Je suis arrivé sous les frondaisons
En pleine déraison
De toute ma vie
Je n’ai jamais rien choisi…
Ni ma famille, ni mon métier, ni mon sort
Ni même la date de ma mort
Tout est prévu
Un médecin m’a prédit trois mois au plus…
Couché sous les frondaisons
Je retrouve ma raison
De bonheur je soupire
Car aujourd’hui je vais choisir…
Mes yeux regardent le ciel à travers la canopée
Le boulevard sylvestre qui sera celui de ma fin
Dans ma main, sur le sol, allongé
Le contact métallique du revolver sur le sol posé
Qu’il est beau ce boulevard feuillé
Il me permettra de te rejoindre Louison
Louison mon amour, fauchée par un camion
Sur un passage clouté
Sur ma tempe je pose le canon
Une pression sur la queue de détente suffira…
Ma vie partira avec la détonation
Et je rejoindrai Louison dans l’au-delà
Soudain je pense au bruit qui fera fuir les oiseaux
A ma cervelle qui éclaboussera cette herbe si verte
Pardon Louison !
Le ciel peut attendre !
Un poème sensible.
Ce n’est pas “Le dormeur du val” auquel j’ai tout de suite pensé, mais j’ai aimé ces tentatives de rimes discrètes et je dois dire que je suis touché.
Tu disais pourtant je crois ne pas être amateur de poèmes ?
Celui-ci est profondément humain et touchant. La langue est sobre et soignée, accordée aux circonstances. Merci.
Certes le suicide fait un peu désordre !
Un beau texte désespéré qui se termine par une note d’humour : Je me suiciderais bien mais cela va déranger les oiseaux. Un peu de cynisme pour cacher quelle vérité ? Le manque de courage ? Peut-être mais ne s’agit-il pas plutôt d’un abandon narcissique au désespoir (qu’il est beau ce boulevard feuillé !) pour se faire croire un instant, mais un instant seulement, qu’après la disparition tragique de l’amour – sur une passage clouté, pas de chance, accident de la route et…accident poétique – la vie ne vaut plus la peine d’être vécue ?
Poème étrange et distancié, un rien moqueur. J’aime.