Un matin quiet
Loin de l’agitation de la ville
Glaces prises au piège
Aux sombres ornières
Tout est frimas
Blanc et froid
La feuille recroqueville et fendille
Sous le bruit des pas
Pelotonnée au sous-bois
J’avance et j’aspire…
A perdre enfin haleine…
J’entends le son rauque des voix
Des grands arbres craquant
Sous le dur joug du gel
Qui meurtrit aussi les doigts
Longs flocons apparaissent
Faisant naître merveille
A mon iris en joie
Doux baisers à la langue
Plus légers que soie
Je foule au manteau
Hermine de roi
Faisant jaillir l’or
Aux pavés luisants
Un mince soleil
Attise mes joues
La nature, seule
Me vient enlacer.
Et moi qui associais la “torpeur” à une écrasante chaleur…
Je lis ici une torpeur hivernale, enveloppée des mots de l’hiver…
Un contraste et un parallèle intéressants pour moi : sont-ce les mêmes mots pour décrire ces deux torpeurs, et où sont les différences ?
Bravo ! La photographie et le poème se complètent harmonieusement.
C’est un exploit de dépeindre la froidure de l’hiver en ce septembre où la France croule sous la chaleur.
Dès les premiers vers, j’étais transporté dans l’atmosphère glacée d’une campagne où règnent le silence et la froidure. J’aime les mots “quiet”, “frimas” qu’on utilise peu maintenant.
Moi pauvre citadin, j’ai retrouvé mes souvenirs d’enfance, de mes promenades dans une plaine où chaque pas coûte, les seuls bruits étant le crissement sous les chaussures de l’herbe gelée et des minces plaques de glace. Il manque seulement dans ce poème, la vapeur d’eau sortant de la bouche et se condensant dans l’atmosphère glacée.
Matin quiet ou Mat inquiet où seuls brillent les cristaux de neige dans une campagne transie ?
Les images sont magnifiques, posées telles des clichés artistiques. J’aime particulièrement le magnifique et original “manteau, Hermine de roi” de Sa Majesté l’Hiver.
@Hermano, selon moi la torpeur du chaud et du froid agissent différemment, l’une assomme, dessèche avant de brûler, l’autre pince, mord, fait grincer des dents avant d’anesthésier. Mais déserts blancs et déserts de sable peuvent se rejoindre dans une oeuvre comme celle de l’alpiniste et écrivain Roger Frison-Roche
MERCI de votre passage à tous les trois.
Hermano : langueur, indolence, nonchalance et grâce sous les tropiques. Torpeur,froideur engourdissement, sommeil au seuil de l’hiver.
Loki :J’avance et j’aspire…
A perdre enfin haleine…
Peuvent se comprendre au sens propre comme au sens figuré.
Line : matin quiet à la campagne assoupie.