie avec la photo de ce tout jeune ange innocent.