Texte issu de l’atelier d’écriture du 12 avril 2025 à Sanguinet, sur le thème des étangs.

J’ai fait un rêve étrange et pénétrant… des grues mi-animales, mi-végétales qui agitaient leurs ailes d’osier au-dessus d’un lac d’huile. Il était six heures du matin, le ciel était limpide et rose, les nuages se reflétaient dans ce miroir aquatique. Soudain, les cris des grues déchirèrent le ciel calme de leurs trompettes vibrantes. D’où venaient-elles ? Où allaient-elles ? Ces étranges animaux ne seraient-ils que des coquecigrues, ces migrateurs chimériques qui deviennent invisibles à l’approche des humains ?
Je me cachai du mieux que je pus dans les roseaux, en prenant soin de ne pas faire de ronds dans l’eau qui pourraient trahir ma présence.
Tout le marécage s’étirait de brume basse, mon sang aussi s’était immobilisé.
Je tremblais de froid mais n’osais pas bouger de peur de les voir disparaître. Le vent se mit à souffler doucement dans les roseaux qui vibrèrent telles des flûtes célestes en unisson avec les archets de l’eau courante.
C’est alors que je vis surgir de l’onde, une longue silhouette blonde, enroulée d’une toge scintillante de perles d’eau. J’avais devant moi la mystérieuse Dame du Lac. Ainsi donc la légende était vraie et prenait forme devant moi.
Voilà un texte étrange et pénétrant qui me plait beaucoup !
Et dont le titre m’a permis de retrouver un mot connu et oublié…
Coquecigrues ! Est-ce volontaire ou non ce mot qui sonne à l’oreille semble composé de deux noms d’oiseaux dont la grue oiseau éminemment aquatique?
Peut-être que ce soir la mystérieuse Dame du Lac viendra enchanter mes rêves ?
Je ne veux surtout pas voir son compagnon aquatique !
Coquecigrues*, Dame du lac, nous voici dans le monde onirique et mystérieux des marécages, où naissent les rêves les plus poétiques mais aussi les plus monstrueux. Une évocation d’un ailleurs de légende qui fait du bien. Merci Line.
* Je ne connaissais pas ce mot que sur le moment j’ai cru inventé.
Merci pour vos aimables commentaires ! La coquecigrue apparaît pour la première fois sous la plume de Rabelais, animal chimérique mi-coq, mi-grue, friand de cigüe. Ce mot baroque est devenu synonyme de fadaise. J’aime bien les mots qui sortent de l’ordinaire, savoureux et ronds en bouche. Parmi les consignes de l’atelier, il fallait commencer par une phrase inspirée du vers de Verlaine “Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant” qui induit un univers magique. S’y ajoutait la contrainte d’insertion d’un passage de Bernard Manciet, poète gascon, célébrateur des Landes, son pays natal (en gras dans le texte, extrait de “L’eau mate”).