Dérobée aux regards
Au détour d’un sentier
Subtilement dévoilée
Au sein de sépia bougainvilliers
Nichée
Mon pas va et serpente
Appuyant fortement les orteils
Au boulingrin douillet
Là, la cime d’un araucaria me fait des avances
Sentinelle sévère d’un passé révolu
A mon passage les cocotiers bruissent
Lent chuchotis discret
La cour est patiente
La sève croît et monte vers de vastes futaies
Le philodendron monstera joue les arbres étrangleurs aux pieds de litchis
La bambouseraie craque et pousse en ahanant
Le cerisier du brésil offre ses fruits tentateurs
Le chérimolia cadence sur sa tige
Là dans la pénombre je franchis le seuil
Frais aux pieds
D’ une fraîcheur de sous-bois
Dans un rafraîchissoir argenté agapanthes blancs et bleus se répondent
Le parquet craque, les murs chaulés de blanc reculent
Galerie, salle de bal, fenêtres à petit croisillon
Le salon danse comme autrefois
Ombres secrètes voilées d’organza
Subtiles fantômes, arôme de vanille, citronnelle, vétiver mêlés
Un rai de lumière, doucement, palpite
Fragile témoin d’un au delà.
Je suis transporté dans une sorte de paradis terrestre à la flore merveilleuse.
Cela m’a d’abord fait penser à la chanson de Nino Ferrer “On dirait le Sud”, tellement le temps semble ne pas avoir de prise sur ce décor.
De là, j’ai pensé à Autant en emporte le vent et à Scarlett O’hara à cause du parquet, des murs chaulés et de cette délicieuse ambiance de palais d’un autre siècle (comme aussi celui du Guépard de Visconti), mais je crois que de telles essences poussent bien plus au sud.
Alors, j’ai enfin trouvé ce lieu magique que tu nous invites vraiment à connaître. Je vais le relire encore.
Certes paradis, perdu.
Merci Hermano.
Comme Hermano “Le Sud” de Nino Ferrer, chanteur si particulier que j’ai toujours aimé. Et “Autant en emporte le vent”. Paradis conquis où la douceur de vivre s’est réfugiée dans le rêve tant il est difficile de la revendiquer. Pourquoi “l’araucaria” me fait plus rêver que “le cerisier du Brésil” ? Parce que le mot cerisier oriente déjà mon imagination – j’en ai un sous les yeux (pas du Brésil) en tapant sur mon ordi – alors que celui d’araucaria ouvre un champ vierge de toute “ligne de désir”, un accès plus direct à ton éden perdu. Merci Tanagra pour tous ces mots nouveaux* dont tu sais si bien émailler tes poèmes.
* Nouveaux pour moi, je viens de lire que l’araucaria était aussi une plante d’appartement, j’aurais préféré ne pas le savoir
Merci Chamans, je souhaite que ces nouveaux mots et leurs sonorités particulières continuent de t’enchanter.