Je vous aime gars des macadams,
Ö corps défendant à cœur et à sang
Une misérable place de parkings
Grabat de carton à même le béton
Il y fait froid, il y fait nuit, il y fait peur.
Je vous aime et baise vos lèvres écorchées
Vos yeux chassieux que rien ne leurre
Où fermente le calice, je les aime
Et les bois, jusqu’à la lie, jusqu’à l’ivresse
De votre sueur, senteur du corps tourmenté,
Celui qu’on ne voit pas à contre-jour
Aux versants des immeubles au crépuscule
On les devine au tréfonds dans la cohue
Des ombres assassines, des regards voyeurs.
Corps malade soumis aux pires coliques
Dans la croûte étriquée des massifs
Entre-vues la pâleur nue de vos fesses
Sous le regard horrifié des plumeaux.
La soupe est grasse, vos appétits si maigres
Les relents vinasses de leurs poubelles
Tissent de pâles auréoles et s’accrochent
Aux doigts, venin vernis de leurs toilettes.
Vos mains pétrissent le silence
Se tordent et donnent à la douleur
La couleur sang de vos ecchymoses
La couleur rance à votre pudeur.
J’aime votre peur, la porte en mon ventre
Enceinte de la nuit, sourde et sonne
A rompre le cœur à rendre à la gorge
Pour que naisse enfin la pestilente vie.
La réponse était là, déjà, il y a plusieurs siècles !
Frères humains, qui après nous vivez,
N’ayez les coeurs contre nous endurcis,
Car, si pitié de nous pauvres avez,
Dieu en aura plus tôt de vous mercis.
Vous nous voyez ci attachés, cinq, six :
Quant à la chair, que trop avons nourrie,
Elle est piéça dévorée et pourrie,
Et nous, les os, devenons cendre et poudre.
De notre mal personne ne s’en rie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
Pour moi, ce poème évoque puissamment et crûment la réalité de la vie des SDF et de certains exclus. Je veux plutôt exprimer que cela me semble réaliste car je ne connais pas assez ces « gars du macadam » pour savoir si cela est la réalité.
Je dois dire qu’au début, je ressens de la compassion avec ces « Je vous aime« , la compassion qu’on pouvait avoir pour les lépreux, mais le dernier « J’aime » je le ressens bien ambigü, comme si l’on disait que l’on aime contempler cette misère.
place de parkings à place de parking
Oui, Loki, certains termes de ce texte, son atmosphère, peuvent faire penser à la Ballade des pendus.
merci Loki pour cette réponse, (et pour le compliment, c’est gentil)
je nuance un peu
Villon se fait porte paroles de ces damnés qui demandent pardon pour leurs actes « criminel » en invoquant Dieu.
Mon texte porte sur une population de gens marginalisés dont la seule faute est d’être dans une détresse économique, physique et morale.
Et de leur mal personne ou presque ne s’en souci.
Merci encore
merciHermano Vous avez bien compris le texte, comme Loki je pense,
soyez rassurez il n’y a aucune ambiguïté sur le dernier « j’aime » (disons un peu à la façon du Christ, mais tellement humain )
Merci Hernano
J’avais oublié : je ne comprends pas ce titre et je ne sais pas faire de lien avec l’assurance maladie, mais peut-être s’agit-il d’autre chose ?
Merci Hermano pour votre intérêt
Cpam c’est bien la caisse primaire d’assurance maladie, vous savez la petite voix qui à votre appel se présente : CPAM BONJOUR !….
(Je ne pense pas qu’ils aient leurs cartes vitales, et qu’ils aient recours à la cpam..)
Je comprends l’intention un peu moralisatrice qui est de nous montrer que certains restent exclus de l’univers radieux et propret qu’on nous affiche parfois, mais…
Heu… je me dis que si on aime les « gars du macadam », on peut leur parler de la CMU (CSS maintenant), mais je crois qu’ils connaissent très bien et que le problème n’est pas vraiment là.
Effectivement le titre « Cpam bonjour ! »
m’avait interpellé, mais je ne m’étais pas attardé dessus.
Rétroactivement le titre « SAMU social bonjour ! » serait plus approprié.
La CPAM n’a pas à intervenir dans la vie de ces miséreux de la rue.
Par contre chaque promeneur lui peut intervenir, surtout quand il fait froid pour que le SAMU social, qui pourtant fait des rondes fréquentes, mais ne peut être partout, puisse trouver un hébergement pour ces sans-abris. Donc il faut appeler le 15 ou le 112 !
Il est des cas où malheureusement c’est le SAMU qui doit intervenir…
Merci Hermano,
, Non, rien de moralisateur, je ne juge ni mon semblable ni les institutions.
Je décris là mon affect, c’est tout, je ne fais aucune distinction entre le bon ou le mauvais sdf ou clochard qui est le dernier stade de marginalisation. Je suis face à un être humain qui souffre moralement, physiquement… comment puis-je un peu l’aider : un billet de 5, 10 e
merci Loki (vous auriez quand même pu éviter tous ces renseignements administratif…mais merci )
bien sur Locki Cpam c’est une boutade évidemment…, et bien pour la petite histoire, ces « fesses entrevues » sont celles d’un SDF qui, soudain, sans doute pris de colique, a eu juste le temps de s’engouffrer sous l’escalier ajouré d’une cpam !! à l’heure de l’ouverture sous les yeux et le nez du personnel et j’étais là à ce moment… j’ai pu apprécier les commentaires peu..disons compatissants, pour ce pauvre homme)
Je ne suis pas un spécialiste de la poésie, mais à mes yeux ton poème dégage une grande puissance. Tu nous met le nez avec talent dans ce que la vie peut avoir de sordide, quand le malheur s’abat sur ces oubliés que tu sembles décidé de soumette à nos regards distraits. Merci Bouloche ! Bouloche, il doit y avoir plein de clodos* qui se surnomment Bouloche …
* Oui, pour moi ce mot n’a rien de méprisant, ni de péjoratif, je le préfère de loin à SDF et plus encore à mendiant.
Merci beaucoup
J’apprécie énormément cette juste remarque
« …la vie peut avoir de sordide, quand le malheur s’abat sur ces oubliées » il ne faut pas grand-chose pour passer de l’autre côté.
Il faut distinguer différentes stades de désocialisation
Dans mon texte s’agit d’un SDF, ce n’est pas un clochard, (il méprise le clochard, il ne se mélange pas) son état est temporaire, ça va s’arranger, c’est ce qu’il prétend, ça s’arrange parfois, heureusement.
Le clochard lui ne pourra plus se relever, il a atteint le fond de sa souffrance, il est moralement et psychiquement détruit, .…
(« il doit avoir plein de clodos qui se surnomment bouloche » tu me prédis un bel avenir)
je plaisante.
J ai lu ton poème très bien écrit, (bien meilleur que le mien)
Merci Bouloche pour cette précision utile. J’avoue en être resté à des considérations superficielles sur la sociologie de tous les laissés pour compte. J’habite une petite ville de province où cette misère là s’étale peu dans la rue, mais chaque fois que je me rends dans notre belle capitale… Je dirais qu’elle m’assaille très inconfortablement, un inconfort où se mêlent impuissance et mauvaise conscience. Quand à ce que m’évoque ton pseudo, je confirme qu’il me paraît en parfait accord avec ce que tu écris, mais avec ce que tu écris seulement ! (rires).