Doucement,
De sa main
A sa hanche,
Posée
Il l’enlace…
Le temps s’est arrêté.
Ils ne forment,
Tous deux
Qu’un même…
Tourbillon
De jupons de linon, faille froissée et de soie déchirée.
Tournoiement éperdu
Aux chatoiements
De leurs sentiments
De quelle valse s’agit-il?…
Un caprice de Debussy,
Mousseux …comme du champagne …
Du romantique, la plus que lente peut- être ?
Puisqu’il se penche,
A l’attache du cou, au rond de l’épaule
Pour la baiser
Pour le tendre,
Le langoureux,
La langueur…
Secondes immobiles…
Elle s’abandonne à son bras,
Le lâche, pour mieux goûter
Ce moment de désir insensé,
De sublime chant d’amour
Qui les arque
En un tutoiement des corps
Qui apaise, vrille et tord
Torchère incarnée aux vivantes flammèches
Je lis tous vos poèmes, à vous toutes et tous de l’Oasis, je suis souvent touché mais sans ressentir la nécessité d’analyser pourquoi, c’est la raison pour laquelle je me livre rarement à des commentaires. Je ne me sens pas poète. Mais là encore Tanagra tu vas exhumer des souvenirs puissants. La valse ! Ton poème m’a vraiment cueilli, il est si beau et si juste !
C’est en dansant la valse que j’ai connu mes premiers émois d’adolescent, la valse est la plus grisante et la plus voluptueuse des danses. Revenons dans les années 60, oui je ne suis pas très jeune, une époque où l’on allait au bal avec orchestre. Les filles dansaient la valse, souvent entre elles car les garçons en étaient incapables pour la plupart. Comme moi je savais, il ne m’était pas trop difficile de trouver une cavalière et il arrivait alors que le miracle se produise, lorsque dès les premiers tours on sent que ça marche, que l’on s’accorde merveilleusement. « Ils ne forment tous deux qu’un même tourbillon ». Quand on a quinze ans, que l’on n’a pas si souvent tenu une fille dans ses bras et que là, sans interdit et sans gêne on entre en fusion dans un mouvement unique qui lie les corps. Quand tout le décor devient un manège flou, de silhouettes et de couleurs, quand l’univers se restreint à un visage, à un sourire à peine esquissé et quand les regards se croisent enfin pour dire « J’ai plaisir à danser avec toi », alors on ressent une morsure inconnue, à la fois vive et douce, aujourd’hui si lointaine et si présente. Il y a dans cette danse comme la mouvance d’une barque où il n’y aurait que deux passagers, unis pour quelques instants sur un océan qui les porte, seuls, au pays nouveau des émotions partagées. Ma main sur son dos, près de son épaule et de son cou et sa main dans ma main. Des regards qui disent encore « Je referais bien la prochaine avec toi ». Et un peu plus tard dans la soirée les mains sur les dos s’essaient à de timides caresses, les autres mains se resserrent et les yeux n’ont plus à se chercher car ils ne se quittent plus. Et ça tourne et ça tourne ! « Ce moment de désir insensé, ce sublime chant d’amour qui les arque en un tutoiement des corps qui apaise, vrille et tord. Torchère incarnée aux vivantes flammèches »
C’est le cercle de feu de la photo si bien choisie.
Merci Tanagra. En quelques mots tu as dit plus et mieux que toutes les lignes qui précèdent. C’est ça la poésie ! Peut-être me convertirai-je un jour ?
Ah ! Pour finir je dois dire ce n’était pas du Debussy, plutôt du Verchuren, donc du rapide qui enivre vite. On a les romantismes qu’on peut …
Evidemment : https://www.dailymotion.com/video/x1qwl6k
Que rajouter après un commentaire si sensible de Chamans !
Merci Tanagra pour ce tourbillon et pour les mots qui, moi, m’entraînent dans cette atmosphère surannée d’un vieux palais sicilien où la poussière se souvient de cette noble valse du Guépard de Visconti, matinée d’accent italien.
Probablement plus de ferveur que dans la plus lente, mais c’est ainsi que je conçois la valse : le port altier, le menton bien haut, la cambrure élégante, comme dans cet extrait – merveilleux pour moi – du Guépard…
“Il Gattopardo”, dans le texte, à qui ce cercle de feu convient si bien !
https://www.youtube.com/watch?v=IB0PXWHD61M
Merci à tous deux d’avoir bien voulu partager qui, ses souvenirs, qui, ses ressentis.