Fraîcheur verte
Menthe poivrée et iris
À terre les joncs font paillis
Les chaumes exultent sous le soleil
Au mitan de l’aire
Tout se fond, se défait, se délite
En une nébuleuse dorée
La poussière danse aux naseaux veloutés du baudet
Perçant le silence infini des marais
Un grillon crisse son cricri, se recrie et
Crisse
Les salines exsudent des pertes de vue
Où un vent salé s’engouffre avec délice
Ombre et lumière au seuil de la bourrine
Glacis de la ruelle
Où l’ épeire, noir sur crème
Se joue des ombelles
En creux d’édredon
Corps échalés au blanc éclatant de l’été
Lent chuchotis de la mariennée
Entrecoupé de soupirs
Si chauds, haletés
Bientôt un volet claque
Se referme sur l’éternité.
J’aime beaucoup ce poème, chant de la nature, promenade d’été dans la campagne…
Le lecteur est amené avec habileté aux soupirs humains et à une impression d’éternité.
Une profondeur émane de ces vers.
Quel contraste avec les températures réelles du moment, là où je vis!
Oui, un parfum d’éternité.
J’aurais aimé lire ce texte les yeux fermés, mais cela n’est pas encore possible… Il aurait plutôt fallu que tu viennes me le lire lentement, mot après mot que je dégusterais un à un depuis la Fraîcheur verte jusqu’à l’éternité.
Je dois dire que je suis revenu plusieurs fois relire ce poème et que, quand je m’autorise à fermer les yeux après quelques lignes pour mieux les apprécier, je me retrouve dans l’été du marais poitevin que je connais plutôt bien et que j’aime tellement. Un cadre qui en d’autres temps t’avait déjà inspirée et pour lequel j’avais moi-même écrit un petit poème : https://oasisdepoesie.org/textes-dauteurs/poemes/hermano/lete-autrement/
Bref, j’ai tout aimé dans ce poème du début jusqu’à la fin, parce qu’il m’a de nouveau offert cette tranche d’éternité.
Et enfin, je n’ai pas résisté à exhumer du fond du marais ce “Silence vert” écrit il y a plusieurs années, et à le publier en écho ! On y parle aussi d’éternité.
Nima, je te remercie de ce commentaire, rafraîchissant, à bien des égards.
Hermano, quel réel plaisir que de se sentir connectée avec qui partage vos sens, j’ai relu avec délectation l’été autrement tu y excelles.
Ma voix sourde et étrange t’accompagne.
Tanagra, merci pour ces compliments.
Pendant que tu étais en train de commenter, je me suis mis à associer ton poème et le mien selon les consignes proposées dans notre dernier atelier d’écriture.
Bien que j’aie pris beaucoup de plaisir à cet exercice, je trouve que ce troisième opus n’est pas aussi bon que les deux originaux, mais il mérite peut-être tout de même une petite visite. C’est Ici .
Ah l’éternité ! Eternelle préoccupation des homme !
L’Eternité
Elle est retrouvée.
Quoi ? – L’Eternité.
C’est la mer allée
Avec le soleil.
Ame sentinelle,
Murmurons l’aveu
De la nuit si nulle
Et du jour en feu.
Des humains suffrages,
Des communs élans
Là tu te dégages
Et voles selon.
Puisque de vous seules,
Braises de satin,
Le Devoir s’exhale
Sans qu’on dise : enfin.
Là pas d’espérance,
Nul orietur.
Science avec patience,
Le supplice est sûr.
Elle est retrouvée.
Quoi ? – L’Eternité.
C’est la mer allée
Avec le soleil.
Arthur Rimbaud, Derniers vers
Il y a mille façons d’évoquer l’éternité, Tanagra tu as choisi la beauté de la nature…