Quelques jours avant Noël toute la famille se réunissait afin de préparer la maison
pour les fêtes. Il en avait toujours été ainsi depuis que Grand mère était enfant et
il fallait maintenir cette tradition.
On se regroupait dans le grand salon :
Maman, aux commandes, avait déjà sorti tous les cartons du grenier, avec l’aide
indispensable de Papa.
Alignés devant elle, les enfants se tenaient prêts :
Tom, 6ans, avait des cheveux châtains et des yeux marrons clairs. C’était un petit
garçon rêveur et très sérieux à la fois. Il était l’aîné et veillait sur le reste de la
petite troupe.
Léa, 4ans, dont les cheveux bruns n’avaient jamais été coupés depuis sa naissance
avait une longue chevelure brillante, ondulée et de jolis yeux. Elle était d’humeur
joyeuse. Son nez se plissait à chaque fois qu’elle riait.
Jules, 2ans, le petit dernier de la famille, avait des cheveux très foncés et des yeux noirs
Il ressemblait à son grand père. Si cela lui donnait un air sévère il n’en était pas moins
espiègle pour autant. Comme tous les derniers nés, il était protégé par son frère et sa
sœur qui cédaient volontiers à bon nombre de ses caprices.
Tous les trois attendaient ce jour avec une grande impatience, et faisaient en sorte de
respecter le rituel :
Tout d’abord ils décideraient de la décoration de la maison et du sapin, il fallait
choisir deux couleurs. L’an dernier c’était rouge et or, cette année ce sera bleu et argenté.
Ils prendraient ensuite les personnages de la crèche et les déposeraient dans la grotte
confectionnée par Maman : Une boite en carton recouverte de papier froissé imitant
les rochers.
Enfin, sur la grande table, ils poseraient les maisons et les petites figurines, pour réaliser
le village de Noël.
Ils se mirent au travail avec bonheur. Papa avait déjà placé le sapin sur sa bûche
dans un coin de la pièce. Plus qu’à le décorer !
Jules, malgré ses cris de protestation, avait interdiction de toucher aux personnages de
la crèche et au village. « Trop fragiles. » avait dit Maman. Cette tâche sera réservée
aux 2 aînés pendant que Jules terminera la décoration des branches les plus basses du
du sapin.
Tom et Léa aimaient par dessus tout créer le village de Noël. Il faut dire, que depuis
des années, Grand mère avait acheté maisons boutiques et personnages , afin de créer
le plus beau décor qui soit.
Il fallait commencer par l’église qui était toujours au centre, l’école juste à côté. La
rue commerçante, le parc, la patinoire et terminer par les habitants, puis trouver un
nom à cette petite ville.
Cette année, elle se situera en haut du mont Noël. On l’appellera : Le village perché.
Grand mère allait trouver tout ça magnifique. Comme d’habitude, elle allait être
fière de ses trois petits chenapans.
La lune illuminait le ciel.
« Merci les enfants pour ce joli travail, les yeux de Jules commencent à se fermer je vais
aller le coucher. Je vous laisse encore un quart d’heure et après il faudra y aller vous
aussi ; Et n’oubliez pas de vous brosser les dents ! » dit Maman.
Le village était illuminé, c’était magique, mais il était temps de regagner son lit.
Tom n’arrivait pas à dormir, il se leva regarder au travers de la vitre le ciel bleu nuit
où scintillaient les étoiles.
Il n’avait jamais vu d’étoile filante. Si tu en vois une, tu fais un vœu et il se réalisera
lui avait dit Papa. Ce soir là il y pensa très fort, en vit une et fit un vœu.
Il se coucha, impatient de voir s’il se réaliserait.
Dans la nuit, quand tout le monde dormait, il avait pris l’habitude d’aller admirer le
décor du salon. Il observait le village : L’église au milieu avec son clocher, l’école
juste à côté avec ses petites fenêtres. Il y avait aussi la boulangerie, l’épicerie, la
boucherie, la quincaillerie pour acheter des vis et des clous, la mercerie, avec ses
aiguilles et ses bobines de fils, le petit café.
Derrière l’église se trouvait le parc. Pour Noël on y avait installé : la patinoire, des
vendeurs de marrons grillés, de chocolat chaud et de pains d’épices. De grands sapins
décoraient son entrée. Sur la place en face, le manège, avec ses chevaux de bois.
Tom regardait tout cela avec bonheur.
« Ah si seulement mon vœu pouvait se réaliser ! » pensa t il. Et tout à coup il devint
tout petit ..petit…Si petit qu’il ne voyait plus la table et le village. Seulement le
carrelage du sol devant lui. Il ne pouvait y croire.
« Mais, ce n’est pas ce que j’ai demandé, je voulais visiter le village, je n’arriverai
jamais à monter sur la table ! » Et il retrouva sa taille normale. « Dommage ! »
se dit il.
Le matin Tom crut qu’il avait rêvé. Il attendrait ce soir, il verrait bien.
Le soir venu, alors que la lune et les étoiles brillaient dans le ciel et que toute la
famille dormait, Tom repartit au salon bien décidé à savoir s’il avait rêvé ou pas.
Il se hissa tant bien que mal sur la chaise haute de Jules, celle où Maman l’asseyait
pour manger. Il eut du mal car elle était très étroite, mais au moins il serait à la
hauteur de la table.
« Ah si mon vœu pouvait se réaliser !! » dit il, cette fois ci à haute voix. Et tout à
coup, il devint tout petit…petit….Si petit que la chaise de Jules aurait été largement
suffisante pour contenir toute une tribu de petits Tom.
Maintenant, à hauteur de la table, il fit un pas et entra dans le village.
Le père Baptiste était devant l’église, « Bonjour Tom ! Je compte sur toi pour
sonner la cloche avant la messe de minuit. » dit il.
« Oui bien sûr, j’y serai, comme chaque année » dit Tom et il poursuivit son chemin.
L’école était vide, forcément, c’était les vacances.
Il arriva dans la rue commerçante.
Les habitants faisaient leurs courses pour le réveillon :
Ils commandaient des bûches à la boulangerie. « N’oublie pas les biscuits pour le Père
Noël. » disait une petite fille à sa maman.
Mr Pierre le boucher, proposait de belles dindes bien dodues.
L’épicier, les marrons, le foie gras et le vin.
Il fallait passer à la quincaillerie acheter du fil de fer, pour confectionner les couronnes
qui orneraient les portes des maisons.
A la mercerie, les dames choisissaient tissus, aiguilles et fils pour confectionner les
habits de leurs petits lutins.
Tom ne cessait de regarder tout ce monde avec émerveillement. Et au petit café
que se passait t il ? Tom entra, curieux : des messieurs jouaient aux cartes. « Dis
donc petit » lui dit le patron . « il n’y a que de la bière et du vin ici, tu n’es pas un peu
jeune pour ça ? Allez file vers le parc, tu trouveras ton bonheur ! »
Tom poursuivit son chemin.
Sur la place à l’entrée du parc, le manège tournait au son de vive le vent, vive le vent,
vive le vent d’hiver …… Quelqu’un lui faisait signe à chaque fois que passait
devant lui un petit cheval à bascule. C’était un petit garçon aux cheveux foncés et aux
yeux noirs. Son frère Jules ? Impossible …A moins que ….la magie de Noël, on ne
sait jamais. A son tour il répondit par de grands gestes.
Et il poursuivit son chemin.
Il passa devant un bonhomme de neige. Il avait un bonnet, une veste, une écharpe,
et une carotte à la place du nez.
Il commençait à neiger, Tom en pyjama avait froid. Tant pis ! il lui emprunta son
bonnet, sa veste, son écharpe et entra dans le parc. On lui pardonnera bien.
Une dame sur un banc, un livre ouvert sur ses genoux, racontait une histoire aux
enfants assis à côté d’elle. Tom reconnut « le loup qui n’aimait pas Noël. » Il aimait
ce conte : le loup n’aime pas cette fête, mais ses amis font tout pour qu’il la trouve
chouette…ça lui rappelait de bons souvenirs.
Il se dirigea vers la patinoire. La piste, glacée, était pleine de jeunes tournant comme
ils pouvaient. Certains se rattrapaient à la rampe, visiblement ils n’étaient pas très
assurés. Une petite fille aux cheveux longs virevoltait gracieusement, très à l’aise sur
la glace, elle passa devant lui, elle lui sourit en plissant son nez. Il reconnut sa sœur.
« Tu viens Tom ? » dit Léa « on s’amuse bien. » Il prit des patins et la rattrapa ….
Encore la magie de Noël !! pensa t il .
Après quelques tours, il commençait à avoir faim et besoin de se réchauffer.
Il alla chercher des marrons grillés, du pain d’épices et un bon chocolat chaud. Les
marchands étaient joyeux, lui aussi, Noël avançait à grands pas.
L’heure aussi ….
Il était temps pour Tom, de regagner son lit. Il fit un pas et hop se retrouva sur
la chaise de Jules, qui devint d’un coup trop étroite, Tom avait retrouvé sa taille de petit
garçon de 6 ans. Il descendit d’un bond et alla se coucher.
Maman tira les rideaux.
« Allez Tom ! Il est temps de te lever. » dit elle « fini de rêver. Grand mère
est arrivée, elle nous attend pour le petit déjeuner. Au fait Tom tu sais qui a déshabillé
le poupon de Léa ? Il n’a plus son bonnet, sa veste et son écharpe. Il va falloir les
chercher maintenant ! Tu connais ta sœur avec son poupon !
Tom se gratta la tête en bredouillant « Euh non, je ne sais pas, aucune idée. »
Super, Grand mère était là il allait tout lui raconter. Ce sera leur secret.
« Ça, c’est un très beau conte de Noël. » lui dit elle.
« Mais c’est vrai Grand mère , çà s’est vraiment passé ! » dit Tom.
« Tu sais Tom je vais te dire un secret moi aussi. Quand j’avais à peu près ton âge,
j’ai fait le même vœu, et depuis tous les ans je visite le village de Noël. D’ailleurs
je t’ai vu, tu es passé devant moi. J’étais assise sur un banc et je racontais des
histoires aux enfants. »
« Mais Grand mère, tu aurais dû m’arrêter, on se serait parlé !! »
« Ah non Tom, c’était ton vœu, tu as pris le chemin que tu voulais suivre, c’est çà la
magie de Noël non ? Et tu t’en souviendras toujours !! »
Tom la regarda et lui dit : « On se donne rendez vous l’année prochaine alors ? ».
« Ah je ne raterai ça pour rien au monde ! » dit Grand mère et elle lui sourit avec malice.
Rolande
Conte de Noël.
Merci, Rolande ; c’est un beau conte de Noël!
Merci pour ce conte plein de tendresse dans la plus pure tradition de Noël. Avec un procédé cinématographique éprouvé qui a contribué au succès de plusieurs films comme Alice au Pays des Merveilles et Chérie j’ai rétréci les gosses. Sauf que dans ton conte, tout reste en douceur, les héros miniaturisés n’ont pas peur et sont au contraire entièrement dans la magie de Noël.
Tu as bien rendu l’harmonie et l’amour entre les membres de la famille. On ressent bien qu’ils sont sur la même longueur d’onde puisque petits-enfants et Grand-mère se retrouvent dans le village sans s’être concertés.
Il ne manque plus que de jolies illustrations pour avoir un album parfait ! En attendant voilà une histoire bien douce à raconter.
Un beau conte de Noël qui doit être agréable à raconter.
Dans ma vie j’ai raconté de nombreux contes à mes enfants et petits-enfants, mais aujourd’hui ils sont bien grands. Une arrière-petite-fille va bientôt naitre justement à Noël et si Dieu me prête vie, peut-être aurai-je la chance de lui raconter ce conte et d’autres.
PS
Pour embellir ce conte il me semble opportun de le « peigner » un peu.
Par exemple rajouter quelques tirets :
grand père, grand mère, par dessus tout, ce soir là, pensa t il, passait t il, etc.
enlever un doublon : du du sapin
yeux marrons clairs (Cet adjectif de couleur est invariable.)
Ah ! Comme on aimerait que Noël soit aussi doux !
Mais heureusement il y a les contes comme le tien qui nous font y rêver, et c’est bien !
Agréable à lire. merci Rolande !
Cela m’évoque Cocteau et la traversée du miroir, une porte vers le rêve et l’imaginaire.
Et je ne peux m’empêcher de penser à une courte nouvelle que j’avais écrite pour un atelier d’écriture, une petite teinte fantastique pour passer d ‘un monde à l’autre : https://oasisdepoesie.org/textes-dauteurs/nouvelles/hermano/le-coffret-surprise/#:~:text=Quelques%20minutes%20plus,l%E2%80%99attendait%20%C3%A0%20l%E2%80%99ext%C3%A9rieur.