En clin d’œil au jeu d’écriture « Antonymes » proposé par Loki
et merci à Baudelaire pour son « Albatros ».

 

Souvent, pour les raser, des hommes de l’alpage

Mènent des mérinos, sobres ventres laineux,

Qui suivent, aimables penseurs du paysage,

La troupe s’accrochant aux buissons épineux.

 

À peine les font-ils, dolents, gravir l’estrade,

Que ces rois des vallées, bêlants et tout honteux,

Laissent indécemment leur toison de parade,

Comme un grand tapis blanc tomber à côté d’eux.

 

Ce promeneur blasé, quelle honte l’assaille !

Lui, maître des prairies, comme il est nu et froid !

L’une se rit de lui, le châtie de broussailles ;

L’autre mime, en jouant, ce pauvre maladroit !

 

Le Poète ressemble à ce prince des cimes

Qui, aux silences blancs, cherche la centaurée,

Parfois proche des loups, et si près des abîmes,

Ses appels au néant l’empêchent de pleurer.