Le tamis, on pourrait s’en servir pour faire un trempoline pour faire sauter les cailloux
(Je vous parle du tamis de maçon, le mâle de la passoire).

La voilà, la bonne idée !

Avez-vous déjà imaginé être un caillou ?

Mais…, il s’emmerdent les cailloux ! Au mieux, on les ignore, quelquefois ils reçoivent un bon coup de pied qui les balance loin de chez eux, loin de tout. Ils sont tristes et ils savent que rien ne viendra égayer leur triste sort de cailloux.

Mais, mais, mais…, un ami du peintre Miro n’a-t-il pas dit « Quand je ramasse un caillou, c’est un caillou (donc forcément banal et triste). Mais quand Miro ramasse un caillou, c’est déjà un Miro ! » Alors, il reste de l’espoir pour les cailloux que Miro pourrait bien faire sauter sur un trempoline…

Regardez-les comme ils deviennent joyeux ! Regardez-les sauter, tous ces smileys aux grands sourires ! Et si vous arrivez à rendre un caillou heureux, tous les espoirs sont permis, alors tout devient possible ! De plus, c’est beaucoup plus facile que le bilboquet, mais Henri III ne le savait pas…

 

 

Un tamis, cela me fait penser à mon garage,
si plein de vieux outils rouillés qui ne servent plus…

Mon garage est une galerie de portraits.

Ils sont tous là, suspendus, offerts à la poussière, à la rouille et aux araignées.

La serpe, c’est ma grand-mère, quand on allait sur la route vers Eysines, pour ramasser de l’herbe pour les lapins.

La passoire, tellement rouillée qu’il ne lui reste qu’un seul et unique gros trou, c’est celle de ma grand-mère. À côté, sa vieille poêle de toujours, tellement noire, et le panier à salade qu’elle m’envoyait secouer dans la cour.

Les rabots, le tout petit pour les finitions et la grande varlope pour les gros morceaux, d’où dépassent encore quelques vieux copeaux, c’est mon père avec ses bras si forts recouverts de poils si blonds.

La grande scie, pour scier les longs, c’est encore mon père occupé avec mon oncle à tronçonner un arbre mort. Mort comme eux maintenant. Je sens toujours l’odeur de la sueur et de la sciure.

Le presse-purée, c’est ma mère. Elle m’impressionnait et je lui croyais une force herculéenne quand je la regardais écraser sans pitié les pommes de terre bouillies.

Et le tamis de maçon, c’est moi qui m’amusait à faire sauter les cailloux.

Oui, mon garage est une galerie de portraits.

 

 

Un tamis, c’est comme une meule de gruyère…

Comme dit mon copain Robert – un vrai rigolo – : « Pour faire du gruyère, tu prends des trous et tu mets du fromage autour ! » Ah ! ce Robert !

Alors, le tamis, à l’instar du gruyère, il a plein de trous lui aussi, mais il est mieux organisé, des trous bien réguliers, comme un ouvrage de dentelle. Que de coups d’aiguille !

Et d’ailleurs, à propos de fromage, notre tamis bien rond ne peut-il servir à égoutter la plupart des fromages ? Et de fil en aiguille, et d’aiguille en tamis, je me dis que ce tamis dont je vous parle est peut-être bien, par sa forme, à l’origine de bien des fromages : la MEULE !

Non, Robert, pas ta mobylette, mais la meule de gruyère ou de roquefort. Pfff !

Voilà, t’as compris, maintenant ?

 

 

En synthèse des textes précédents :

Le tamis a des tas d’amis dans mon garage.

Ils sont tous là, suspendus, offerts à la poussière et aux araignées.

Non, Robert, pas ta mobylette qui pue l’essence, juste tous ces vieux outils qui font que mon garage est une galerie de portraits.

Le tamis a des tas d’amis et aussi des tas de cailloux qu’il a fait sauter en cercle et qu’il a rendu heureux. Des cailloux heureux, alors tout est possible !

Dans mon garage, ils me parlent, les rabots, les scies, les passoires et les presse-purée.

Nostalgie… Passe-moi le valium.

 

écrit en atelier d’écriture : https://oasisdepoesie.org/forums/topic/les-outils/