Oui, emmène-moi
Fais-moi jouer et danser
sur la crête de l’amitié, de l’amour,
Comme trois pommes s’offrent à la vague du jour.
Fais-moi gigoter, trembler, m’inspirer.
Que ce frémissement devienne tremblement
où toi et moi défierons fièrement
le vent qui reste notre ami intime.
La chaleur nous envahit !
La fraîcheur s’y glisse,
s’y invite, s’immisce
intrépide
mêlant et détournant nos sens,
sens dessus-dessous.
Osmose de nos envies
Regarde ce miroir.
Vois
l’objet de nos reflets
qui déborde d’ivresse.
Bonheur en liesse.
Rayonne la promesse.
Marie-Paule
Réponse “déjantée”
Non, je ne t’emmène nulle part
Je ne sais ni jouer ni danser.
La crète de l’amitié me pique.
C’est Adam et Eve qui ont mangé les deux pommes,
la troisième est restée dans la gorge du serpent.
Non mais, c’est quoi ce gigotement, ce tremblement
devant le vent qui nous traverse d’un bout
à l’autre ? Si la chaleur nous envahit comment
la fraîcheur s’y glisse-t-elle ? C’est absurde !
Lorsque je regarde ce miroir, je ne vois que le reflet du silence.
Non, je ne joue plus.
Aytekin
Ecrit lors de l’atelier d’écriture “Mémoire des petites choses“…
J’avoue que je suis un peu déstabilisé par cette épopée du ballon et la réponse déjantée qui est faite.
Qui parle ? Le ballon ? Le ballon s’adresse-t-il à la mer ou est-ce une allégorie d’un jeu plus érotique ?
Est-ce une volonté délibérée de parler de crète (en Grèce) plutôt que de crête ?
En tout cas ce ballon a plus de conversation que le pauvre ballon des programmes scolaires qui joue le rôle de “référentiel bondissant”…
Bonjour Loki,
En fait ces textes sont issus d’un atelier dont tu trouveras les consignes par un lien en-dessous de ces mêmes textes. Un premier texte – plutôt autobiographique – est écrit à partir du souvenir d’une petite chose, puis un 2ème à partir de matériaux fournis par les participants. Une réponse au texte est fournie par un autre participant, lequel doit répondre dans un style imposé. Tu vois ici les étapes 2 et 3 qui sont les plus décalées par rapport au récit autobiographique.
J’ai trouvé ce poème très beau. Je suis parti avec le ballon sur la crête des vagues. Bien sûr qu’un ballon léger abandonné au vent et au mouvement de la mer fait rêver, enfin il fait rêver qui revoit cette image et y associe des rêveries d’adulte, amoureuses ou érotiques, loin de la déception de l’enfant à qui la mer vient de voler son jouet.
Peut-être est-ce cet enfant qui adresse cette réponse “déjantée” qui avait besoin de tes explications Line.
Une question : “Sans dessus dessous” est-ce pour éviter de répéter le mot “sens” ? Ça aurait été pas mal pourtant !
Bravo Aytekin pour cette superbe réponse à “mon gros ballon” ! Dès tes premiers mots, tout s’arrête ! (plus d’élan, plus de fantasmes…) on revient sur terre. Et l’atterrissage est fort réussi. Et là, on écoute et on se tait.
Mpaule
Pour moi, ce dialogue poétique est clair et plutôt agréable à lire.
Les deux auteurs se sont exprimés d’une manière qui me semble remarquablement personnelle, chacun dans son propre style. L’utilisation de la langue est fine et la musicalité est là tout au long de l’ensemble.
Ceci dit, je m’attends à ce que les textes publiés sur la page principale, soient prêts à être lus sans besoin de consulter les instructions. À ce titre, ce texte est bien réussi ; une sorte d’avocat prêt à être dégusté. Sourire.
Merci quand même Line pour l’explication.
Merci Marie-Paule et Aytekin pour vos contributions.
P.S. En découvrant ce dialogue, je me suis également questionnée sur les termes ‘crète’ et ‘sans’. J’avoue y avoir vu des coquilles et non pas des jeux de mots…car sinon je n’en aurais pas compris le sens, malgré lecture et relecture.
Purana, je plaide coupable : c’est moi qui ai tapé le texte et qui l’ai posté et, oui, la Crète est une très belle île chargée d’Histoire et d’histoires, mais il s’agit ici de la crête de la vague… De même, je connais l’orthographe de cette expression mais je fais toujours la faute : il faut écrire “sens dessus dessous” et pas “sans dessus dessous”. Merci d’avoir pointé ces deux coquilles que je vais rectifier de ce pas.
Ceci dit, j’ai beaucoup aimé ce texte de Marie-Paule, plein d’ingénuité et de légèreté, de même que j’ai aimé la réponse (figure imposée) d’Aytekin car j’aime en tout les contrepieds qui m’étonnent et me surprennent et je trouve celui-ci particulièrement bien tourné et poétique.