Mon cœur
Murano
D’un coup
S’est brisé
Un éclat
De voix
En lui
S’est fiché
Tranchant net
Toute velléité
Du moindre faux pas
Mon cœur
Flint-glass
D’un bloc
Fracassé
Coulé, glacé
Mon cœur
Mutilé
Courir se cacher
Mon cœur
En lambeaux
Qui rêvait de beau
Broyé, foudroyé
Mon cœur
Ébréché
Réduit en morceaux
Mon cœur
Mis en pièces
Sans laisser de reste
Mon cœur
De cristaux
D’un coup
S’est brisé
Un éclat
De voix
En lui
S’est fiché
Cet émouvant poème est écrit dans un langage simple et touchant.
Le deuil du cœur brisé est exprimé par des vers courts qui semblent tous pleurer en même temps.
Merci Tanagra !
Oui, c’est vrai : une voix peut briser le verre. Certains verres sont si fragiles, comme certains cœurs, et certains cœurs – mais pas tous – restent transparents comme le verre et savent vibrer comme le cristal.
Charles de Gaulle : ” Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! mais Paris libéré !… “
Ce texte me rappelle un peu ce fameux discours, et je le dis sans ironie.
Je le dis pour souligner pour l’auteure ce dernier terme “Libéré !” qui j’espère lui apportera du baume, du baume au cœur.
Oui, j’ai senti tous ces éclats de verre, certains minuscules, pénétrer au plus profond de la chair. L’image est belle et bien transcrite, de cette voix, de ces mots qui brisent le cœur. C’est étrange, aussi, comme une brise peut apaiser un cœur brisé… les délices de la langue.
Un petit bémol : je trouve “Réduit en morceaux” (comme le sucre, pourquoi pas pour un cœur ?) un peu trop prosaïque.