Margelle de pierre
Tuffeau albâtre
Tendre sous la paume
Lent roulis de la chaîne
S’égrène
En gorge de poulie
Saveur métallique
Intenses goulées
A même la louche d’étain
Puisée au seau
Aux enfers
Au tréfonds
Lumineuses ténèbres
Silence sonore
Le puits comme un appel
A fleur de peau
Friselis de l’eau
Giclée de lumière
Le temps,
Jadis oublié
Resurgit
En cascade, fontaine
Le puits repose désormais
Sous des plaques rouillées
Craquelement givré
Le vent fait bruisser
Les secrets d’outre tombe
Enfouis
Sous des feuilles de chêne.
Que ce puits vient à propos !
Il apporte de la fraîcheur dans l’atmosphère caniculaire du moment et dans notre “Oasis” qui évoque plutôt le désert qu’un bouillonnement de la pensée littéraire.
J’aime le bruit de la chaîne rouillée qui souffre dans la gorge de la poulie et m’évoque tant de souvenirs.
L’eau qui miroite au fond d’un puits m’a toujours fascinée.
Les cris que je poussais enfant et qui résonnaient contre la paroi garnie de fougères. Et malgré l’interdiction, les pierres que je jetais venant troubler la surface immobile de l’eau. Eau si fraîche puisée à même le seau, après sa lente ascension. J’en ai encore le goût métallique dans la bouche.
Merci de ces quelques vers pleins de nostalgie.
Comme Loki, cela m’évoque tellement de souvenirs : intense chaleur sous le soleil du Gers, pas d’eau courante et seulement ce puits dans le jardin, et oui, aussi cette louche que j’avais oubliée pour remplir parcimonieusement les carafes.
J’ai aimé le tendre tuffeau, le roulis de chaine et le goût métallique. Merci Tanagra pour cette madeleine.
Chaque fois que je vois un tel puits, j’imagine les hommes en train de le creuser et de le bâtir, souvent très profond.
Il fallait vraiment faire confiance au sourcier dont les pratiques semblant ésotériques fonctionnent pourtant vraiment bien ! …
Comment trouver de l’eau avec un bâton en bois alors que le bois n’est même pas conducteur… j’avoue que cela m’a toujours stupéfié.
Merci d’avoir remué le fonds de ce puits qui aussi évoque pour moi Giono ou Pagnol, en faisant grincer la chaîne. 🙂
Hermano, il me plaît à penser que ce texte ravive les souvenirs d’enfance.
Prendre une branche de coudrier ou de noisettier en forme de y, la pointe dirigée vers le sol, les deux autres extrémités dans chaque main.
Lorsque la pointe se recourbe vers le haut , le mouvement se répercutant par un phénomène de torsion jusque dans les mains, c’est gagné.
Suggestion ou échange de fluides, je ne sais…
Merci Tanagra pour ce poème nostalgique et rafraîchissant, tout y est beau et évocateur !
Mes souvenirs de puits sont rares, bien que né dans une petite ville je suis un citadin, quant au village de mes vacances, l’eau y est si abondante qu’il est inutile de creuser pour la trouver, les fontaines (“griffous” ou “naoucs”) y sont nombreuses et il n’y a pas de puits. Pourtant j’en ai quand même connu quelques uns que tu as ramenés à ma mémoire, j’en ai eu l’eau à la bouche, fraîche et souterraine.
Superbe !
Merci Chamans et je suis ravie d’apprendre de nouveaux mots.