« Les châtaignes dans les bois qui craquent sous mes pas »
Ces mots résonnent en moi tandis que les bûches crépitent à mes pieds en ce matin d’automne frais et humide.
Je me réchauffe auprès du feu bienfaisant en rêvant à ma prochaine escapade dans la forêt des landes girondines.
Qu’il fait bon, là, au chaud, une tasse fumante à la main, me laissant aller à la contemplation des flammes dansantes et virevoltantes !
D’ailleurs Mimine, lovée dans son coussin mou, semble approuver cet instant suspendu où la rêverie
nous emporte dans les volutes évaporées.
Combien de temps passa ainsi, tant je me sens apaisée, comblée ? je ne sais pas.
Mais maintenant le besoin de bouger me sort de ma torpeur. Il faut absolument que je retrouve ma forêt, l’odeur de l’humus et de la mousse verte ; J’ai envie de sentir le vent frais du matin sur mon visage et de vibrer à l’unisson de ces couleurs chatoyantes, rouges, orange, jaunes et le vert permanent des pins, couleurs qui ensorcèlent cette nature sauvage.
Et qui sait si je ne surprendrai pas quelque chevreuil fuyant à mon odeur détectée malgré mes précautions pour me montrer discrète ;
Il faut dire que ma compagne de promenade, Tania, mon épagneul, n’est pas une légende de discrétion ; elle va et vient, furetant ici ou là, suivant de nombreuses pistes, nez au sol et grattant en espérant débusquer un mulot.
Peu importe, je me régale devant deux écureuils se coursant d’arbre en arbre, vifs comme l’éclair, pressés d’engranger des réserves pour l’hiver, qu’ils ne retrouveront probablement jamais. J’écarte les fougères dorées et je m’arrête devant les bruyères parmes qui tapissent le sol de grandes taches contrastées.
Que j’aime cette saison bénie !
Mon pied écrase une pigne de pin qui s’enfonce dans le sable fin et blanc, lavé par les pluies successives. Je décide d’en ramasser quelques-unes pour allumer le poêle.
La clarté captée par les feuilles lumineuses éclaire le sous-bois et la brise les fait danser dans l’air qui se réchauffe lentement.
Par moment, une brume légère jette un halo mystérieux que percent les rayons d’un soleil timide.
Enfin, Tania qui courait d’une odeur à l’autre sans se soucier de moi revient en aboyant joyeusement autour de moi.
_ « Nous sommes bien d’accord, tu es la plus heureuse en forêt toi aussi ».
L’étang est maintenant en vue et je m’attarde pour contempler les arbres reflétant leur panache coloré dans l’eau plate, parfois ridée par le saut d’une perche ou d’un brochet.
Il est maintenant temps de rebrousser chemin par un sentier différent pour varier les plaisirs. Un cèpe se cache sous les feuilles et viendra agrémenter le plat de pommes de terre ce soir. Nous passons bientôt sous un bosquet de châtaigniers et j’en ramasse aussi pour demain. Elles sont si goûteuses !
Le soleil brille à travers les chênes mordorés. Nous rentrons comblées par notre journée éclaboussée de tous les petits bonheurs de l’automne landais faits de sensations diverses et riches.
Par-dessus l’étang, soudain j’ai vu les oies sauvages.
Là est la vraie vie !!!
Merci Demy, pour ce premier texte et bienvenue à l’Oasis !
Je suis très heureuse de pouvoir déguster ce texte que j’avais entendu lors de notre atelier, dans nos chères landes de Gascogne.Il s’agissait de commencer et conclure avec des paroles de chansons d’automne, en l’occurrence, tu avais choisi un extrait de « Colchiques dans les près » et du « Chasseur » de Michel Delpech.
Merci pour ce partage écrit, en touches impressionnistes : un peu de fougères dorées par-ci, de bruyères parme par-là, de feuilles flamboyantes et de pins verts un peu partout… On sent une grande et joyeuse communion avec la nature, le vivant, qu’il s’agisse du chat, de l’épagneule, du chevreuil, des écureuils, des oies sauvages, de la perche et du brochet, jusqu’au cèpe qui semble jouer avec la narratrice. Le style est alerte, en harmonie avec le pas de la marcheuse.
Et comme l’algorithme est malin, il classe dans les articles similaires en bas de ta nouvelle, des textes sur la forêt, et notamment « Renaissance », qui est une balade en forêt, inspirée par un tableau de l’artiste montois Tayan, au conservatoire des Landes de Gascogne.
Quel plaisir de se promener avec l auteur en automne, la nature est si belle, et bien dépeinte, ses couleurs et senteurs sont un délice. merci pour ce moment partagé
Bienvenue dans l’Oasis, Demy !
Jolie description pleine d’odeurs et couleurs. Je m’y retrouve bien, dans tous les sens de cette expression.
Il ne me manque que les palombes, quoique se promener dans la forêt près des palombières reste parfois aventureux !
La palombe (pour celles et ceux qui l’ignoreraient) : une sorte de rite sacré, qui fait grimper le taux d’arrêts maladie, qui exige des heures d’attente et où l’on descend souvent autant de bouteilles de rouge que d’oiseaux pour les salmis ! (cela explique peut-être ceci…) 🙂
P.S. @ Line : Je ne vois nullement que « l’algorithme », d’habitude si pertinent, nous renvoie vers le texte Renaissance, mais si on clique sur La scie, on verra alors Renaissance et L’arbre dans les articles similaires.
J’aime personnellement beaucoup suivre le fil de ces articles similaires, mais cette fois-ci les liens me laissent vraiment perplexe (La crème du lait, Ambroise ?)…