C’est elle qui, les après-midi d’été, vous plonge dans les profondeurs moelleuses de votre fauteuil
C’est elle qui sous sa caresse amicale vous endort dans la douce symphonie des bruits extérieurs, celle des sons assourdis du monde et des cris d’enfants au jeu
C’est elle qui vous engourdit, et vous tend les pièges si séduisants de la procrastination
C’est elle qui ternit vos vieux jours, en confond les couleurs dans un onctueux brouillard
C’est elle qui filtre vos journées et les égalise avec hier et demain
C’est elle qui vous étouffe en détournant gentiment les sollicitations de la vie
C’est elle qui vous tend cette main chaude et douillette que vous ne trouvez plus la force de lui refuser
C’est elle qui sans douleur vous extirpe votre âme
C’est elle qui amasse vos années dans une confortable uniformité.
C’est elle qui referme le cocon
Langoureuse compagne dont on fait parfois l’éloge
La paresse
Si j’avais été atteint de paresse, je n’aurais écrit aucun commentaire sur ce texte.
Mais comme la paresse est un luxe pour quelqu’un comme moi qui n’est ni un génie ni riche, je me devais tout lire, même relire ton écrit, Chamans .
D’emblée ton anaphore « C’est elle » a mis mon esprit en éveil. Et j’avoue qu’il m’a fallu beaucoup de lignes avant d’identifier la « elle » !
Sous ta plume tu la présentes comme une maitresse ou bien une sœur dont tu connais tous les arcanes.
Si je ne te connaissais pas par tes écrits, je pourrais croire que tu la fréquentes en permanence.
Mais il ne faut pas être paresseux pour décrire avec tant de justesse ses différentes manifestations.
Tu n’es pas le premier à écrire sur la paresse et tu le sais, mais c’est un sujet inépuisable et tu as bien fait d’y apporter ta pierre.
Il n’est que de relever le nombre de synonymes du mot paresse pour voir son importance dans la vie humaine.
Fainéantise, flânerie, indolence, inertie, langueur, négligence, nonchalance, oisiveté et familièrement : cosse, farniente, flemmardise, flemme.
La Bible la classe dans les pêchés et je la trouve bien dure quand il est écrit :
« Parce qu’autant, la gourmandise, l’envie, l’orgueil sont une espèce de désir, une pulsion. Autant, la paresse est l’inverse. C’est ne pas ressentir de désir, ne pas avoir envie d’agir. C’est le plus grand des péchés dans le sens où c’est le refus de la vie »
Éloge de la paresse.
Bravo Chamans le suspense est très bien conservé.
Ah… ! Laissez-moi m’étirer…
Joli couplet sur ce péché qui est peut-être devenu une vertu que je pratique assez peu malheureusement.
La structure du texte m’a fait penser à cette chanson de Moustaki : “Sans la nommer”
et aussi m’a rappelé ce texte que j’avais commis un jour de moyenne ardeur.
Et pardon de me citer sans vergogne !
Merci Hermano ! Après avoir goûté avec plaisir “C’est elle” de Chamans j’ai pu me replonger dans “La paresse d’Alceste ” que j’avais apprécié en son temps et qui est toujours d’actualité…
J’aime bien ton texte, Chamans, son rythme, ses répétitions, son mystère ; jusqu’à la fin, on se demande de quelle personne tu nous parles, quelle femme tu vas nous présenter…
Je ne suis pas très fan de paresse, mais je pense que des moments de repos, de détente, de lâcher-prise peuvent nous aider à éclaircir nos idées, à dénouer des problèmes ; peut-être est-il possible de trouver dans ces moments, l’inspiration pour un écrit, un dessin, un projet….
Merci les amis pour vos commentaires. J’ai pris beucoup de plaisir à la lecture de “La paresse d’Alceste”, encore un super texte Hermano, tellement bien écrit, avec une petite griffe à la mode psy.
Vous avouerais-je qu’ELLE m’empoisonne quand même un peu mes vieux jours ? Je ne parviens pas à la voir comme une alliée qui donnerait à ma vie un tour voluptueux, une lenteur assumée et salutaire, comme un sage antidote à l’agitation qui secoue notre époque. Je la vois plutôt comme un poison doux et insidieux qui prend tous les prétextes pour retenir ma plume.
J’attends le prochain défi de l’Oasis pour me relancer, à moins qu’une idée de nouvelle ne vienne m’aiguillonner ?